Je suis assise sur une chaise, devant la table où est posé le fameux sac en cuir. Matt étale du baume sur mes cicatrices tandis que je l'observe. Ses deux premières dépassent de son T-shirt, côté droit. A certains moments, des frissons douloureux m'échappent et Matt s'en inquiète.
- Je vais faire plus doucement.
- Je suis une guerrière maintenant, je peux largement endurer cela ne t'en fais pas.
- Oui, mais je sais que cela fait mal.
Il continue en faisant très doucement comme si j'étais une poupée de porcelaine qu'il avait peur d'abîmer.
- C'est bon, je pense que tu en as mis assez.
- D'accord, dit-il en se relevant, tiens !
Il me tend un cadeau, un grand sourire plaqué sur ses lèvres. Je l'ouvre et je crie. Ne vous inquiétez pas, ce n'est qu'un cri de joie.
- Quoi ?! Mais arrête ! Sinon les voisins vont débarquer !
Je me calme et reprend mon souffle. Mon cœur bat à la chamade.
- Désolée mais... à chaque fois que je vois quelque chose de fabuleux et à peine quelques instants plus tard j'en vois un autre !
Je lui saute dans les bras. C'est magique, génial, je n'ai pas les mots pour décrire ce que je ressens. Je suis tellement contente que j'ai l'impression d'être dans un rêve. Oui, c'est cela, je ne me suis pas encore réveillée.
Devant moi se tient un nouveau holster, neuf et magnifique ! Accompagné de ses deux couteaux aiguisés, capable de trancher n'importe quoi.
- Les tiens sont vieux, et puis si tu dois combattre des créatures à mes côtés, je préférerais que tu sois le mieux équipée possible ! m'explique Matt, Regarde au fond.
J'exécute. Un baudrier décoré de motifs noirs et gris, où se trouve une épée à lame courte, plus longue que mes couteaux d'à peine 5 centimètres. Je la passe par-dessus mon épaule. En bandoulière, elle tombe pile au milieu de mon dos.
- Oh Matt, c'est fabuleux !
- J'ai pensé qu'avoir une arme en plus serait bien, de plus cela te fera une nouvelle raison de t'entraîner davantage ! En plus, je trouve que le noir rehausse la couleur de tes yeux.
Il penche légèrement la tête sur le côté et m'examine en souriant.
- Mes yeux ? Pourquoi ? Je ne me rappelle même plus de quelle couleur ils sont, dis-je honteuse.
Il faut dire que nous n'avons qu'un vieux miroir un peu trouble. Et aussi, je ne prends que rarement le temps de me regarder, j'ai bien d'autres choses à faire.
- Ils sont entre le gris et le vert d'eau, confirme Matt.
- Je dois bien l'avouer, ce genre de chose n'est pas mon fort. Peut-être qu'un jour je saurais quelle couleur rehausse laquelle, ou va avec quel motif.
Je hausse les épaules en soufflant.
J'enfile en vitesse ma tenue de combat que Matt m'avait offerte l'année dernière, illégalement bien sûr. Elle n'adopte pas parfaitement mes courbes comme c'est le cas avec celle de Matt, mais je ne m'en plaindrais pas. Et puis, ce n'est pas comme si il en existait pour les femmes.
Je le rejoins en bas.
- Prête ?
Je sors mes lames que je tiens fermement en mains.
- Je suppose que oui.
Chacun à notre tour, parons de nombreux coups de l'un comme de l'autre.
- Alors, comment elle va ta "petite copine" ? Callie c'est bien ça ?
Il met fin à la bataille et commence le lancé de couteaux, sur notre vieux mur.
- On est plus ensemble.
- Déjà ? je questionne vaguement surprise.
- Oui, il sourit, elle était trop collante.
Il imite ses paroles, en faisant comme si quelque chose de visqueux était collé à son pantalon.
Je ris et lance mon couteau qui vient se ficher en plein dans le mur. Nous nous avançons vers lui.
- Quarante-six.
Je retire ma lame.
- Quoi 46 ?
- C'est la quarante-sixième fille que tu largues, je répète.
- Possible, hausse-il les épaules. Il dessine plusieurs silhouettes de taille humaine à l'aide d'une craie.
Il prend du recul, ferme les yeux, et tire en plein dans le cœur de la silhouette. Je siffle.
- Bravo !
Je fais exactement les mêmes gestes que lui, mais mon arme vient transpercer le plâtre dans la poitrine droite de la silhouette. À l'emplacement du foie et non du cœur. Je pousse un juron et recommence jusqu'à obtenir le résultat voulu.
- Tu es presque prête à partir à l'aventure, fait remarquer Matt.
- Presque ? Je suis parfaitement prête !
Les yeux fermés, je tourne sur une jambe et écrase mes couteaux à l'endroit voulu.
Je suis offusquée. Je fais une petite pirouette de côté et projette une deuxième arme qui vient de ficher dans le même trou que la précédente. J'en suis sacrément fière, je ne vais pas le nier.
- Tu ne devrais pas faire ça, je murmure.
Il garde le silence et fait la sourde oreille.
- Leur donner de l'espoir, leur faire croire que les sentiments sont partagés, alors que cela est faux. Attend plutôt la bonne.
- Qui est-ce qui bonne ?
- Matt !
- Désolé, mais j'avoue que je n'ai pas écouté ton petit speech sur mes nombreuses conquêtes...
Son visage affiche la surprise, puis le mécontentement. Il s'est trahit tout seul.
- Oups ! On dirait bien que tu m'avais mieux écouté que ce dont tu prétendais, dis-je un sourire en coins. En plus, tu sais que j'ai raison.
- Mmh. Si tu veux.
Il lance violement son arme entre les deux yeux.
- Alors ?
- Mais encore ..?
- Vas-tu attendre de trouver la bonne ?
- Je n'en sais encore trop rien.
- Pense-y.
- On verra...
- Non, pense-y ! S'il te plait.
Je m'arrête, me mets devant lui et le regarde dans les yeux. Il me regarde impassiblement durant de longues secondes.
- D'accord, d'accord, j'y penserai...
Je souris jusqu'aux oreilles. En fin de compte, ce n'était pas si compliqué !
- ...ou pas !
Il me crie cette fin de phrase et court avant que je ne l'attrape pour lui faire promettre d'y réfléchir. Oui, je sais, je suis têtue.
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Guerrière
Ciencia Ficción2183, Westen : 2 751 habitants Cela fait maintenant un siècle qu'un virus a contaminé la majeur partie de l'espèce humaine, les mutant en créatures ignobles. Westen, ville entourée d'immenses murs la protégeant, est dirigée par un système sexiste et...