5 septembre 1911:Rentrée.

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La vague inquiétude qui fait que l'homme craint son désir accompli.V.Hugo.

Oui,je m'étais trompée dans ma lettre précédente,c'était une différence de trois jours et non de deux.

Ce matin,je me suis réveillée avec une boule au ventre,sachant que ce sera le renouveau de la rentrée des classes,le pire jour de l'année.Je frissonais durant tout le petit déjeuner,grignotant nerveusement des spéculoos dans une coupelle dorée.Mais je ne voulais pas expliquer aux autres d'où venait cette angoisse.Je sais qu'ils savent que je ne fais pas un caprice pour rester en vacances.Je me souviens seulement vaguement de cette matinée,rien de très net et pourtant c'était aujourd'hui.Je devais être trop endormie encore.Aïsha entrait dans sa dernière année d'études,et elle est partie seule très tôt ce matin car son lycée était vraiment loin.C'est Fifi,l gouvernante française qui va me conduire à l'école,à pied.

Durant le trajet d'aller,tenue par la main de Fifi,j'avais envie d'hurler qu'on ne me force pas à retourner à mon lieu de torture quotidien.Extérieurement,j'étais une jeune fille sage et riche,bien entendu.Intérieurement,j'hurlais à qui veut l'entendre que je ne voulais pas retrouver mon malheur.

Ca y'est,on arrive devant un mur qui entoure un parc,derrière une rangée d'arbre oranges et verts,et j'arrive devant ce grand bâtiment blanc qui ressemble à un château:l'école Odile de Castsisquiou,du nom d'un corsaire féminin.Le bâtiment était beau et majestueux,avec un beau parterre de fleurs formant le nombre "1821",mais je ne voulais pas entrer.De plus,aucune de mes amies n'étaient encore arrivée.

-Clara?fis-je timidement,consciente d'être rabrouée.Où se rangent les 4èmes?

-Qu'est ce que j'en sais?fit-elle,bougonne.

-Bonjour,Clara.

-Bonjour.

Car oui,dans ma précipitation ce matin j'avais oublié quelques détails,et quelques affaires,il était trop tard pour rentrer.Fifi est partie en m'embrassant,me laissant seule avec Clara Prodigua.Elle était bien agacée mais semblait aussi s'intéresser à mes vacances!

Mais elle ne me laissa pas finir et me planta là,sous prétexte qu'Eurénice et Marianne venaient d'arriver.Je l'ai rappelée mais elle m'a pas entendu.Comme par hasard...

Heureusement,c'est là que sont arrivées mes amies,qui avaient fait la route toutes les trois sans moi.J'avais beau les adorer,j'avais pas envie de parler avec elle des vacances tout en sachant qu'elles étaient toutes trois parties à l'étranger?Pour Alizzia l'Italie,pour Catherine l'Espagne,pour Leslie la Grèce...

Je ne suis pas certaine que nous soyons sur la même longueur d'onde pour ces choses-là.Mais je le suis résignée à le leur raconter,de mauvaise grâce.

Puis notre enseignante principale est apparue sur le balcon,et elle a égréné des patronymes qu'elle connaissait par coeur,avant de nous sommer de la suivre dans notre salle de classe,en face de celle des sixièmes.Pour l'instant ça ne s'était pas trop mal passée,pas d'insultes.Même pas de trisos qui fusent dans mon dos.La matinée de rentrée consistait à une distribution de manuels,à une présentation du programme de l'année.Pourtant,je sentais,je ne sais pas pourquoi,une jubilation injustifiée dans la voix de Madame Spencer.

Lorsque Clara fut raccompagnée chez elle,autrement dit la dernière personne qui attendait ses parents,je m'aperçus que Fifi n'était toujours pas arrivée.Je patientais encore un peu mais mon inquiétude pris le dessus.Rentrer seule du collège,pas de problème,mais Fifi était censée venir!

Lorsque Fifi arrive enfin,voilà la conversation qu'on a eu:

-Hmm...comme s'il s'agissait d'une tâche de même ampleur que le transport de fagot de bois.

-Fifi!m'écriai-je,surexcitée.

Et elle me prit par la main,comme à une enfant,pour me raccompagner à la maison.Cela a jeté un froid entre nous,et j'ai décidé de ne pas raconter ma journée.

Coucou,j'espère que mon histoire vous plaît toujours!Merci à Jeannonyme,Dansedanse001 et Anoukie123 pour tous leurs votes!

Ania.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant