Les 18 ans d'Aïsha.

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23 Mai 1912.

Aïsha riait avec dédein de l'une de ses 4 amies invitées pour l'occasion.

-Les autres femmes sont bien moins jolies que moi.

Elle a dit jolie à la place de puissante.Mieux valait paraître superficielle que folle.

-Tu n'en sais rien,a ajouté celle qui avait un chapeau sur les yeux.Elles ne vivent pas toutes en France.

-Je parle de celles qui vivent à Paris.

-Justement,nous ne fréquentons pas toutes le même lycée.Il y a le lycée britannique,par exemple.

J'ai 30 fois de ceux qui disent que la maturité évolue à l'âge adulte.J'aurais pu lui dire d'être plus modeste,mais cette supplication serait  aussi dérisoire que si,j'avais demandé à Christine d'être gentille.Je lui avais bien offert un parfum,ça c'était bien,mais lui faire ce reproche devant ses amies serait un manquement ahurissant au dogme de soumission auquel je devais me plier en tant que petite soeur.Il était interdit de me défendre contre plus haut que moi,je l'avais compris très tôt.

Aïsha sembla un brin décontenancé par le fait qu'une de ses amies viennent sans cadeau,ce qui ne l'empêcha pas de lui crier dessus.

Je suis rapidement sortie de cette fête pour m'asseoir sur un banc.J'avais un irrésistible désir de retourner en Ecosse avec ma mère.Lui montrer le caveau des Sage fleuris par ceux qui les ont bien connu et ceux qui ont été émus par leur histoire,lire encore une fois le nom de Tristan,gravé sur le granit à jamais.J'ai marché dans les allées étroites du jardin seule avec mes souvenirs,en attendant que la nuit tombe,et j'ai constaté avec surprise que l'une des filles m'avait rejointe.Elle avait une robe blanche et une longue cape sombre,des cheveux cuivrés sombres et rattachés,elle me tournait le dos.

Aujourd'hui avait été un jour pourtant parti simplement,avec une matinée banale,jusqu'à ce regard de travers de la part de Sally.Pourquoi a-t-elle donc réagi ainsi?

-Qu'est-ce que tu fais là?

-C'est la faute de ta soeur.

-Pas de la mienne alors.

-Mais cette fille est complètement tarée,s'égosilla-t-elle en s'éloignant des fenêtres où rodaient les ombres des amies d'Aïsha.

-Je ne te le fais pas dire.

C'est alors que dans sa robe blanche,Aïsha est apparue dans le jardin et elle s'est avancée vers moi.Je lui adressai un sourie innocent,et son poing rencontra ma mâchoire.J'ai lâché un cri de douleur,et effrayée je suis passée devant elle pour m'enfuir dans la maison.Je voulais pleurer dans la robe blanche de ma mère car mademoiselle avait déclaré que pour ses 18 ans tout le monde s'habillerait en blanc.

-Qu'est-ce que tu foutais avec ma soeur merde?criait Aïsha derrière moi.Rentre donc,il va pleuvoir!

J'ai couru les coudes devant le visage,et ma mère s'affola devant ma blessure en arrivant près de moi.

-Et tu es toute sale dans le dos,ajouta-t-elle.Ania,qu'est-ce qu'il t'es arrivé?Il y a un problème?

J'ai pleuré à nouveau,et incapable de dire un seul mot j'ai hoché la tête.

-C'est l'une des amies d'Aïsha qui t'a fait ça?

-C'est Aïsha elle même.

Elle a compris,et son visage se décomposa.J'ai passé sous silence à ma mère les sévices qu'elle me faisait subir.

-Et tu lui as pourtant offert un cadeau?

-Bah c'est ses 18 ans...

La vision du visage de ma mère me déchira encore plus.

Ania.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant