Guerrière

15. Des Flèches (part. 2)

Mes yeux observent tranquillement la lumière lunaire se refléter dans l'eau et les arbres. Je suis fatiguée. Je me retiens de bailler. Un bruissement de feuilles se fait entendre. Rien de grave, je pense, seulement le vent. Un long moment s'est écoulé depuis le début de mon tour de garde. Je m'approche de Matt. Il a l'air si paisible comme cela. Un vrai petit garçon. Enfin, je ne pense pas que l'adjectif 'petit' corresponde réellement. Cela fait longtemps qu'il n'est plus un gamin innocent et insouciant. Je lui caresse lentement l'épaule, le sortant de son sommeil. Puis, je m'allonge à sa place et me laisse emporter par cette douce nuit. Matt me murmure une phrase que je n'entends plus. Mes yeux sont clos.

Doucement, nous reprenions notre souffle encore entre-coupé de rire. Nous nous asseyions sur le lit.

-       Qu'est-ce que tu as fait aujourd'hui à l'école ?

A ma question, son regard s'éclaira comme s'il venait de se souvenir de quelque chose de superbe. Il sortit une feuille de sa poche.

-       Devine ce que je t'ai ramené ! J'ai failli oublier que je l'avais prise, dit-il en me montrant sa trouvaille.

Je criai de joie en découvrant une nouvelle image paysagère. Je la pris dans la paume de ma main.

-        On appelle cela un crépuscule. C'est quand le soleil se couche. Mais ici, cela est dans un désert. Là-bas il n'y a pas d'eau, tout est sec et c'est dangereux, m'explique-t-il en imageant sa parole.

C'était tout simplement magnifique. Les couleurs étaient si belles, mélangeant toutes sortes de couleurs. Mes doigts effleurèrent doucement le papier. J'avais à peine eu le temps de le remercier en le prenant dans mes bras que la porte de la chambre s'ouvrit sur Evae.

-        Matt, descends veux-tu ? Quelqu'un est là pour toi.

Il acquiesça et suivit sa mère en silence. Lorsque je m'apprêtais à les suivre, Evae se tourna vers moi en me demandant de ne pas bouger de la chambre. Je fus surprise. Pourquoi ne pourrai-je pas venir avec eux ?

J'attendis qu'ils soient en bas pour m'approcher. Je me plaçais discrètement en haut des escaliers. Les adultes ne pensent jamais à lever la tête. Devant la porte, un grand homme blond faisait face à Matt. Son corps frêle contrastait avec ce qu'il dégageait. J'aurai eu peur de lui désobéir. Devant lui, Matt redressa la tête, droit comme un piquet.

-        Jeune homme, savez-vous pourquoi je suis ici ? alors que Matt secoue la tête négativement il continue, Jetez donc un coup d'œil à se manuel d'école que votre enseignant m'a rapporté.

Mon ami le prit entre ses petites mains. Il regarda l'homme devant lui, puis l'ouvrit. En tournant les pages, je pouvais voir que certaines avaient été arrachées. Matt, les mains crispées, resta droit. Je ne pouvais voir son visage, mais en voyant l'expression de l'homme j'en déduis qu'il souriait.

-        Trouvez-vous cela amusant ? Je n'espère pas. Ces livres sont précieux au sien de notre société et anciens. Qu'avez-vous à dire ?

-        Monsieur, pourquoi pensez-vous que j'ai pu faire cela ? Ces manuels valsent de classe en classe au cours d'une même journée. Quel intérêt aurai-je à en déchirer les pages alors qu'ils m'intéressent ?

-        Pour les ramener chez vous, annonce-t-il en regardant nos mères pour la première fois.

-        Mais cela est totalement absurde, je...

Sireen, ma mère, tenta de parler comprenant qu'il était en train de les accuser, mais l'homme la fit taire d'une remarque désobligeante. Alors, elle imita Evae en baissant la tête, encore en colère. L'homme fit signe à Matt de répondre.