Une vraie fête.

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Entendre ses amies te dire que tu es superbe.Cela ne m'était jamais arrivé,étant amies avec des jeunes filles beaucoup trop sincères pour ne pas être avares de compliments.Je n'avais de ma part jamais fait réellement attention aux petites merveilles de trouvailles qui agrémentaient leurs tenues,lorsque nous passions du temps ensemble,parce que ma mère ne pouvait le faire.Car tout au fond de moi-même,j'aurais aimé l'avoir pour meilleure amie.

De ce que je me souviens,ma mère affectionnait particulièrement les robes où grimpaient des roses,ce que l'argent de mon père lui permettait de s'offrir.Je lui ramènerai peut-être une robe de ce style de New York.Il est vrai que dans ma maison,à Paris,mon jardin en est rempli.

-Bon,Katty,on y va?j'ai fait,avant d'ajouter  à l'intention des autres filles:Tu es sûr que tu ne veux pas venir?

-Nous nous sommes jetés dans l'opportunité de tenir front à l'énnemi,a fait Alizzia qui se met de plus en plus à parler comme Katty.Nous avons la tête assez haute pour éviter de les éviter.Je suis allée prendre un yaourt nature dans le bar de la salle à manger afin de l'offrir en cadeau à Tristan,le dissimulant d'un mouvement de main sous ma robe comme une voleuse,après avoir prévenu Madame Spencergates de mon absence.Elle semblait s'ennuyer à devoir nous surveiller tous,en plus de son enfant qu'elle élève seul.

Comme une fille d'un pays pauvre qui échange l'amour contre des denrées,j'ai délicatement déposé le bol de yaourt,recouvert d'un insignifiant papier de soie,afin d'attirer Tristan avec ce bol en cristal,cette petite caisse de yaourt anglais.J'ai toqué,contre sa porte,comme si mes intrusions étaient devenues des évidences,et personne n'a ouvert.Il passait au final très peu de temps dans sa cabine,avec son père et ses frères,tandis que Brian,d'après Katty,était seul avec papa.

Une main s'est posée brutalement sur ma robe.

-Hello Ania,How are you?

-J'adore ton petit accent ecossais sexy brotha.T'aides déjà pour la fête alors qu'il est 14H30?

-On ne me demande rien si ce n'est d'aller chercher le café dans les salles communes,mais y a beaucoup de monde..Ton enseignante est au courant?

-Pense-tu.Je crois que tant que je suis heureuse,elle me laissera bien ça.

-Si tu veux vraiment être heureuse,il faut que tu goûtes ça.

-C'est de la bière irlandaise?

-Rien n'est plus normal avant de commencer une fête que de s'initier un minimum non?C'est d'alcool qu'il s'agit Ania,c'est sérieux!

J'étais si peu habituée qu'un inconnu m'appelle par mon prénom que j'en ai frémis de joie.J'étais contente,contente,et ce même sans avoir encore bu l'alcool.Il en décapsula une sans être vu du père,et j'en bu une gorgée.J'y connais rien en bière mais j'ai trouve ça bon.J'espérais ne pas avoir à la vomir comme ce fut le cas d'une autre jeune fille,de deux ans plus âgées,également en première classe,elle s'appelait Kate Dhervard.

Je lui ai demandé où étaient les douches.Je possédais dans ma cabine une petite salle d'eau attenante,carrelée bleu et blanc,hyper clean,car personne ne s'en était jamais servi.C'est alors qu'il m'appris que je devrais me doucher en rentrant en première classe,car il n'y a que deux baignoires,une pour les hommes,une pour les femmes,pour juste 700 passagers de Troisième Classe!Et moi qui me disputait avec mes deux soeurs pour la salle de bain chez moi,c'était absurde!

-Je t'avais dit que notre royaume n'était pas grand.Mais si tu t'y sens chez toi,essaya - t -il de tâter sans tomber dans la grosse maladresse,c'est le principal.

Et il m'a pris la main,avant de jeter sa guitare par-dessus son épaule.Ce garçon était un cadeau pour moi.J'avais encore du mal à avouer son existance en tant qu'un simple être humain,de sexe masculin et de nationalité ecossaise.Un cadeau que la vie persistait à m'offrir.Je ne voulais pas qu'il s'arrache à moi quand j'aurais fini par totalement m'offrir à lui.Je ne peux plus me passer de lui,je ne peux plus me passer de ces airs de guitare,surtout en ce moment,quand je suis en train de le voir répéter assis sur une table qu'on a laissé à la disposition des pauvres,pendant que des hommes tractent de leurs gros bras des litres de bière.Et moi,massant les épaules de Tristan je m'interrogeai sur le sens de la vie.J'avais gardé la tête haute,et je n'avais plus à m'interroger du sens de la vie.J'avais trouvé le bonheur au milieu de ces gens sympas,préparant une musique qui happa ma sensibilité comme si j'avais été une immigrante irlandaise dans une autre vie.Cette sensation envahissait chaque parcelle de mon esprit.J'aménageai une salle commune que les stewards n'observaient pas.Je voyais les irlandais,les Irish entrer,c'était leur fête et les autres nations ne faisaient que joyeusement suivre.Ces gens,c'était sans doute la dernière fois que je les verrai,pourtant je les saluai,je laissais les regards d'étonnement se poser sur moi,petite fille riche,je proposai un coup de main.Mes yeux parcouraient la salle commune à la recherche de Katty,qui avec Brian essayait de se faire accepter.Il faut dire que bien que Katty ait un sourire éblouissant et l'allure d'une princesse de la vieille Irlande,son petit ami,fils d'un couple d'anglois colonisateurs,n'aidait pas avec ses blagues sur la famine,sujet tellement risible.

Ania.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant