Un de mes deux seuls amis, une des deux seules personnes extérieures à ma famille, à qui je faisais réellement confiance venait-elle de prononcer des choses aussi ignobles ? Je ne pus le croire. Pourtant cela était bien vrai. Et ça se passait sous mes propres yeux. Je serrais les poings.- Redis ça espèce d'ordure ! dis-je, les joues empourprées de colère et de douleur.
Matt mit un bras devant moi, m'empêchant de le frapper.
- Et tu les crois ? dit-il.
- Bien sûr ! Je suis entièrement d'accord avec eux, Matti. Tery ne respecte pas les règles. Encore une saleté qui se croit tout permit ! Franchement, ouvres les yeux et mets-la à la porte ; Elle devrait aller en foyer.
- Ne m'appelle pas Matti, articula-il entre les dents, seule la "saleté" à le droit de me nommer ainsi.
Chaque lettre, chaque phrase était un nouveau poignard dans mon cœur déjà endolorit par le décès successif de mes géniteurs. Mais au lieu de réagir d'une façon ou d'un autre ; je ne disais rien. Neutre ; choquée ; figée ; employez le mot que vous désirez, tous avaient été créés pour moi, en cet instant.
- Jamais je ne penserais quelque chose d'aussi ignoble de Tery, jamais, tu m'entends, jamais ! Elle restera avec moi, je la soutiendrais toujours et jamais je ne la jetterai comme tu viens de le faire.
- Tu étais mon ami... Comment peux-tu dire des choses pareilles ? Ashur, je ne te reconnais plus.
- Tu ne me reconnais plus ? Pourtant moi je te reconnais toujours, aussi faible et aussi passive que d'habitude.
Je ne savais pas ce qu'il lui avait pris ce jour-là, mais mes sentiments étaient partagés entre une tristesse inouïe et une haine profonde.
Quand les paroles de mon père m'étaient revenues en tête « Ne laisse jamais les gens te dresser ou te sous-estimer, prouve-leur qu'ils ont tort et que tu les battras, toujours ». Je ne me laisserai pas faire. « Choisis toujours la haine à la tristesse ; la force à la faiblesse » C'est ce que je fis. Je ne serai plus jamais faible. Je m'étais accordée cette sensation un mois, mais ça en était fini. Plus jamais.
Je me levais, en face du garçon qui m'avait fait souffrir et le cognai de toutes mes forces en plein visage. Mon poing était toujours en l'air quand je le vis basculer en arrière et tomber à même le sol, en se rattrapant sur les mains. Il se retourna vers moi, toujours par terre, et me regarda horrifié en se tenant le nez. Il balbutia quelques mots et détourna son regard émeraude vers son ami.
- Tu la laisses faire ? Tu n'essaies même pas de me défendre ?
- Non.
-Mais pourquoi !?
- Parce que tu l'as mérité. Et elle fait ce qu'elle veut, je ne vais pas lui donner des ordres.
- Et bien tu devrais. C'est moi ton ami, pas elle ! C'est moi qui était là, tous les jours, à l'école avec toi, pas elle ! C'est moi qui t'ai défendu corps et âme devant les professeurs, pas elle ! S'il te plait, ne me laisse pas seul, ne me laisse pas tomber. Je t'en supplie...
- Tu me demandes de faire un choix ou je rêve ?
Il ne répondit rien et baissa les yeux. Je voyais bien la douleur qui transparaissait du regard de Matt. Mais celui-ci devait faire un choix. Un choix qui fut décisif pour tout le reste à venir. Un choix qui le fait encore souffrir.
Matt me regarde tout en frottant son linge. Ses pupilles brillent, luisent doucement à la mention de cette fameuse personne. Je n'ai pas écouté ce qu'il vient de me dire, cette phrase qui m'a sortie de ces souvenirs pour le moins douloureux.
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Guerrière
Science Fiction2183, Westen : 2 751 habitants Cela fait maintenant un siècle qu'un virus a contaminé la majeur partie de l'espèce humaine, les mutant en créatures ignobles. Westen, ville entourée d'immenses murs la protégeant, est dirigée par un système sexiste et...