26. Co-équipier

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Je n'ai point vu de jour aussi laid ni aussi beau.

William Shakespeare, Macbeth.

Je suis Jonas de près. Plusieurs personnes en uniforme grouillent autour de nous. Elles ne font pas attention à notre présence. Jonas trace tout droit. Nous passons près de la salle principale d'entraînement. Longeant une autre grande salle, je tourne à gauche à la suite de Jonas. Nous entrons dans un bureau, la porte étant ouverte. Derrière un bureau je reconnais grand-blond-blasé. Il faut que je me racle la gorge pour qu'il daigne lever la tête.

-        Oui ? Ah, Theresy tu es là. Suis-moi.

Il se met debout et me contourne pour sortir. Il marque une pause.

-        Merci Jonas tu peux retourner à ton entraînement. Et n'oubli pas que la semaine prochaine tu es de garde.

Il acquiesce et avant que je ne disparaisse à la suite du général, Jonas me sourit. Les parois du couloir sont relativement sombres, elles me donnent une impression bizarre cependant atténuée par leur hauteur. Nous marchons vers la sortie et rentrons dans une pièce à ma gauche, en face de celle où j'ai passé mes tests. Elle n'a pas cette forme en L mais celle d'un rectangle. Un grand rectangle couvert à moitié de tapis. Deux immenses et longues vitres bordent la salle, l'illuminant de la clarté extérieure. Plusieurs soldats se battent, s'entraînent, frappent. Tray fait signe à quelqu'un. Je devine que c'est celle qui s'avance vers nous. Il sourit. Alors qu'il n'est pas encore à notre hauteur, le général commence.

-        Voici Wyden, il va te former correctement aussi longtemps que tu en auras besoin. Ici, nous fonctionnons toujours par système de co-équipier, Wyden sera le tien aussi longtemps que tu seras là.

Je me retiens de pouffer face à cette situation, il fallait que ce soit lui. Wyden me salut poliment.

-        Je l'ai déjà informé de tes acquis et tes points faibles.

Sans plus attendre, il tourne les talons. Mon regard le suit, ne sachant que faire d'autre.

-        Tu vas commencer par te changer, viens.

Il m'amène dans les vestiaires, là où je m'étais déjà changé. C'est alors que nous croisons hommes comme femmes dans différentes... tenues.

-        Il n'y a pas des vestiaires séparés ? je demande, outrée.

-        Pour quoi faire ? Il suffit juste de se changer au besoin.

-        Et les douches alors ?!

Il me regarde en haussant ses sourcils avec un petit air coquin. Il n'a pas l'air de vouloir répondre, alors je le pousse légèrement.

-        Réponds-moi !

Il souffle, surjouant sa tristesse.

-        Malheureusement elles ne sont pas mixtes. J'aurai bien aimé voir ta tête si ça avait été le cas, ricane-t-il.

J'ignore sa dernière remarque et lui rappelle ce que nous venons faire ici. Il hoche la tête et s'avance vers le fond. Il ouvre un grand placard et en sort des vêtements de sport, soit un débardeur et un short. Je les prends et lui lance un regard plein de questionnement.

-        Tu n'as pas encore l'uniforme parce qu'il faut d'abord qu'on te le fasse faire. Mais dans deux jours ce sera bon.

J'acquiesce et les pose sur un banc mis à disposition.

-        Tourne-toi.

-        Mais on s'en fout d'accord, tout le monde est à moitié à poil ici ! il lève les yeux au ciel.

-        Et bien moi je ne m'en fiche pas, alors arrête de parler et fait ce que je te dis.

Voyant que je ne changerai pas d'avis, il obtempère en râlant que ce n'aurai pas été la première fois qu'il voyait une femme nue. Alors que je me retiens de rétorquer, je me dépêche d'enfiler ces affaires. Une fois cela fait, je lui tapote l'épaule afin de savoir ce que je fais de mes habits puisque je n'ai pas de sacs. Il me les prend des mains et les positionne dans le sien, un peu plus loin.

Nous nous échauffons – ou plutôt je m'échauffe – dans la salle principale. Puis nous retournons dans ce qui s'apparente être la salle de combat. Je le suis dans un coin de la salle où il y a un tapis de gymnastique libre.

-        Alors, on va commencer par travailler tes prises. Je t'ai vu pendant ton deuxième test, tu es trop fragile. Mets-toi en position de défense.

Je place mon pieds droit devant, espacé. Mes poings se serrent et s'aligne à mon visage. Je bouge un peu sur mes jambes pour être plus à l'aise. Wyden se place face à moi. Il me décroche un uppercut. Surprise, je l'évite de justesse. Je perds un peu l'équilibre. Mais me rattrape facilement. Je décroche mon poing gauche. Il dévie sans difficultés en enchaînant une suite de coups. Je me baisse et en profite pour lui envoyer ma jambe dans la hanche. Ma respiration s'accélère. Cela le translate sans qu'il ne perdre de sa stabilité. Il utilise ce changement à son avantage en me cognant à gauche, bloquant momentanément mon bras. Il crochet mon flan gauche. Je me plie une seconde pour tenter de parer. Il m'envoie alors son tibia dans ma cuisse droite. Ma tentative et reprendre est massacrée par un second coup. Je tombe au sol.

-        On a l'impression que tu es sur des œufs, comme si tu voulais toucher le moins possible le sol, débute-t-il en me tendant la main que j'accepte pour me relever. Ancre bien tes pieds parterre tout le temps. Le sol c'est ce qui te permet de rester debout, alors utilise-le.

J'acquiesce et nous reprenons. Comme il vient de me le dire, Me place mon poids dans mes pieds lorsque ses coups arrivent. Nous enchaînons plusieurs coups en parant l'autre. Seulement, comme je me concentre cette fois-ci dans le maintien de mes pieds au sol, lorsqu'il me frappe au niveau des chevilles je n'évite pas. Je ne suis pas assez rapide vis-à-vis de tous ses coups sur mes jambes. Il me plaque soudainement au sol en me tenant le torse, jambe derrière moi. En plus d'avoir mal au tibia, je suis encore contre le tapis.

-        Je ne t'ai pas dit de rester fixée sur place...

-        Mais je ... ! je le coupe.

-        Chut, il m'arrête de parler d'un signe de main. Je t'ai dit de rester le plus possible connecter avec le sol, mais il faut absolument pas que tu restes comme ça. Bouge, saute, cours, déplace-toi ! Prends appui sur le tapis lorsque tes pieds le touche, mais sois agile. Reprenons...

Je bouge mes épaules, décoinçant correctement mes omoplates. Il me percute. Je me baisse. Mon pied dévie une de ses jambes. Son poing frappe le vide. Le mien aussi. Mon crochet est bloqué par une clé de bras. Je suis dos à lui. Un coup de tête en arrière.Un mouvement de bassin suivi d'un retournement. Il m'a lâchée. Je suis de nouveau face à sa grande carrure halée.

GuerrièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant