Joli cadeau pour ma soeur.Il y avait une chance sur 7 qu'elle fête son anniversaire le jour de la rentrée scolaire,et c'est ce qui justement lui arrive maintenant pour ses neuf ans,elle retourne en classe,et personne ne trouve rien à redire,personne ne le lui souhaite,sauf bien sûr quelques élèves bienveillants,on les appelle ses amis.Et puis bien sûr,sa famille le lui souhaite aussi.
Après un repos bien mérité,pour moi aussi c'est le moment de retourner sur les bancs de l'école.Ma prof,Madame Spencergates,nous a encore parlé du voyage,réclamant la suite du paiement,et nous donnant avec exaltation des informations,comme le nom de l'architecte ou du capitaine.Edward Smith et Thomas Andrews,respectivement.Il y aura une réunion dessus le 1er décembre,d'ailleurs.En entendant cette date,je me suis littéralement jetée sur ma plume et mon encrier,il fallait absolument que je note la date,que je compte les jours,demandant dans un état de reconnaissance éperdue d'avance à ma mère de participer.Elle a accepté,bien entendu.
Malheureusement,une dispute éclata soudain avec Aïsha et elle n'intervint pas,ne voulant jamais prendre parti.Pour sa part,la jeune fille de neuf ans ne savait pas dans quel camp elle était,et c'était sa journée.C'est elle la plus importente.Elles étaient partagées entre la compassion pour moi qui étais malheureuse et discrète,Aïsha qui est au fond mal dans sa peau et renfrognée.Tu parles,elle est juste méchante.
Je crus un instant qu'elle allait me crier dessus mais au final elle n'en a rien fait.Elle souhaita joyeux anniversaire à sa soeur.Elle ne la remercia pas,mais songeuse elle haussa un sourcil.
-Euh,t'es sûre que ça va?
Elle était vraiment indéchiffrable,avec tous ses jeux,son aggressivité,son tempérament fonceur,son amour pour maman,elle se disputait avec tout le monde pour leur lien dont elle n'a aucune preuve.Puis,après qu'Aïsha dise "elle est folle",elle fuya.Pourtant,j'ai jamais vu quelqu'un d'aussi obstiné qu'elle.
Sasha alla se cacher dans le bureau où j'avais l'habitude d'écrire,et renversa quelque chose.Elle crut qu'il s'agissait de lettres,d'un brouillon de lettre,elle le criait dans l'escalier.J'ai foncé la retrouver,hystérique.
Elle regardait les feuilles,le papier jauni de cette véritable relique de l'enfance russo-juive de ma mère,celle où maintenant jécris mes pensées.Elle tremblait cette idiote,sachant que cela comptait beaucoup pour ma mère et bien plus encore pour moi,puisqu'au moment où j'écris j'ai mal.Elle avait lu attentivement mes lettres,et elle était choquée de ne pas avoir vu les détails qui lui auraient mis la puce à oreille.
-Alors,j'ai dit,on enfreint toujours toutes les règles!
-Tu sais quoi?j'en ai marre de tes histoires.Je voulais t'aider,c'est tout,je voulais seulement t'aider!Et puis,alors papa est un père indigne?Eh bien dans ce cas là je pourrais lui dire,et tu vas devoir t'en aller.Allez,quoi,c'est mon anniversaire,aussi...
Je la vis se contracter,et il ne fallait surtout pas que cette petite hystérique devienne violente.
-maman!Viens!
Elle arriva,en courant,et en soulevant sa jupe pour ne pas dégringoler,elle arriva dans ce bureau.Elle s'aperçut de la présence de Sasha et se tourna vers elle.
-Tu t'es bien faite engueuler,non?
-Oui,enfin,je l'avais un tout petit peu mérité,mais pas tant que ça,enfin...
Et elle lut mes écrits.La pauvre tremblait,j'en avais mal pour elle,elle n'y était pour rien.
-Mais pourquoi?pourquoi n'ai-je pas une fille pleine de joie de vivre?Pourquoi es-tu toujours en guerre contre ton père alors que tu as la chance d'en avoir un?Moi,à ton âge j'en avais plus de père.
Elle s'approcha d'une pile de papperasserie.Elle en souleva une délicatement et l'envoya valser dans la petite pièce boisée.Je m'étais interdite de pleurer en public,surtout devant maman.Pourtant je trouvais ce spectacle terriblement émouvant et pas ridicule du tout.
Je n'étais capable que de ça.Le reste,c'était trop pour moi.J'étais plongée dans la déprime,et je ne voulais plus en sortir.A treize ans j'ai fermé la porte.Je pleurais.
Ma mère en avait vraiment assez.Elle m'empoigna la main et nous força à descendre.J'essayais de me libérer d'elle,mais à chaque fois elle serrait plus fort,et la gêne se transforma en douleur.
Je détestais la compagnie des autres,et pourtant la solitude était l'une des pires tortures que l'on pouvait m'infliger.Personne ne pouvait me comprendre.C'est pour ça que j'ai des amies.J'ai eu la chance de trouver celle qui me ressemblent le plus.Nous avions un gros point commun,c'est que personne ne pouvait nous comprendre.
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Ania.
RandomAnia,c'est un peu un mélange entre toutes mes fictions. Ania,c'est un peu un personnage qui me ressemble tout en étant très différent. Ania,c'est un peu l'histoire dont j'ai eu l'idée le plus tôt. Ania,c'est un peu ce qui explique tout mon univers. ...