28. S.A.F.E. (part. 2)

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La journée est passée vite. C'est donc la première fois que je rentre avec sur moi l'uniforme des forces de Lowick. Sur le chemin, je passe à l'hôpital. Je monte les quelques marches et tourne à gauche. Matt est à demi allongé. Il est seulement vêtu de son caleçon et d'un bandage sur son bas-ventre. Je fronce les sourcils. Ces derniers temps il n'avait plus de bandage. Je me pose près de lui. Il ouvre les yeux et me regarde. Soudain, il se redresse et hausse ses sourcils.

-        Mais c'est que tu as l'uniforme, tu es une vraie de vrai !

-        Tu as vu ça un peu !

Je tourne sur moi-même dans le même geste que les filles qui font voler leur robe. Je souris. Heureuse que ce soit officiel.

-        Comment je dois t'appeler maintenant ? Soldat Theresy ?

-        Non, cela fait bizarre. Appelle-moi Tery, dis-je dans un clin d'œil dragueur.

Il rit.

-        Au fait, pourquoi tu as un bandage, je croyais que tu n'en avais plus besoin ? Ne me dis pas que ta plaie s'est encore ouverte sinon je vais faire une crise cardiaque.

-        Non il n'y a rien ne t'en fais pas. C'est juste moi qui l'ai demandé parce que j'ai peur que ça n'arrive. C'est assez énervant cette sensation de peur sans raison.

Je hoche la tête et m'appuie sur son lit. Non, en fait je m'allonge carrément dessus, en travers.

-        Tout va bien, je ne te gêne pas ?

-        Maintenant que tu me demandes, je dois t'avouer que oui. C'est tes jambes, je réponds.

Je bouge mon dos qui écrase les jambes de Matt avec une moue désagréable. Il lève les yeux au ciel. Je suis heureuse. J'espère qu'il ne va pas casser cela en parlant de ce-à-quoi-je-pense alias de notre sécurité vis-à-vis du Conseil. Et à mon plus grand bonheur il ne le fait pas.

Ce soir nous mangeons tous dans la bonne humeur et l'incident du matin est oublié. Je me couche tôt, pour ne pas être fatiguée lorsque je me lève dans la nuit. En suivant les conseils de Gabany, je passe par cette petite porte. La salle servant autrefois de débarra est vielle et en mauvais état. En premier lieu, je ne vois pas cette fameuse sortie grâce à laquelle je pourrai retrouver Wyden. Puis, je me fige, écoutant les courants d'air. Un frissonnement soulève de la poussière. Je sens l'air sur mes pieds. Je soulève une grande planche et je trouve, caché derrière, un grand trou. Je quitte donc la maison par là. Et cela toutes les nuits suivantes.

Après deux jours d'entraînement intensifs avec Wyden et quelques fois avec Thaym, je m'améliore grandement. Et malgré nos entraînements nocturnes, je ne suis pas vraiment en manque de sommeil, au contraire. J'ai donc le plaisir de découvrir que je ne fais pas partie des personnes ayant besoin de beaucoup d'heures de sommeil. Ce matin, du samedi 21 décembre, il fait déjà chaud. C'est le grand jour, étant donné que Matt sort ce soir de l'hôpital. Il va venir à la maison. Faeny et Gabany sont ravis. Dans quelques jours Lesly va sûrement nous convoquer pour décider si oui ou non nous allons « pourvoir rester ». Oui, j'utilise des guillemets puisque nous ne restons pas dans cette ville, peu importe la décision de Lesly. La seule différence réside dans l'urgence du départ.

Je m'habille avec mon uniforme que j'aime déjà. Jonas m'a dit que le rouge du débardeur sert à camoufler le sang lorsqu'un soldat est blessé. Je m'attache les cheveux et descends déjeuner. Je mange en express ce matin pour cause de retard. Je dis aurevoir à Faeny et pars accompagnée de Jonas. Nous marchons proche l'un de l'autre sans vraie discussion. Juste quelques remarques suivies d'éclats de rire pour la majorité. Je me sens bien avec lui je dois dire. Il ne peut évidemment pas remplacer Matt, mais je me sens comme faisant partie de son cercle de proches alors que je le connais depuis moins d'un mois. Je ne sais pas si je devrai me réjouir ou non de cela. Je décide tout simplement de ne pas me poser la question et de vivre tel quel. D'autant plus que d'ici quelques jours je ne reverrai plus. A mon grand étonnement cela me fait quelque chose de penser cela.

Lorsque nous arrivons dans la Caserne, nous commençons par de la course, puis Thaym m'apprend le tire à l'arc. Il est plus doué que Wyden dans ce domaine. Et je le charrie. Même si Thaym pourrait décrocher une flèche les yeux fermés et ne pas rater sa cible, c'est un piètre professeur. Et le fais que je sois une mauvaise élève dans cette discipline n'arrange pas les choses.

Je baisse mon bras, tenant encore l'arc en main.

-        Bon, disons que l'arc ne sera pas mon arme fétiche.

-        C'est pas étonnant, tu es trop impulsive pour ça, affirme Wyden.

-        Un peu comme toi.

Je lève les sourcils d'un air faussement hautain, ce qui le fait sourire. Thaym souffle et pose son arc et ses flèches.

-        Vous êtes des causes perdues, allez, je vais m'entraîner.

On le regarde partir en se disant qu'on devrait faire de même.

GuerrièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant