31. La Fuite (part. 3)

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- Salut, je lui murmure.

Il se retourne, surpris un instant et heureux de l'autre. Il pose son verre d'eau sur le mur.

- Tu viens me tenir compagnie ? C'est gentil ça.

Je lui souris simplement et fait deux pas pour être à côté de lui. Cependant son sourire disparaît lorsqu'il voit apparaître Matt et Wyden. Il sait qu'il se passe quelque chose. Et il nous le demande.

- Nous avons besoin d'aller Dehors, informe Matt.

- Pour sortir nous ne voulons blesser personne, c'est pour cela que tu dois faire diversion auprès d'un autre garde, j'explique.

- Dis lui de venir te rejoindre et pendant ce temps on sortira par sa tour, pas la tienne comme ça t'auras pas t'ennuis, termine Wyden.

Jonas reste un instant interdit. Il ne sait pas quoi dire.

- Et si je ne veux pas vous laisser passer ?

- S'il te plaît, ne complique pas les choses.

- Lesly va savoir que vous êtes venus me voir, elle finit toujours par tout savoir. A cause de vous, je risque d'être exilé et je ne sais quoi.

Nous ne disons pas un mot, chacun réfléchissant à la meilleure option. Un faible vent se lève, faisant danser mes cheveux dans mon dos. Il nous apporte cette odeur réconfortante de bois et mousse typique de le forêt.

- Viens avec nous. Je sais que tu as toujours voulu partir en mission mais que ta mère te l'empêchait, propose sans la moindre gêne Wyden.

Je me tourne brusquement vers lui, outrée.

- Pourquoi tu lui demandes cela ? C'est pas à toi de décider qui vient et puis il ne va pas...

Jonas me coupe en pleine phrase.

- Je viens.

Ces deux mots me rendent muette. Je... En quelques minutes déjà deux personnes viennent de se rajouter à notre escapade. Je regarde Matt. Il réfléchit. Il se mordille la lèvre et me regarde en haussant un sourcil. Je secoue légèrement la tête en le regardant, lui faisant comprendre que cela dépend de lui. Il baisse un peu sa tête dans une mimique particulière, rajoutant un sourire en coin. Il est d'accord et pense que c'est une bonne idée. Et cela finit de me convaincre. Je lui fais confiance.

- Il va falloir faire comme si nous t'avions blessé et emmené avec nous de force, annonce Matt.

Il sort une de ses dagues et Jonas lui tend sa main. Matt la prend et lui jette un dernier regard avant d'entailler sa main. Une goutte de sang tombe au sol. Jonas secoue un peu sa main et étale le sang sur celle-ci grâce à ses doigts. Puis il se laisse tomber au sol en se retenant par sa paume entaillée. Il se relève et laisse une autre trace de ses doigts sur un côté de la tour. Une fois cela fait, il rince sa main avec le verre d'eau et le laisse tomber au sol.

- Vous avez une corde j'imagine ? Ne croyez pas qu'il y a une porte dans chaque tour.

- Oui, réponde à l'unisson Matt et Wyden.

Wyden hoche la tête dans sa direction, et alors Matt sort la sienne de son sac. Il cherche du regard là où il pourrait l'accrocher. Deux trous fendent le mur sur son côté extérieur à la ville, certainement utiles à la défense à la base. Mais ce soir, Matt s'en sert pour accrocher l'objet qui nous servira à amorcer notre descente. Puis il jette la corde par-dessus le mur. Tandis que Wyden se tient à la corde, descendant peu à peu, Jonas retire un bouchon laissant alors apparaître un conduit. Il nous fait signe de se taire. Je reconnais ce tuyau comme étant le moyen de communication entre les différentes tours de guet. Le son, la parole, circule dans ce conduit. Lorsque Tray verra que ce conduit est ouvert, il en déduira que Jonas avait appelé à l'aide.

Une fois que j'ai posé pied à terre, il ne reste que Matt qui est en train de descendre. Alors qu'il est encore à trois mètres du sol, il sort sa dague et coupe la corde. Je retiens un cri dans ma gorge. Il atterrit dans une roulade pour ne pas se faire mal. Puis il se lève et enroule ce qui lui reste de corde. Comme cela, si des soldats arrivent, ils ne pourront nous suivre. Matt range la corde dans son sac. Je ne réalise pas encore que je suis à nouveau Dehors.

Devant nous s'étend une courte plaine avant que la forêt ne débute il me semble. Il va falloir faire vite. Nous ne distinguons pas grand-chose dans cette obscurité à peine percée par une faible clarté lunaire. Lorsque nous nous mettons à courir vers la forêt, je sens la lourde étoffe de la nuit nous envelopper. Je trace. Je cours loin de cette ville. Je cours loin de Lesly. Je cours loin de cette vie.



GuerrièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant