Des griffes s'enfoncent dans mon épaule. La stupeur me paralyse. Je n'ai pas le temps de réaliser ce qu'il se passe que ce cauchemar disparaît. Je ne vois rien. Une seconde plus tard des pas se pressent. Je ne perçois que trop tard une créature se jetant sur moi. Un corps est projeté entre nous, faisant barrage. Je dégaine ma dague. L'homme s'étant interposé glisse comme au ralenti. Je reconnais alors ses boucles brunes. Il perd l'équilibre dans cette boue une fraction de seconde. Une fraction de seconde de trop. Un déchirement immonde parvient à mes oreilles dans un gargouillis étouffé. A ce bruit, mon cœur s'arrête. Mon co-équipier tombe au sol. Il ne peut plus lutter contre la gravité. Cette immonde créature est toujours là. Ses griffes sont ensanglantées. Mon cœur s'enrage, poussé par une haine enfouit depuis trop longtemps. Je le sens battre dans mes tempes. Je lance ma dague. Elle s'enfonce dans le crâne de la créature. Je laisse échapper un cri de rage synonyme de douleur. Elle s'affale dans un bruit sourd. J'attrape mon épée. D'autres créatures ont pointé le bout de leur nez. Je dois les tuer avant qu'elles ne blessent quelqu'un d'autre. Je ne peux pas m'arrêter. Mon sang bout. Il brûle tout sur son passage. Ma lame tranche un ventre. Laisse s'échapper tout ce qu'il contenait. Je tourne sur moi et lacère leurs visages. Je plante ma seconde dague dans une trachée, m'éclaboussant de son sang. Je me baisse et entaille les jambes d'une autre. Elle tombe à genoux en beuglant. J'enfonce mon épée entre ses deux yeux. Je tire fort pour la retirer dans un cri coléreux.
- Tery ! m'appelle désespérément Thaym.
Je me retourne. Une créature arrive. Je l'éviscère. Thaym hurle à nouveau. Je le rejoins. Mon cerveau s'arrête. Là, la vérité me frappe. Vérité que j'avais flouté durant quelques instants.
- Je te couvre ! crie-il par-dessus le vacarme.
Je tombe à genoux, anéantie. Ma bouche s'ouvre et se ferme frénétiquement. Mes mains se précipitent vers le visage de Wyden. Il ne bouge plus. Son corps baigne dans l'obscurité, la boue et le sang. Je le caresse, le touche, le secoue. Je ramène sa tête molle sur mes genoux. Son ventre est sang. Ma main s'approche de ce qui semble être sa plaie. Mais tout saigne. Mes mains sont couvertes de ce liquide pourpre. Une odeur métallique me fait monter les larmes aux yeux. Des flashes me ramènent au jour où j'ai cru perdre Matt. Je ne sais pas quoi faire. Je suis désemparée. La panique ébranle chaque muscle de mon corps. J'ai cessé de respirer. Mes yeux me brûlent et je ne vois plus rien. Je tiens à deux mains la tête bien trop pâle de Wyden.
- Hey... je tente fébrilement sans qu'aucun son ne réussisse à sortir de ma bouche.
Mon pouce caresse sa joue alors que je tente de maintenir son cou. Je tremble jusque dans mes os. Je ne contrôle plus mon corps. Des larmes courent sur mes joues sans que je ne m'en rende compte. Ses paupières frémissent et je sens l'envie irrépressible de voir ses yeux. Maintenant. Tout de suite. Je ne peux plus tenir. Il me le faut. Je le secoue.
- Wyden... Wyden c'est moi.
Il ne réagit pas. Ma gorge se noue. Je ne peux plus rien dire. Mon corps entier me fait mal. Je voudrais hurler. Mais je n'y arrive pas. Je caresse son visage que j'ai moi-même baigné de mes larmes. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé.
- S'il te plaît... Reste, je réussis à bredouiller. J'ai besoin de toi.
Un sanglot m'étrangle alors que mon cœur ne trouve plus les mots. Un gémissement sort de sa bouche. Ses paupières vibrent à nouveaux.
- Je t'en supplie, ne me laisse pas... je m'étouffe.
Il ouvre les yeux mais ses pupilles ont perdu leur éclat. Il semble tourner de l'œil mais la seconde d'après il me regarde. Il essaie d'ouvrir la bouche mais un rictus de souffrance le traverse. Soudain, sans hésiter une seconde, je me tourne pour prendre mon sac à dos. D'une main tremblante je l'ouvre en grand. Mes mouvements sont brusques et maladroit. Je retourne l'intérieur du sac à la recherche d'une compresse. J'en trouve une et me presse pour appuyer sur sa plaie. Malgré les créatures qui se déchaînent autour de nous, je ne me laisse pas déconcentrer. Thaym, Matt et Shesy ont formé un cercle autour de nous pour nous protéger. Le coton s'imbibe de sang en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Je cherche alors autre chose. Je tombe sur un tissu jaune. La robe que je portais. Celle de la mère de Matt. Je ne réfléchis pas plus d'une seconde et la déchire. J'empoigne ma nouvelle bande et l'entoure autour de la taille de Wyden le plus vite possible en essayent de ne pas trop le faire souffrir. Il me touche la main, m'incitant à lui revenir. Je me dépêche de nouer ce bandage de fortune. Dans des pleurs muets, je repose sa tête sur mes genoux et touche son front. Il n'a pas de fièvre pour l'instant. Ses lèvres bougent mais je n'entends rien. Je colle alors mon oreille à sa bouche.
- Cautérise, murmure-t-il.
Je me redresse en secouant la tête. Je ne peux pas. Nous n'avons pas de feu. Il reste encore des créatures. Ce n'est pas possible. Je le regarde désespérément en me demandant pourquoi. Pourquoi lui ? Je n'avais pas vu cette créature. Il ne voulait que me protéger, et c'est lui qui risque de... Je ne veux pas y penser. Mes entrailles se tordent. J'enlace brusquement Wyden, collant sa poitrine contre la mienne. Je ne retiens plus mes pleurs. Il ne peut pas. Il ne peut pas me faire ça ! Je le serre contre moi comme si ma vie en dépendait. Et ma vie en dépend. Je ne peux pas le laisser. J'ai l'impression que le sort s'acharne sur moi. Que tous les malheurs s'étranglent, ne souhaitant que me voir souffrir encore. Une décharge électrique me parcourt le corps et je pense que ce sera bien la dernière. Chaque cellule de mon corps hurle à la mort. Je m'accroche à Wyden tant que je sens son cœur battre. C'est la mélodie que je veux continuer d'entendre toute ma vie. C'est celle qui me permet encore d'inspirer de l'air. Si elle s'arrête mon cœur s'éteindra aussi.
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Guerrière
Ficção Científica2183, Westen : 2 751 habitants Cela fait maintenant un siècle qu'un virus a contaminé la majeur partie de l'espèce humaine, les mutant en créatures ignobles. Westen, ville entourée d'immenses murs la protégeant, est dirigée par un système sexiste et...