27. Escapade Nocturne

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Rosencrantz : Certes, et je tiens que l' ambition est d'une essence si subtile et si légère qu'elle n'est que l'ombre d'une ombre.

William Shakespeare, Halmet.


Des vagues sonores me sortent des vapes du sommeil. Mes paupières s'ouvrent et se ferment à plusieurs reprises. Il fait encore nuit noire. Je fronce mes sourcils, me demandant pourquoi ma pendule s'est-elle mise à sonner à cette heure si. Puis je me souviens de mon entraînement prévu avec Wyden. Je saute du lit et allume les bougies accrochées aux murs ainsi que celles déposées sur ma commode. J'ouvre la penderie et en sors des vêtements de sport, amples, souples, légers. Je noue rapidement mes cheveux et éteins avant de descendre les escaliers comme une voleuse. J'en ai parlé hier, à table, seulement Faeny était catégoriquement contre, étant donné que je n'ai pas voulu leur donner d'explications. Elle a défendue son point de vue jusqu'au bout en répétant qu'à mon âge je devais privilégier une bonne hygiène de vie, soit des nuits de plus de cinq heures sans interruption. Je m'attendais à ce qu'elle soit debout à l'heure de mon départ nocturne, commençant à connaître mon entêtement. C'est pourquoi j'ai menti sur l'heure. Je l'ai retardé d'une heure entière dans ma déclaration d'hier soir, et je pars tout de même plus tôt que celle prévue. Je marche sur la pointe des pieds et d'une lenteur peu comparable. J'arrive à poser mes pieds sur les endroits du bois qui ne grincent pas. J'avais déjà fait se repérage plus tôt dans la semaine. Ne sait-on jamais, me suis-je dit à ce moment-là.

C'est avec une grande joie que je ne trouve personne assis dans le canapé. Je souffle en silence. Je tente d'ouvrir la porte sans la faire couiner. J'étouffe une grimace lorsqu'elle s'exprime. Je comprends que je ne pourrai pas l'ouvrir et la fermer sans que Faeny ne descende et me jette à la rue. Je vais passer par la fenêtre, c'est plus sûr. Le seul bruit réside dans l'ouverture du loquet. Comme le poids de chaque battant est léger, j'arrive aisément à l'ouvrir sans créer le moindre bruit. Il suffit simplement de ralentir ses mouvements. J'enjambe le bout de mur et tire les vitres vers moi. Le côté pratiques de celles-ci sont qu'elles possèdent des barres métalliques qui servent habituellement à accrocher des panneaux en bois en cas de trop forts intempéries. Et elles me permettent de fermer correctement la fenêtre, au défaut près que je ne peux tourner la poignée intérieure.

Je commence à m'éloigner doucement, puis j'accélère l'allure. Il est rare de voir des personnes traîner à cette heure-ci de la nuit. Je ne veux pas m'attirer d'autres ennuis. Je tourne sur ma gauche, puis ma droite. La lueur nocturne de la lune m'éclaire le passage. Je discerne bientôt la caserne face à moi. Je m'avance lentement. La porte, comme toutes les autres, n'est pas fermée à clé. Avant que je ne pousse le loquet, j'entends des bruits de pas. Je me fige et me retourne. Je vois une silhouette s'avancer vers moi. Wyden. Il me prend le poignet et m'entraîne sur le côté. Je veux dire quelque chose, mais il me fait signe de se taire. D'un mouvement brusque, je dégage sa poigne. Je peux me débrouiller seule. Je n'ai pas besoin que l'on me tienne en laisse. Alors, d'un hochement de tête, il me fait comprendre que je dois le suivre. nous nous glissons dans une rue étroite entre le côté droit de la caserne et une maison. Nous sautons une barrière et nous arrivons sur le stade. Il est vide. Je marche à sa suite sur le bord le plus éloigné de la caserne.

-        On peut parler maintenant.

-        Je suis contente que tu n'aies pas changé d'avis.

Il acquiesce d'un air préoccupé. Puis il souffle et se détend en quelques mouvements d'épaules.

-        Les prochaines fois, on se retrouvera directement là. Et ne rentre pas dans la caserne la nuit, tu n'as pas le droit.

-        Parce que cela nous avons le droit peut-être ? je le taquine.

-        Non, mais ici on a moins de chance de voir débarquer Tray. Bon, voyons voir ce que tu as retenu de tes premiers cours en tant que soldat, il sourit.

Je m'étire et m'échauffe avant de commencer.

-        Tu te t'échauffes pas ? je le questionne.

-        Non, je l'ai déjà fait.

Pendant que je chauffe toutes mes articulations et que j'étends tous mes muscles, Wyden me parle.

-        Donc, fais attention à tes appuis, sois souple, stable et confiante. Et surtout, je te rappel que là nous ne sommes plus sur un tapis.

En effet, le sol est fait de terre et de gravis mélangés et tassé. Par-ci par-là, je distingue de l'herbe. En soit, si je tombe, ce ne sera pas mou du tout. Je me place correctement, poing à hauteur de visage. Il en fait de même. Je ne lui laisse pas le temps de prendre ses marques que j'envoie ma jambe dans son bassin.

GuerrièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant