10 février.
Mon plâtre a été brisé,et d'après les médecins,c'est un miracle que j'ai guéri en un si court laps de temps.
-Vous êtes vraiment une résistante!m'ont-ils dit en me souriant,comme à une enfant,et en me donnant une tape dans le dos,sur ma veste blanche.
-Merci,j'ai dit sans les regarder,me tournant plutôt vers maman.
-Alors comme cela votre fille s'est faite tabasser par d'autres élèves?Ca alors,la vie ne doit pas être facile tous les jours pour cette petite...
-Ania est régulièrement harcelée en effet.Mais si vous voulez en parler,il serait mieux de ne pas le faire devant elle.Venez.
Ils sont descendus s'attabler à la table de la cuisine,car le médecin fait ses visites à domicile dans les riches familles comme la nôtre.
Ce sont des choses qui ne changeront jamais.Heureusement que je suis forte,que bientôt je pourrais danser ou skier.Je tire la langue avant de prendre une autre gorgée du verre d'eau à côté de moi.
Je me force à ne plus penser au bon vieux temps.A l'époque où là encore,ça pouvait aller.Quand j'étais encore toute petite dans l'oeuf et que les malheurs ne m'atteignaient presque pas.
Je ne dis pas que tout était parfait.Par exemple,j'ai le souvenir de ce parc à Paris où une autre fille de cinq ans,m'a dit que ma mère,si belle et si douce,allait finir en enfer parce que nous étions juifs.Tout ça s'est un peu perdu dans ma mémoire,et je glorifie le passé pour mieux supporter le présent.
Vous savez,New York ne m'a jamais fait fantasmer particulièrement.Je préfère la Russie,c'est vous dire.Autant faire mes études à New York est une option que j'envisagerais bien,autant la Russie qje pourrais clairement pas.
J'aimerais bien aller en Angleterre aussi.Ceci dit,pour ça pas la peine de forcer,on va déjà à Southampton pour embarquer.Je sais déjà quels vêtements je mettrais.J'ai plus pensé à des vêtements d'hommes une chemise à carreau bleu-noir,et des pantalons noirs avec des trous dans les genoux.L'idée semblerait assez bizarre,qu'une fille s'habille ainsi en homme marginal,alors qu'elle fait une sortie scolaire.Il faudrait que je ploie sous la pression sociale pour me faire sinon accepter du moins pas trop tapée.
Le médecin revient dans ma chambre,prêt à reprendre ses affaires et à me souhaiter bonne chance.Bien sûr,ils avaient passé pas mal de temps à parler ensemble,mais je ne comprends pas pourquoi.Ma mère était déjà marié,et de plus nous sentions la bière et la cigarette,qu'ils avaient échangé entre eux.
Oui,pour un médecin,c'est sûrement valorisant pour lui,de boire de l'alcool avec la femme d'un industriel.
14 février.
Hier,j'ai eu treize ans et demi.Mais bon,cela nous n'en avons rien à faire.
Je suis appuyée sur ma chaise,tapotant mes doigts contre le bois.J'étais maussade,triste.Les garçons ont été plutôt généreux avec les filles de ma classe,sauf avec nous,et elles ne faisaient que me le rappeler sans arrêt:
-Ils ont été généreux les garçons,n'est-ce pas Ania?Combien t'as reçu de fleurs?demanda Ophélie.
Elle testait clairement ma patience.
-J'espère que François va m'embrasser,pérorait Eurénice,mais bon je m'attends tellement à ce qu'il le fasse que je suis déçue quand il ne le fait pas.
-Je sais que tu n'as rien reçu!croassait Christine.
-Plus sérieusement,comment ça s'est passé avec Simon?je demande à Leslie quand personne à part Katty et Alizzia ne peut plus nous entendre.
-C'était bien.Il s'est bien comporté,rit-elle.
-Tu sembles si différente maintenant,constata Katty.
Elle lève ses sourcils.
-Non,je suis en quelque sorte amoureuse.Pourquoi vous n'allez tout simplement pas prendre un peu d'initiative.
-Pourquoi tu nous demandes ça?Tu nous connais très bien,répondit Alizzia.Les garçons ne nous aiment pas.
-Je ne vous demande pas de tourner autour des garçons du lycée d'en face après la fin des cours non plus.Juste de leur sourire,tout simplement.
J'inspire trop rapidement pour lui répondre et m'étouffe,amenant tous les yeux sur nous,alors que notre échange était censé être discret.
17 février.
Dans une semaine,juste après la fin des cours,nous prenons le train de nuit pour partir au ski.Avec notre famille polonaise.Un long trajet en train que j'attends avec impatience,et qui sera sûrement particulièrement long pour les Isenberg.Mon dieu,ce que j'ai hâte.
Même si j'aurais sûrement encore besoin de tenir tête à Zygmunt,pour ne pas qu'il me mène en bateau,ce petit playboy.C'est tout ce que je peux me souhaiter pour ce séjour.A part en profiter le plus possible.
Manifestement,il va falloir faire des efforts pour cohabiter tous ensemble,à neuf.Même si la maison est bien assez grande pour accueillir la classe d'un collège.
Je continue d'oublier ce qui se passe à présent au collège,je ne fais plus que compter les jours me séparant de mon départ au ski.Rien n'a plus d'importance,car après,je ne pourrais penser plus qu'au voyage à New York.
Je ne peux plus retenir mes larmes.Des larmes de joie et d'espoir.L'espoir de pousser au-delà des limites que m'avait imposé la vie.
Pourquoi,après tout,ne profiterai-je pas de l'opprtunité que m'avait offerte mon studio de danse?Pourquoi je ne poursuivrais pas mon travail acharné dans cette discipline,histoire de mériter un peu de bonheur?
Toutes ces pensées se bousculaient dans ma tête pendant que je rentrais des cours,entament mon premier week-end avant les vacances.
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Ania.
RandomAnia,c'est un peu un mélange entre toutes mes fictions. Ania,c'est un peu un personnage qui me ressemble tout en étant très différent. Ania,c'est un peu l'histoire dont j'ai eu l'idée le plus tôt. Ania,c'est un peu ce qui explique tout mon univers. ...