16. Agitations Nocturnes (part. 3)

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Une fois que la maman que Matt nous eut lavés, elle nous enroula dans ma même grande serviette. Une fois secs et habillé, Evae me brossa les cheveux qui alors me chatouillaient les omoplates. Je rigolais. Je rigolais parce que mes mèches me faisaient des guilis mais aussi parce que Matt me faisait des grimaces, derrière sa mère pour que je puisse le voir dans le miroir.

- Matt, arrête de faire de cela, soupira Evae.

Mais Matt, à son habitude, n'écouta pas et répondit d'une nouvelle grimace pire que les autres qui me fit exploser de rire.

- Matt s'il te plait ! Tu viens de te faire sermonner et toi tu en ris ?

- Mais maman, fit-il d'une voix lente et offensée, c'est pas grave ! Même le père de Tery a dit que...

- Arrête-toi veux-tu, et parle correctement.

Matt qui avait alors les sourcils froncés, les hausse.

- Mais j'ai rien fait !

- L'on ne dit point « c'est pas grave » ni « j'ai rien fait ». Cela est déplacé et ce sont des changements de notre langue que certaines personnes faisaient par flemmardise dans l'Ancien Temps.

- Mais peut-être que justement il y avait une raison à ce changement. Pourquoi serait simplement par flemmardise ? je la questionnais en me retournant.

- Non Tery, cela est seulement et uniquement cela.

- Mais comment tu peux en être si sûre ?

- Cela est ce que mon géniteur me disait.

Je trouvais cela totalement bête. Ce n'était pas parce qu'un homme qui ne l'aimait pas lui avait dit une chose que cela était forcément vrai. Mais, je n'allais pas le dire à haute voix car cela allait encore me retomber dessus.

Je retournais dans ma chambre, laissant Evae parler avec Matt. Mais je me suis arrêtée dans le couloir lorsque j'ai entendu des personnes parler plus que fort. Je me suis approchée des escaliers et j'ai tendu l'oreille. C'était mes géniteurs. Ils se disputaient. Je ne pu m'empêcher de ne pas écouter d'ici.

- ... Non cela est impossible ! je ne suis pas d'accord !

- Mais ce que tu ne comprends pas c'est que je ne te demande pas ton avis. Je t'annonce juste ce qu'il va se passer !

- Comment peux-tu me faire cela ? Comment peux-tu nous faire cela ?

- Arrête un peu veux-tu. Tu sais aussi bien que moi que nous ne nous sommes jamais installés ici par choix. J'avais seulement une mission à remplir, la voix de mon père se calma légèrement.

- Mais enfin ! Te rends-tu compte e ce que tu dis ? Nous sommes amis à présent. Tu ne peux pas...

- C'est la vérité. Ne te cache pas la face vis-à-vis de cette histoire. Rien ne pourra me faire changer d'avis.

Je vis ma génitrice souffler et s'asseoir.

- Je sais que tu ne m'aimes pas comme je le voudrais, je ne suis pas dupe. Alors si tu ne veux pas le faire pour moi, fais-le pour Theresy. Cela la brisera.

- Je ne veux pas le faire sans elle.

Soudain, j'entendis ma mère bondir et hurler un « quoi ? ». Même si je ne savais pas quel était le sujet, je savais que c'était la première fois que je ressentais qu'au fond elle avait peut-être de l'affection pour sa fille.

- Tu ne me l'arracheras pas. Je te préviens.

- J'ai plus de droits que toi.

Après un instant de réflexion, ma mère répondit.

- Elle t'aime énormément certes, mais tu n'arriveras pas à la détacher de Mattelos, elle explosa sûre d'elle et elle avait car dès l'instant où elle dit cela je me ruais vers eux.

- Il est l'enfant d'un homme mis... mon père rompu sa phrase au moment où il m'aperçut.

Il ne parut pas étonné que je sois là. Et ma mère n'en avait pas l'air contente. Ils n'étaient pas enchantés que j'ai interrompu leur discussion, mais je m'en fichais royalement.

- Personne ne me séparera de Matt pour vos histoires débiles ! je regarde profondément les yeux de mon père lorsque je dis cela.

Avant que quiconque ne réponde, la porte s'ouvrit sur le Fedaric, le père de Matt. Ma mère me dit de remonter sur un ton sans appel. C'est sur ces dernière paroles que Evae me coucha, sur mon matelas devant le lit de mes géniteurs.

Je me réveille en sueur. J'ai chaud. J'ai froid. Je me retourne dans tous les sens. Où je suis ? Pourquoi est-ce qu'il fait si noir ? Je suis essoufflée.

- Papa ? je demande doucement.

Il était là il y a quelques instants pourtant ! Soudain, deux mains viennent se poser sur mes épaules. C'est les mains caleuses de Matt – qui me regarde. Ma respiration est trop rapide.

- Il n'est plus là Tery, chuchote doucement Matt.

Pourquoi est-ce qu'il n'est pas là. Je ne peux pas le quitter sur ces paroles ! Matt me prend dans ses bras alors que j'éclate en sanglots.

- Tu as rêvé de lui ?

Je fais non de la tête. Ces derniers temps mes nuits ne sont pas habitées par des rêves mais par des souvenirs. Je ne sais pas ce que fait mon cerveau, mais s'il continue cela va me tuer à petit feu. Je serre Matt contre moi. J'aimerai tellement revenir à cette époque. Il n'y avait encore pas eu de drame. A l'époque où je ne savais pas encore de quoi parlaient mes parents.

- Je n'ai jamais voulu lui dire ça, je soupire entre deux larmes silencieuses, je n'ai jamais voulu que ce soit mes derniers mots.

Il me serre plus fort sachant pertinemment de quoi je parle. Puisque le lendemain matin, lorsque je me suis réveillée sur ce matelas, mon père était mort. Exécuté. Il me manque tellement que je ne le supporte plus. Parfois je me dis que je ne ferais jamais mon deuil. Cela fait 8 ans. J'ai maintenant passé autant de temps avec lui vivant que mort. Je ne peux le supporter. J'ai trop mal. Trop. Mon papa. Mort. Alors que la dernière phrase que je lui ai dite était méchante. Elle était agressive. Car ne n'avait pas cherché à comprendre. Aujourd'hui je comprendrais. Mais c'est trop tard. Tout le bien qu'il m'a fait. Tout l'amour qu'il m'a donné. Toutes les choses qu'il m'a apprises. Et moi je l'ai remercié par un dernier regard colérique. Mes sanglots reprennent.

- Chute... Tery. Tery ? Ecoute-moi.

Il se recule un peu pour que je puisse le regarder dans les yeux. Mais je le vois trouble. Ses paumes sont sur mes joues.

- Il t'aimait et il savait que tu l'aimais aussi. Ne te reproche rien. Cela n'aurait rien changé et tu le sais, il me parle calmement – les yeux dans les yeux et avant que je ne proteste et reprend. Tu me l'as dit toi-même, il avait déjà pris sa décision et rien ne pouvait le faire changer t'avis. Lui, il savait que tu ne lui en voulais pas ce soir-là, que ton humeur était passagère. C'est toi-même qui te pose problème. C'est ton propre avis qui te fait mal, pas celui de ton père.

Il essuie mes larmes avec ses pouces. Je vois dans ses yeux qu'il s'inquiète, qu'il m'aime. Il a raison. Je me réfugie dans ses bras. Je me calme peu à peu au rythme de ses paroles. Mon père ne m'en aurait jamais voulu. Il ne m'a jamais rien reproché, quoi que je fasse. Il me regardait toujours avec un grand sourire amoureux. J'essuie rapidement ma joue encore humide et me blottie contre mon meilleur ami. Je respire son odeur qui me rassure tant. Il sent le bois humide, la cannelle et les fleurs de menthes. Je suis chez moi dans ses bras.

Lorsque je suis complétement calmée, je suis fatiguée de mes larmes. La nuit est encore noire. Matt me conseille de me rendormir. S'attendant à ce que j'angoisse d'être à nouveau submergée par des souvenirs, il me dit qu'il va rester près de moi. Il m'allonge, pose ma tête sur ses cuisses et me rendors dans un sommeil sans rêve alors que Matt me caresse les cheveux.

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GuerrièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant