Lettre du 17 août 1911
Oui,cher petit journal,désolé de ne pas écrire tous les jours,mais il ne se passe pas non plus beaucoup de choses tous les jours.Aujourd'hui,je vais vous parler de nos vacances,même si je n'y suis plus depuis le soir de mes treize ans,le soir où ma mère m'a offert ce cahier qu'elle a sauvé de son enfance.Depuis un peu plus de trois semaines,j'étais en effet partie dans notre maison de vacances,une grande résidence aux murs blancs percés d'une multitude de fenêtres,perdue dans le massif du Vercors,pas très loin de Grenoble.Elle surplombait la vallée,accrochée à un flan de montagne surplombant une ville et une rivière bordée d'usines hydroélectriques,perdue dans une clairière entre le moutonnement sombre des forêts alpines.Le 14 juillet au matin,ma famille a pris le train pour Grenoble,tôt le matin,pour ne pas louper la fête nationale qu'ils manqueront de donner ce soir.J'avais hâte de retourner dans cette grande maison,un endroit délicieux où j'oubliais toutes les saloperies que m'ont fait subir mes camarades de classe,ces hyènes maquillées.J'aime regarder la campagne défiler,la Bourgogne,depuis mon compartiment de première classe.Bien sûr,le souci,c'est qu'il y aura forcément des jours où je m'ennuie,des jours où je me disputerais avec ma soeur.Mais rien n'est plus beau que de voir des montagnes s'étendre indéfiniment depuis la voie ferrée,la satisfaction d'être arrivé après un long voyage,et de prendre un taxi qui remontera la petite route de montagne,entre des villages si surpris de nous voir arriver qu'ils cessent toute activité.On les voit se préparer pour la fête nationale,descendre à la salle des fêtes de leur petit village,pendant que nous on est toujours en train de monter vers le manoir qui a une vue plongante sur la vallée.Les chambres des filles sont tout en haut,dirigée vers le soleil.Nous avons chacun nos moments préférés quand on est là-bas.
Ce que mon père adore,c'est faire des balades,en tenue de montagnard dernier cri.Il se sent beau,il se sent bien.Parfois,il emmène les filles faire une promenade sur les sentiers balisés autour de la maison de vacances,un des rares moments où je peux vraiment respirer.Sasha vient avec nous,mais Aïsha reste avec maman et j'en souffre beaucoup,même si le désir de marcher reste le plus fort.
Ce que maman préfère,c'est s'allonger sur le hamac situé dans le jardin devant la maison,en lisant un bon livre sous le soleil.Elle m'a d'ailleurs prise en photo sur ce hamac,ce hamac orange où elle paressait tout le temps.J'étais très émue.
Ce qu'Aïsha préfère,elle nous l'a dit dans le train,c'est à la fois le bal de la fête nationale,quand on descend en ville trouver une salle des fêtes créées pour des gens de notre milieu,et se réveiller.C'est là que je me suis aperçue qu'on se ressemblait un peu.Elle n'aimait rien tant qu'ouvrir la fenêtre de sa chambre et laisser le soleil inonder son lit,et devant le ciel,se verser sur les cheveux une grande criche d'eau fraîche.Je ne lui connaissais pas cet attachement au détal si semblable au mien.
Quant à Sasha,certes elle aime beaucoup se balader en forêt et ramasser des champignons à l'aide d'un guide très méticuleux,mais rien n'est plus délicieux au monde,selon elle,que la grange chaude et paisible d'un des paysans du village voisin,avec qui elle s'est liée d'amitié,lui apprenant des mots de russe,et dormant entre les oies bavardes,caressant les cheveux,profitant de l'amour des canidés et de la beauté des saisons qui passent.
Moi,bien sûr,c'est mon anniversaire que je préfère.Descendre en ville faire les boutiques et trouver la perle rare qui agrémentera la tenue,avec mon père qui m'a donné une grosse somme d'argent pour le faire,juste pour me faire plaisir,c'est un vrai bonheur.Le soleil inonde les pavés de ce village français entouré de sommet.Et le soir,on réserve l'une des tables les plus chères de la ville,en faisant le point sur tout ce que j'avais acheté,et pendant la nuit,je retourne à Paris,et je me dis que tout est fini,que dans trois semaines je retournerais à l'école,qu'il n'y aura plus qu'à revenir pour se faire humilier.
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Ania.
RandomAnia,c'est un peu un mélange entre toutes mes fictions. Ania,c'est un peu un personnage qui me ressemble tout en étant très différent. Ania,c'est un peu l'histoire dont j'ai eu l'idée le plus tôt. Ania,c'est un peu ce qui explique tout mon univers. ...