17 Avril 1912.
Je déperissais à tel point que Madame Spencergates voulait m'aider à me reconstruire.Et pour cause.Elle n'avait pas su nous protéger à tant.C'était tout ce qu'elle pouvait faire.Elle n'avait comme qualité unique que d'être née dans un milieu social apte à l'enseignement de jeune fille contre nous,à présent,après une nuit sous tente sur le pont d'un bateau,elle pense que je ne peux être récupérée qu'en fabriquant des avions en papier.
De braves gens s'intéressaient bénévolement à ce que nous avions vécu.Je leur répondais qu'ils feraient mieux de s'intéresser à la suite d'illusions et de déceptions subséquentes qui a poussé des familles entières à s'embarquer ici jusqu'à la catastrophe.
Cette histoire ne devait appartenir qu'à moi-même,je l'ai partagé et je désire recommencer.Personne ici ne nous avait vu,nous et les familles,mourir.Personne n'avaient vu ceux qui couraient dans les couloirs,dont les mains glissaient des rembardes pour les laisser s'écraser en bas,personne ne m'avait vu embrasser mon petit ami mort.Par contre,Martin m'avait vue gisante sous le givre Atlantique,et Christine m'avait même dit,avec un sourire radieux,jalouse de l'attention qu'on me portait,que dans un autre établissement,on m'aurait renvoyé.Puis une se renfrognant,elle convint que ce serait pour une cure.
Nous avons rencontré trois filles.Une anglaise,Kate,de la même classe que nous,une jeune fille qui venait de perdre son père.Ce que je trouvais intéressant,c'est que l'une de ses amies,qui semblait souffrir comme si elle avait reçu un couteau au bas-ventre,une irlandaise rousse de troisième classe,avait connu une polonaise et une autre femme nommée Gerusha.Brune comme ma mère.Juive comme ma mère.Russe comme ma mère.Et douce comme ma mère.Et mère,comme ma mère.Je passais un temps à parler avec elle.
L'irlandaise et l'anglais connaissaient également une fille de Paris comme nous.Héloïse était plus âgée que nous,d'un an,en réalité seule l'irlandaise avait mon âge.Si la mère de Katty vit à Paris depuis neuf générations et que le père de Millet,vient d'une des familles les plus riches de Grenoble,c'est la mère d'Héloïse,petite bourgeoise rigide,qui vient de cette grande ville de montagne,et le père qui est parisien.
Malgré tout,même si je m'endors sous le poids de la fatigue,les cauchemars me hantent,pourtant,je vais lui faire honneur,je vais jouer la forte,je vais jouer la dure.Voilà ce que j'ai pensé en pleurant et en regardant la Statue de la Liberté,devant laquelle j'espérais prendre la pause en compagnie de mes amies.
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Ania.
RandomAnia,c'est un peu un mélange entre toutes mes fictions. Ania,c'est un peu un personnage qui me ressemble tout en étant très différent. Ania,c'est un peu l'histoire dont j'ai eu l'idée le plus tôt. Ania,c'est un peu ce qui explique tout mon univers. ...