8 avril 1912.

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Je m'appelle Ania Pietrucheka,j'ai 14 ans et j'embarque en première classe dans deux jours,piur la croisière inaugurale du plus grand bateau du monde.Le fils de Madame Spencergates part aussi.J'ai préparé mon sac d'affaire personnelle,environ 590 francs sur moi , et je tremble encore comme une feuille à l'idée d'aller là-bas,et j'ai surtout pas oublié mon maillot de bain car nous aurons accès à une piscine.Je vais changer ma vie,entrer dans une nouvelle ère,comme une immigrante.

Ma vie était un néant d'accablement et d'ennui,et elle change.Avec celle dont l'existance seule à suffit à me redynamiser,pour ne pas suivre l'école à la maison.Mais il me faut un peu sortir de mon milieu de vie pour réussir dans la vie,me disait mon père.Parce que lui et ma mère,venaient de loin.

Mais il ne connaissait rien à l'école,il ne connaissait rien au collège,au travail scolaire,alors de quel droit me faisait-il cette remarque,lui qui étudiait tranquillement chez lui avec sa grand-mère qui l'a élevée?Qui l'a élevée avec cette lueur dans le regard,la lueur de ses bougies,celle qui a tant marqué mon enfance avec cette dame tellement vieille et tellement vive,qu'on ne mettait que quelques millièmes de secondes à reconnaître?

-Ania,me prévint papa,à propos du voyage à New York,je ne rachète pas les affaires que tu perds.

-Mais tu en as les moyens,je réponds avec un grand sourire.

Il me jaugea tout de même quelques instants et il put voir et revoir toute la peine qu'il savait faire naître dans mon regard.Je suis remontée dans ma chambre souffler un coup sur mon lit et ayant oublié ce que j'étais censée y faire,je suis redescendue dans la cuisine pour demander sans trembler:

-Tu me prépares le truc pour demain?je demande à la cuisinière polonaise.

Elle ne relève pas la tête,et soudain elle tressaillit,rajuste ses lunettes et demande:

-T'as parlé?

-Tu me fais ma nourriture pour demain?

-Tu n'as pas touché à ton pain perdu à la myrtille...

-Il est excellent,ne pense pas le contraire surtout,mais vu l'état de stress permanant avancé dans lequel je le suis je vais pas la manger.

J'avais les yeux plantés dans les siens,et j'étais assez euphorique pour faire un peu partout des entrechats et des arabesques.Ou alors je m'allonge sur un des canapés,je repose les coussins et je me love doucement.Je réprimais les fous rires et les sanglots de mon mont blanc émotionnel,les effets de ces moments où tu réalises que non,tu n'as pas rêvé et que tu ne dormirais presque pas ce soir.Voyant mon excitation,la vieille et maternante cuisinière fit glisser doucement un doigt sur ses lèvres.

-Shshshsh...calme-toi,Ania.Je me demande comment tu vas faire le jour de ton mariage.

-Je ne me marierais jamais.Je ne trouverais jamais le bon gars,j'ai répondu avec tristesse et réalisme.

Elle me caressa les cheveux et elle me dit que je n'en savais rien.Pourquoi est-ce qu'on me fait autant de cachoteries?Je suis sûre qu'au fond d'elle elle sait aussi que je vais mourir pucelle.

Vers 17H30,j'ai mis fin à ma souffrance et à ma faim et je suis allée au rez de chaussée prendre le pain perdus aux myrtilles,mais il se bloquait dans ma gorge.Mes soeurs se moquaient par jalousie de mon excitation,qui était un peu désagréable,finalement.Une douce musique était perçue dans le salon.Mes mains glissent sur les longs rubans de carotène noire qui entourent mon visage,avant de les chiffoner à me brûler les mains.Légèrement d'abord puis de plus en plus fort après.La musique m'encerclait,et je ne me souvenais qu'il y ait une quelconque occasion spéciale aujourd'hui.Les 19 ans de la rencontre de mes parents?C'est en janvier,et il ne le fête pas.De leur première fois ensemble peut-être.Mais je ne pense pas qu'à 40 ans on fête ce genre de chose...

Ania.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant