Flash Forward 3:Mes amies.

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Un titre ne peut pas être plus simple.Ce sont ce que mes amies vont devenir quand je ne serais pas là.Je n'en avais jamais eu d'autres.Alors dés mon retour et toujours avec mes carnets j'avais souhaité recueillir des précisions sur leurs destins.Mais chacune a gardé son jardin secret,prétextant que c'était sa vie.

Leslie était la seule à être restée à Paris et donc celle dont j'ai le plus facilement eu des nouvelles.Elle vivait toujours chez elle,il suffisait d'écrire à son adresse,et malgré son intelligence limitée il lui suffisait de recopier les caractères cyrilliques servant d'adresse,traduction de ceux déjà retraduits en français.Leslie a vécu dans notre pays natal pendant la guerre,elle gardait son cadre pour nous trois et elle savait plus que quiconque ce qui arrivait aux gens qu'on a connu pendant la guerre.Aux élèves de nos écoles de fille,rien.Aux hommes si et c'était là que Martin intervenait.Parce que oui l'enseignante incompétente qui lui servait de mère avait un frère,un père,des cousins.Georges,Lucien,tout ces gens;ils vivent en France,ils ont une bite,ils ont plus de 18 ans et ne font pas partie d'une élite haut placée qui pourrait se gaver sur la vente d'arme.Ils sont donc partie dans la même guerre,contre le même ennemi,sur le même front.Je ne cessais ainsi de demander à tous les français s'ils auraient pu,voir mon père.

Je l'ai su ce que faisait mon père en ce moment,rentré du front un peu avant la fin de la guerre une couverture à carreaux qu'il se tirait jusqu'aux lèvres,pas de blessures ouvertes apparentes mais une maigreur curieuse qui affectait tous ses membres,qu'il m'avait fait cette confidence tout aussi étrange:

-Mon père me l'avait dit sur son lit de mort,ce que j'ai à te dire est très important.Je l'avais aussi confié aux soldats autour de moi...

-Ce que ton père t'avait dit en mourant...avait murmuré Waysa..On sait déjà qu'on est pas des petites filles ordinaires.

-écoute ce que je vais vous dire vous allez le garder pour vous,d'accord?

Il avait spécifiquement lancé un regard à mon attention,sachant pertinemment que sa fille était assez stupidement égocentrique pour penser écrire le journal,que dire,le roman de sa propre vie.

-Retombez pas aux mains de la juiverie.

J'attends que t'ai fini de rire.C'est bon vous êtes sèches?On peut y aller.Vous vous souvenez de ma grand-mère Zajelen Mokóg?Elle m'avait confiée la même chose.

-Zajelen?a fait ma mère qui l'avait très bien connue mais qui écoutait elle aussi,il n'allait pas chasser de la pièce sa femme de qui il avait été séparé pendant 4 ans.

-Oui vous vous souvenez à quel point elle était fière de ses origines?Le monde est pas rose,il y des gens mal intentioné de tous les côtés.Des  groupes occultes de tous les horizons.Vous imaginez ce qu'ils feront d'une telle information?Une famille de juifs capitalistes qui vivait dans la misère au milieu du XIXème siècle,qui a fondé sa fortune sur une entreprise de glaçons produits par la pensée,et dont tous les membres naissent avec des pouvoirs magiques?Une famille entière qui naît avec des pouvoirs cela peut représenter une véritable arme en soi,mais quand tu vois le milieu dont on est issus rends-toi un peu compte de ce que ça implique.

Il était écrasé de douleur physique et de lucidité tragique.Il était entouré d'une fille de 16 ans prête à accoucher,d'une fille spécialement venue du froid pour le voir et présentant les premiers signes de la grossesse ainsi qu'une paire de jumeaux d'environ 5 ans,et d'une fille d'une vingtaine d'année elle aussi au ventre arrondi,un marmot de 3 ans dans les bras.

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Alizzia n'était pas amie pour le symbole.Ceci dit elle avait compris ce que c'était indispensable à sa survie.Ils étaient deux français dans son équipe à edimburg,une fille et un garçon qui vivait là depuis longtemps,un fils d'ouvrier presque trentenaire,un gars du Nord pour qui la petite parisienne allait forcément être un bon parti, avec une belle gueule.Française,l'était-elle seulement?Toujours est-il qu'elle était mieux loin de nous,dans le pays même où Tristan était enterré,avec son partenaire de danse classique,les mains sur ses hanches.Des informations éparses,des petits morceaux de vie appris au détour d'une lettre.Pas vraiment de quoi s'inquiéter outre mesure pour sa famille,ils ne participaient 'même pas'à la guerre.Jules Decotte qu'il s'appelait,il venait du bassin minier,mais ses muscles étaient si bien situés dans ses jambes et dans son corps qu'il pouvait espérer un meilleur destin que celui,à la germinal,de ses parents.16 ans c'est peut-être un peu jeune pour se marier me diriez vous mais ses parents étaient beaucoup plus jeunes que ça quand ils se sont fiancés une première fois,ce qu'ils avaient toujours refusé pour leur fille m'avait elle dit.Voilà tout ce que je savais de sa vie et ça me faisait du bien au moral,depuis la Russie.

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Mais celle que je considérais comme l'amie par excellence,la femme de ma vie,d'un point de vue purement hétérosexuel,c'était Catherine Millet.Elle était à Kiev pour jouer du piano camouflée derrière les décors grandioses de chaque scène de ballet,regardant avec honte les autres garçons avant de se rappeler qu'elle devait porter le deuil d'un garçon depuis toute jeune fille.Plus tard elle me fera remarquer que la question se posait,quant à savoir si Kiev c'était bel et bien la Russie.Les gens trouvaient jolis son nom de céréale et son prénom de bourgeoise chrétienne.Son physique improbable et pourtant si plaisant,sa profonde érudition et la volonté respectueuse qu'elle avait d'apprendre la langue,ce qu'elle faisait avec beaucoup de talent.On était dans le même empire mais je ne l'ai pas vue jouer.Elle était rentrée en faisant promettre à ses parents de ne lui poser aucune question sur Kiev.

Ania.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant