Ania's keys.

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21 mars.

-Comment c'était avec le petit ami de ta soeur hier soir?me demande Alizzia,sa voix est tendue par l'intérêt,alors qu'elle soulève son gros sac de cours en cuir au-dessus de sa table.

-Tu pourrais aider,tu sais,j'ai fait,la voix totalement paniquée.

Bon,cher journal,comme tu n'es pas omniscient,je veux bien te redonner le contexte pour toi.Oh,tu sais?Eh bien je vais te le dire quand même,moi.J'ai perdu mes clés.Perdue,genre,elles ne sont nul part.Oui,nul part.Pas la moindre trace d'elles,pas ma moindre trace de la lourde chaîne dorée,qui a dû tomber pareil,et qui a dû être ramassée par un mendiant au bas de mes pieds.

On me l'avait donné alors que j'avais à peine cinq ans,il y a donc neuf ans au moins(entre nous quelle idée d'offrir ça à une enfant).J'avais déjà compris l'essentiel,j'allais pouvoir frimer devant la copine.

-Purée,je les ai laissé chez Katty ou quoi?

-T'es allée chez elle?

-Oui,j'ai troué mon collant.

Bon,j'ajoute,t'es sûre que tu les as pas vue?

-Pourquoi tu ne vas pas trouver la réponse toi même?

Fuck,Alizzia ce que t'es agaçante parfois...

Peut-être devrais-je nettoyer un peu avant de rentrer,peut-être qu'à ce moment là...

-Oh mon dieu,cria Alizzia de l'autre bout de la classe, à côté des armoires en bois qui contiennent les globes terrestres.

-Oh,Fuck!j'ai crié.Fuck,fuck,non c'est pas possible!

-Je vois que quelqu'un aime plier,constata-t-elle avec son humour très drôle,certain.

La clé dorée était morte.Je ne sais pas comment quelqu'un a pu,par la seule force de ses membres,plier plier et replier cette clé et pourtant ils l'avaient fait.

Je prends mon gilet dans mon visage,à bout de colère et de frustration,agitant ma tête de haut en bas,ramassant les morceaux,mais sachant très bien que pour me punit,Albert le majordome,sous les ordres de mon père,les jeteraient au feu.

Il y a des jours où Alizzia fait une bonne amie,et c'était un de ces moments.Alors que je pleure toutes les larmes de mon corps en avançant vers la sortie de l'école,avec Alizzia qui sourit de façon génée,les fossettes creusées sur son long visage d'italienne,et je lui réciproque ce sourire à travers mes larmes,avançant la mort dans l'âme vers la sortie de l'école,marchant seule vers la maison,frappant à la porte alors que je devrais avoir ma clé sur moi.Je claque sur la grande porte,et sans surprise c'est Albert qui m'ouvre,et qui est particulièrement saisi en voyant ma face déconfite.

-Je ne veux pas en parler,remarquai-je avec force,mettant ainsi fin à toute la conversation.

Pendant que le petit groupe de domestique attend le retour des autres membres de la famille en jouant,buvant aux cartes (l'inverse par contre),je me retrouve à penser à cette gourmette.Je vais garder ce malheur pour moi,puisque de toute façon il n'y a personne à qui je pourrais confier cela,au contraire ça ne fera qu'empirer les choses.Je suis d'ailleurs étonnée que maman ne soit pas revenue,elle,elle me comprendrais.mais ça la ferait souffrir,et je veux tout sauf ça.Que fait-elle en ce moment?Où est-elle?

Cela serait beaucoup plus facile si je n'étais pas prête à avouer à quel point j'étais bouleversée.Je ne sais pas ce que je vais faire mais en tout cas je ne me sens pas capable de décider ce soir.

Je vais rester dans mes appartements,enfin ma chambre,lire mes romans préférés,et aussi les pires romans,qui ont les pires écritures,les histoires inintéressantes,remplis de revirements de situations absolument merdiques.

Ania.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant