La sécurité est la plus grande ennemie des mortels.
William Shakespeare, Macbeth.
J'ai terminé ma journée d'école. J'aime vraiment y aller et pour trois raisons. Je ne serai plus autant naïve qu'avant. Mon père serait heureux et fier de moi. Le Conseil serait tellement furieux.
Je me balade sur les pavés. Malgré ses nombreuses ressemblances avec Westen, cette ville est très belle. L'odeur de terre chaude et humide se dégage des jardins et d'entre les pavés rocheux. La différence avec ma ville maternelle est qu'elle est surplombée d'une senteur florale et forestière. Lowick a construit ses murs en enclavant certains champs agricoles alors que Westen a encerclé un bout de forêt en laissant les champs, sauvages pour la majorité, aux alentours. Ces deux choix ont un avantage que l'autre n'a pas, créant un défaut, une perte chez l'autre. Westen peut entraîner ses jeunes guerriers dans les bois sans danger. Lowick peut cultiver plus de variétés et de quantités de légumes et céréales.
Je rejoins l'infrastructure bleue et la chambre 32. Après avoir été invité à entrer, je vais dire bonjour à Matt. Ses cheveux en batailles ont poussé. Il me sourit et j'en fais autant. Ce matin, je lui ai raconté les fameux tests physiques que j'ai passé, et il me questionne encore dessus.
- Non je n'ai pas encore les résultats, je suis venue directement en sortant des cours.
Il hoche la tête. Nous discutons de la pluie et du beau temps.
- Je suis heureuse que tu ailles mieux. Quand tu seras totalement rétablit il faudra peut-être que l'on pense à nous trouver une maison. Tu vas voir, la ville est colorée, tu vas aimer.
Il semble réfléchir. Son visage se crispe. Je lui demande s'il a mal quelque part et il conteste.
- Cela ne va pas être possible Tery, se force-t-il a dire en baissant son regard vers son ventre.
- Mais pourquoi ? Si tu t'inquiètes pour ta blessure, je...
- Non ce n'est pas ça.
- Bien alors dis-moi.
Il ne dit rien pendant un moment. Un silence d'une lourdeur pleine d'attente est pendu au-dessus de nous.
- On ne peut pas rester dans cette ville, c'est tout. On ne pourra peut-être plus jamais rester dans une ville plus de quelques jours.
- Mais qu'est-ce que tu racontes... je lève les yeux au ciel en réfléchissant. C'est à cause du Conseil ?
Silence. Si son visage ne me disait pas le contraire, je pourrais croire qu'il a perdu sa langue. Il ne me regarde pas et je vois à travers le fin drap que son corps et contracté. Il est anxieux. Je souffle.
- Matt, tu sais très bien que je déteste quand tu me tiens à l'écart comme ça, ma voix est calmement douce. J'aimerai que tu arrêtes de me tenir à l'écart dès que tu es dépassé par les événements. J''ai l'impression d'avoir déjà tenu ce discours, je murmure la dernière phrase comme pour moi-même.
Il fronce les sourcils, ayant l'air d'être dans un vrai conflit intérieur. Un débat très mouvementé, pesant certainement les pour et les contre.
- Cela a un rapport avec l'Examen ? je demande rhétoriquement. Je veux bien te laisser le temps de digérer certaines informations mais ce n'est pas bon pour toi. Tu ne devrais pas garder tous cela pour toi.
Il tourne la tête vers moi.
- Lors de mon premier réveil, il y a trois jours je crois, débute-il en passant une main sur sa tempe, une femme est venue me voir. Elle m'a dit qu'elle était là pour évaluer mon état de santé et mon état mental. Mais elle ne m'a pas posé des questions habituelles telles que « Quel est ton nom ? » « Qui sont tes parents ? » « Quel âge as-tu ? » ou encore « De quoi tu te rappelles ? ». Elle n'a cessé de m'interroger sur Le Conseil et sur mon exil. Beaucoup trop de demande et bien trop précises. Je ne sais pas exactement pourquoi mais j'ai senti qu'elle disait le mot 'exil' sans même en croire une lettre. Je me disais que tu savais peut-être qui c'était, vue que tu vies dans cette ville de manière active, comparé à moi. Elle s'appelle Lucely.
Même si ses paroles n'ont aucun rapport apparent avec le sujet que j'ai abordé, je l'écoute attentivement. J'hausse mes sourcils à l'entente de ce nom, surprise.
- Elle est la conseillère de la dirigeante de Lowick d'après ce que je sais.
Alors que je me questionne sur le pourquoi elle serait venue faire passer une sorte d'interrogatoire à Matt, cela me vient à l'esprit.
- Elle a dû venir puisque nous avons le droit de rester jusqu'à ce que tu te rétablisses complétement, puis Lesly nous avertira de la suite.
- Ah oui, Lesly, une gentille infirmière m'a rapidement briffé sur la situation.
Un sourire en coin que je ne connais que trop bien s'empare de sa joue gauche.
- Quoi ? Non... ne me dis pas que tu as flashé sur l'infirmière, je glousse. Tu n'as pas perdu de temps.
Alors qu'il rit face à ma réaction, je reviens sur le sujet de départ. Il ne m'aura pas comme ça !
- Pas maintenant, d'accord ? Ça ne presse pas, temps que je ne peux pas courir, ou du moins marcher.
- Alors dépêche-toi de sauter de partout comme un lapin, je plaisante m'avouant vaincu.
S'il m'affirme que cela n'aura pas de conséquence urgente, je le crois. Matt préfère ne rien dire jusqu'à emporter n'importe quel secret avec lui dans sa tombe plutôt que de me mentir.
Lorsque le soleil vient me faire battre des paupières de sa luminosité trop contrastant avec celle de la nuit, je me force à quitter ce bon matelas. J'allume l'eau et me glisse sous son jet. Attrapant le savon, je me frotte le corps et les cheveux avec. Je me rince et me rhabille.
En descendant prendre mon petit déjeuner, je croise Jonas sortant de sa chambre. Nous nous installons autour d'une table fournie en nourriture.
- Belle journée, dommage qu'on doive travailler.
- Cela est plus motivant qu'une journée d'orage.
- C'est vrai. Au fait, ce soir ne m'attendez pas pour manger, je vais à une fête.
- Tu me raconteras ?
- Ouais, je t'aurai bien proposé de venir mais elle est réservée aux soldats et je n'ai toujours pas le résultat.
- Ce n'est pas grave, de toute manière je dois terminer l'école avant quoi que ce soit, j'hausse les épaules.
Je débarrasse mes affaires et file directement à l'hôpital dire bonjour à Matt, puis déambule jusqu'au bâtiment rectangulaire coloré où les écoliers se pressent déjà dans leur salle de classe.
Lorsque midi sonne, je rentre manger. Je ne fais plus attention aux endroits où je passe, j'ai pris l'habitude d'y aller machinalement. Lorsque je passe le pas de la porte, une bonne odeur m'assaille. Mais je ne vois personne.
- Faeny ? j'appelle.
Aucune réponse. En m'avançant jusqu'à la table où un seul couvert traîne, j'aperçois une feuille griffonnée de mots.
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Guerrière
Science Fiction2183, Westen : 2 751 habitants Cela fait maintenant un siècle qu'un virus a contaminé la majeur partie de l'espèce humaine, les mutant en créatures ignobles. Westen, ville entourée d'immenses murs la protégeant, est dirigée par un système sexiste et...