Courage.

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5 décembre 1911

Malgré cette réunion,le collège reste...le collège.Peu de place à la fuite,entouré de murs,avec des tortionnaires.Un bagne,en gros.Mais je suis moins triste,parce que je sais que ce cauchemar prendra fin par quelque chose de génial.Qu'un jour je gagnerai mon combat,dans un monde où la tolérance règnera,et ma vie changera.Ou pas.

Oui,ma vie changera.Parce que je ne serais plus du tout la même après.L'année difficile de 1911 s'achève,et l'année de 1912 commencera,présage de lendemains radieux.Sur ce bateau,je ne serais pas non plus obligée d'avoir les autres sur le dos,ils seront bien trop occupés à profiter de toutes les ressources du bateau.On ira à la piscine,on ira faire du sport...

Et en rentrant aujourd'hui,une bonne surprise m'attendait sur la table de la petite salle à manger,celle adjacente à la cuisine où on peut se retirer pour goûter en silence.C'était un grand pot de pâte à tartiner aux noisettes.Je poussais un petit cri de joie en le voyant,ça allait me faire du bien après une journée aussi difficile où je me suis faite frappée la poitrine.

-Alors,tu as quelque chose à me raconter?demanda Papa.

-Rien de spécial,mentis-je en me détournant du cadeau.

-Mais enfin!Tu crois que je n'en sais rien!La mère de Millet m'a tout dit,elle était choquée!Tu laisses les filles de frapper la poitrine maintenant?

-Mais papa...Ce ne sont pas tes affaires,tu vas aggraver les choses au lieu de les arranger!

-Je m'en fiche j'irai quand même,c'est inadmissible!

-Hors de question!Hors de question!Hors de question!

Perplexe,il ne bougea pas,et j'ai couru m'enfermer dans le bureau pour écrire cette lettre,et pour enlever ce corset qui augmentait la douleur de ma poitrine frappée.

D'abord,qu'est ce qui lui a pris à Catherine de tout raconter à sa mère?

9 décembre 1911

Dernier week-end avant les vacances de noël et on sait toujours pas si on va oser fêter noël.Bon,on a hanouka.Ce que les autres filles n'ont pas.Haha.Mais comment dire?

Même si pour nous la semaine du 16 au 23 décembre est très belle,je me vois mal passer la soirée suivante comme si c'en était une autre,tandis que le reste du monde aux alentours retrouve parents soeurs et autres parasites devenus gentils,nous allons rester dans notre grande salle à manger à nous disputer alors que même la famille Maclaret se calme,ben c'est pas top,quoi.

-Bon..disait ma mère,en tout cas j'ai pas envie de me mêler de l'organisation!

-Promis!Promis!

-Je suppose que tu as réussi à me convaincre,mais voilà je sais comment ça commence,tu veux faire une fête,tu te convertis....

Ah,non.Je ne ferais pas ce plaisir à Maclaret.

Sinon,j'étais avec Aïsha dans la rue,elle voulait avoir quelqu'un avec qui rentrer,et j'ai croisé son islandais chéri.Elle a remis en place un mèche de ses longs cheveux très clairs,s'accrochant à mon bras et l'accrochant lui avec un petit sourire rassurant.Je me suis demandée si elle ne pouvait pas le refaire si souvent,ça change tellement son visage froid et cruel.J'espérais que oui.

-Excuse-moi,c'est ma petite soeur...

Quelle excuse!Elle voulait me faire retomber ça dessus!Vexée,je lui ai dit que ce n'était pas embêtant,que je devais y aller,que surtout il fallait pas faire attention à moi,et bien se bécoter devant tout le lycée,pour afficher sa suprématie.Je me suis pas retournée,mais je crois qu'elle l'a fait.

13 décembre 1911

 J'ai été réveillée ce matin par mon père et ma soeur qui se disputaient à propos de Mart.Je suis descendue avec encore les traces de taie d'oreiller sur la joue,et je me suis placée entre les deux,comme une mère qui ne peut pas faire la sieste à cause de ses deux fils et j'ai dit:

-Aïsha,je sais que c'est particulièrement difficile pour toi et que le sujet Mart est extrêmement sensible.

Elle s'est mise à grimacer de dégoût,ce qui en langage Aïsha veut dire:

-Qu'est ce qu'elle fait là encore la morpionne qui comprend rien?

Après tout,il ne s'agit que des histoires de coeur de ma soeur.Après ce que nous avions vécu,elle ne pouvait pas me remercier!

Et puis maman passa,l'ange brun de Paris.Et elle arrange la situation,lui trouve les mots justes,et bizarrement tout devient mieux.

C'est injuste!Je ne veux pas être la seule à souffrir!Pourquoi c'est toujours moi!

En tout cas,j'arriverais très bien à me remettre de ton départ en Islande.

Ania.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant