21 Septembre 1911.

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Je viens de rencontrer Simon,le promis de Leslie.Alizzia m'avait dit qu'il était grand bête et prétentieux,bref comme sa mère.Alizzia Di Rispatti est une quiche,euh,une pizza pardon.

Je le trouve magnifique,d'un point de vue totalement détaché,sincère et objectif,long visage blanc encadré de longs cheveux bruns et traits extrêmement fins.De plus,j'ai vraiment l'impression qu'il m'aime bien.Tu veux une preuve,cher petit journal?Tu en auras une,bien bonne.

-Je vais rentrer chez moi,m'a t il dit alors que les autres nous avaient laissés seuls.On discutait tranquillement,et j'ai avoué au détour de la conversation que mes parents étaient absents à la maison pour une réunion professionelle.

-On a pas mal de divans chez nous.Comme ça,tu auras où dormir.De plus,j'ai mon cousin de Suède qui est chez moi,et il tient à te rencontrer...Tu acceptes?

Si j'accepte?J'ai tout simplement le choix entre me coucher tôt sous ordre de la gouvernante,Fifi,entre les petites remarques perfides d'Aïsha et l'exaspération de Sasha,en ruminant des pensées négatives,en n'aimant personne et en m'ennuyant.Pire que pendant ma vie normale.Faut y penser.

Par contre,c'est l'occasion de connaître un peu mieux le promis d'une de mes très grandes amies,et de rencontrer un garçon.Un garçon qui m'aime,ce serait une première dans ma vie.J'accepte avec plaisir,faisant oui de la tête en souriant,et il me dit:

-Viens,on va prendre le bus.

Mais avant,je fais un rapide saut chez moi,car par chance c'est bien sur le chemin.Simon n'arrêtait pas de me poser des questions,comme si il était vraiment curieux de savoir ce que Leslie pouvait bien me trouver pour qu'on soit aussi proches en tant qu'amies,ou plus simplement parce que on a des points communs.Je lui ai parlé de mes malheurs,de mes moqueries,d'une gifle purement gratuite d'Amy Tancrédie.

-Ne t'inquiètes pas...fit-il en passant une main dans mes cheveux,pendant que le bus se garait devant ma maison éclairée.Il n'y avait aucune trace de sarcasme ou d'humour dans cette phrase.

J'ai simplement fait un saut devant la maison.J'ai sonné à la porte et j'ai juste dit à Fifi que je serais absente pour le dîner.Aïsha passe devant moi en me lançant un regard envieux,et s'éclipsa.J'ai pu rejoindre Simon et on a fait le reste du chemin à pied ensemble.

La maison était grande,séparé de la rue par une clôture et un grand parc de devanture.L'immense salon occupait presque tout le premier étage,une pièce pleine de fauteuils roses,épais et confortables,disposés en cercle autour de table de Marbre,et au centre,un grand piano en bois verni,sur lequel était penché un petit blond patenté.

-C'est lui!j'ai fait en sifflotant comme une rivière.

-Hey,Marty!Je t'avais dit que c'était une beauté.

Et c'est là,cher petit journal,qu'il a levé son cul du tapis à motif sibérien et qu'il est venu se planter devant moi.Et il m'embrasse.M'embrasse vraiment.M'embrasse vraiment.Sa chaude langue s'est mise à s'exécuter dans ma bouche,alors qu'il ne m'avait même pas parlé,c'était complètement surréaliste,j'en avais les yeux exorbités.Mon corps entier semblait s'être enfermé,un deux trois quatre...Respire,c'est fini.

-Tu peux  rester ici ce soir puisque tes parents ne sont pas là,dit-il.

Je secoue la tête discrètement.Je n'ai pas envie d'être prêt de lui pour l'instant,mais comment une fille comme moi a-t-elle pu l'attirer comme ça?

Marty n'était qu'un mystère.Pourquoi est-il en fraternité avec des enfants juifs s'il est suédois,et qu'il n'y a pas de juifs en Suède?

-Il y en a depuis quelques temps,fit Simon.

Ok.Je ne comprends pas non plus pourquoi il passe de chaleureux à froid si rapidement...Et puis zut,il faut que j'arrête de penser à lui tout le temps,et  après ce soir,j'essaierai de ne pas le voir.

Mais qu'il est doux ce sentiment d'être aimée par un homme!

Bien sûr,je me suis bien fait gronder par mon père,quand il est venu me chercher.

-Tiens.Te voilà agissant,pardonnez mon langage,comme une pute.Superbe!

-Elle vient juste d'arriver.Elle ne faisait rien de mal.

Mon pauvre Marty,je ne sais pas dans quoi tu t'es embarqué,mais une chose est certaine,je t'aime déjà.


Ania.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant