53. Pétrichor (part. 2)

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- Deux contre deux, murmure Matt et je comprends.

Le pétrichor monte peu à peu dans mes narines. Le ciel aussi est tendu, je n'aime pas cela. Nos pas ralentissent, arrivant face à eux. Et je refoule mon envie de regretter cela. Je suis à ma place. Le visage ferme du général ne s'est pas étendu à son bras droit. Je me demande pourquoi ce dernier est ici. Je pensais qu'Artenthus n'était pas avec lui, mais contre nous, si ce nous puisse exister. Si j'ai senti Matt se tendre, il ne l'est plus. Peut-être a-t-il trouvé une logique acceptable à cela.

- Je ne pensais pas vous avoir entendu préciser la présence de cet homme, je lance – neutre.

- J'aime prendre des précautions dans chacune de mes démarches, sourit-il.

Tandis que Matt acquiesce, j'ai déjà repéré toutes les issues possibles, celles où le chemin n'est pas encombré de boue si de ronces.

- Je suppose que cela est à moi de débuter, fredonne le général. Avant de discuter de ce que savez, j'aimerai vous faire preuve de bonne foi. Je vous en prie, nous encourage-t-il.

Il ne souhaite pas développer plus concernant notre alliance, il a sûrement dû fournir une toute autre version à son bras droit pour qu'il accepte cela sagement. Le regard de Matt croise le mien. Même si j'ai tourné en boucle mes questions en tête depuis des années, cela est étrange de les prononcer à voix haute. Alors que je m'apprête à poser la question qui me hante, la voix de Matt se fraie un chemin jusqu'à mes oreilles.

- Qu'est-il arrivé à mes parents ? Ils s'appelaient Evae et Fredaric.

Victhorion prend une respiration, loin d'être pressé visiblement.

- Que savez-vous de leur disparition ? demande-t-il à Matt.

Ce dernier ne réplique pas, comprenant que cela est simplement pour mieux diriger sa réponse.

- Je les ai vus un jour partir tous les deux en mission et ne jamais revenir. C'était peu après la mort des géniteurs de Theresy.

Le général hoche la tête, assimilant cela.

- Vos géniteurs ne sont jamais partis en mission, comme vous devez vous en douter. Qui enverrait une femme au combat ?

Cette question me semblait normale, étant donné les directives du Conseil, du moins jusqu'à ce que j'entende un gloussement hautain de la part d'Artenthus. Je lui lance un regard noir. Tandis que cela ne lui fait rien, celui, réprobateur, de son supérieur oui. Un semblant de satisfaction me gagne. Matt recentre le sujet d'une phrase très bien accueillie par son interlocuteur.

- Evae et Fredaric ont été exécutés sous ordre du Conseil.

Je m'y attendais mais cela fait mal. J'ai bien plus considéré Evae comme ma mère que ma propre génitrice. Mon cœur se noue, s'entremêle violemment d'une tristesse depuis longtemps appréhendée.

- Et encore, cela est un bien joli mot pour décrire leur mort, renchérit son bras droit.

Cette remarque reste en travers de ma gorge.

- Développez, ordonne Matt.

- Ils ont été torturés avant de mourir.

Un pourquoi franchit mes lèvres. De ce dont je me souviens, Evae était un ange, une femme aimante et son mari était un homme droit qui appliquait les lois sans un mot.

- Cela est à cause de votre géniteur Theresy, à cause de ce qu'à fait le feu général Davv.

Troisième claque. Mon père n'aurait jamais accepté cela. Il aimait ce couple avec qui nous habitions.

- Qu'a-t-il fait ? Que lui est-il arrivé ?

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