26. Co-équipier (part. 2)

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Nous nous entraînons toute la matinée, ponctuée de courtes pauses. Mon cardio en a pris un coup, je le dis. Je retrouve Jonas et nous rentrons chez nous manger. De retour, Wyden m'attend et nous continuons. La fin de journée venue, je suis exténuée. Je ne suis plus qu'une loque transpirante. Ma douche est accueillie à bras ouverts. Je reprends correctement ma respiration sous l'eau fraîche. Une fois enroulée dans une serviette empruntée, je me sèche et me rhabille. J'ai récupéré mes affaires auprès de mon nouveau formateur. En sortant des vestiaires je le salue d'un geste. Il est encore en serviette. Et je me dépêche de quitter la pièce en sentant mes joues rosirent. Je secoue ma tête alors que je rejoins Jonas qui est resté plus longtemps pour m'attendre. Nous marchons doucement dans cette chaleur d'été. Je ne peux pas m'empêcher de tout lui raconter de ce que nous avons fait et comme j'ai apprécié. Je suis juste contente.

Une fois que nous arrivons à la maison, Jonas se dépêche de prendre deux seaux et d'aller à la rivière. Un de ses amis doit le rejoindre. Je repense à ce que m'a dit Matt il y a 4 jours. D'après lui, nous ne pouvons plus rester ici à cause du Conseil. Si les guerriers nous cherchent à l'heure actuelle, ils doivent très bien savoir que nous sommes là. Lesly doit être au courant, j'en suis certaine.

Tandis que je me triture l'esprit, je me dis qu'il faudrait que je marche, que je sorte, que je m'assois. La forêt me manque pour sa tranquillité. Mais il y a des champs au Sud-est de la ville apparemment. Je vais y aller. Je serpente dans les rues. Le Conseil nous traquera à vie, a dit Matt. Pour quelle raison il y renoncerait ? S'il nous croit déjà mort. S'il a autre chose de plus important à traiter. Si nous regagnons ses faveurs. La possibilité de notre mort ne m'enchante pas, et comment se faire passer pour tel ? Il y a tellement de personnes qui pourraient nous voir. Et le plus important : Il n'y croirait pas, j'en suis sûre. Cela m'étonnerait aussi qu'il y ait quelque chose qui puisse dévier son attention. S'il mène déjà une guerre et qu'il s'obstine à nous poursuivre, je ne sais pas ce qui pourrais nous faire passer à un plan insignifiant. Ou si, je peux très bien imaginer, mais nous n'avons aucunement les moyens d'y accéder. Il reste à gagner ses faveurs. Mais comment ?

Je suis arrivée en bordure de multiples champs. Seulement, je suis trop obnubilée que je ne prends pas le temps d'admirer ces magnifiques dégradés du vert à l'orange. Je me fraie un chemin, remontant la rivière. Ses deux branches se rassembles ici.

Avoir à nouveau les faveurs du Conseil, est-ce possible ? Je ne pense pas en toute honnêteté. Et puis que faudrait-il faire ? Lui livrer quelque chose, quelqu'un ? Il pourrait très bien nous tuer et récupérer seulement en suite la raison de notre présence. C'est trop incertain. Je m'assois sur une fine berge et prends ma tête entre mes mains. Tout cela me donne mal à la tête. Pourtant il faut bien trouver quelque chose. Puisque si Lesly est au courant, qui me dit qu'elle ne nous livrera pas pour gagner du temps sur leur guerre ? Qui me dit que nous ne seront pas juste une monnaie d'échange ? Personne, c'est bien cela le souci. Et il ne faut pas que je lui en parle, cela pourrait se retourner contre moi.

Dans tous les cas, à l'heure actuelle il faut quatre choses. Premièrement que Matt se rétablisse correctement. Deuxièmement que je m'entraîne suffisamment pour être capable de me battre contre plusieurs guerriers. Troisièmement que je ne dise rien à Gabany, Faeny et Jonas, la dernière chose que je voudrais serait de leur attirer des ennuies en échange de leur accueil. Et quatrièmement, le plus important, de trouver cette... punaise de solution.

Je rentre tout en me disant qu'il faut que je double mes heures d'entraînements. Je verrais cela avec Wyden dès demain. C'est une urgence.

Dans cette marche rapide et nerveuse que j'adopte pour retrouver le chemin de la maison, je fonce dans quelqu'un sans le vouloir. Cela me sort de mes pensées dans des excuses. J'ai percuté un garçon aux boucles brunes d'une dizaine d'année. Ses affaires tombent au sol.

- Je suis désolée, je fonds.

En me baissant pour ramasser son livre. Je reconnais son visage, plus jeune qu'il n'y paraît. Melvil. J'époussette la couverture en cuir du journal, il est magnifique. Il me le prend des mains.

- Ne le touche pas ! grogne-t-il en le serrant contre lui.

Je n'ai pas fait exprès, et le lui dis. Il ne veut pas me dire qu'est-ce que c'est, mais je n'ai pas besoin de cela pour savoir qu'il y tient comme à la prunelle de ses yeux. Je ne peux ajouter autre chose qu'il s'enfuit. Je le regarde partir. Il est si différent d'un enfant de son âge et en même temps si commun par son entêtement que cela en est perturbant. Je reprends mon chemin plus doucement. Il va certainement voir sa mère, puisqu'il se dirige vers le côté administratif – Sud – de la ville.

GuerrièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant