Confrontation.

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Je n'arrivais plus vraiment à savoir si c'était de l'amour ou de l'amitié que je ressentais pour Martin. D'un autre côté, je l'ignorais pour Tristan et j'étais prête à mourir pour lui. Avec une comparaison de ce type je n'étais pas vraiment plus avancée. Ma vue était tellement brouillée de larmes en repensant à tout ça, plus devant la tristesse devant la situation que devant l'idée que cela me soit arrivée à moi, et en  y repensant...

Malheureusement il a fallu qu'il y ai au moins un énième entraînement , tombant comme un cheveu sur la soupe, dans une cave, et bien entendu il a fallu que les exigences physiques soient toujours aussi excessives. C'est ce qu'on disait de l'école russe, et je croyais, avec toute la prétention dont j'étais capable, j'avais cru stupidement que c'était de la jalousie.

Mais j'étais prise entre deux feux: et je me retrouvais confrontée comme pas mal de gens ici à mon propre métabolisme. Ils semblaient plus regardants qu'avant sur les débordements de la chair. Et cet entraînement n'avait pas lieu sur le site même de l'académie; et il va faire chaud. On est en octobre,de l'année 1915, et j'avais le sentiment qu'on avait trop chaud. Et j'y suis allée avec les deux filles de ma chambre, en nous balançant les mains , espérant créer un courant d'air entre nous. On y va à pied, et on se dit que ça va nous faire du sport, et que de toute façon , comme par le plus grand de tous les hasards , le métro est en panne, et on chante. C'est un bon signe d'intégration ça de pouvoir chanter naturellement dans la langue des locaux. Même si...riai-je intérieurement, c'est la langue d'autres locaux que je chanterai bientôt.

élipsons tout le voyage et arrivons à l'arrivée. Arrivons à la scène, à la danse. La musique démarre et je ne peux m'empêcher de sourire en l'entendant.

Par contre je ne sais pas exactement ce qui s'est passé entre temps, mais je me réveille à l'hôpital. Pas dans un lit. Pas dans l'infirmerie. Non,à l'hôpital.

A l'hôpital. Et je suis bandée. Martin a-t-il essayé de me tirer dessus

Je crois que je deviens un peu parano. J'étais là et y avait un vrai souci.

On me tapota l'épaule, alors que j'allais ouvrir la bouche, avec une facilité qui me soulageait,

Et sans surprise, il s'agissait de Marusia qui était pourtant à mes côtés il y avait encore quelques secondes, et je me suis demandée où était la blague. J'étais perdue.

-Qu'es-ce que c'est que cette histoire?

-Il y a eu un accident.

Je me suis effondrée sans transition, l'idée d'un accident avec mes pouvoirs m'a agrippé l'esprit et n'a plus voulu partir.

-Mais ma chérie ne t'en fais pas la police a dit qu'il n'y avait pas eu de victime?

Tu parles,aucune police ne protège le peuple ici. C'est là que Martin est entré avec des fleurs passe-partout et je n'avais absolument aucune envie de m'engager dans une conversation avec celui ci,je lui ai lancé un regard plus que suspect mais j'ai pris sur moi parce que dans ma vie faut se mouiller (comprenne qui pourra) et j'ai demandé à l'un des deux de me chercher une boisson en bas et je me suis donc retrouvée seule avec Martin.

-J'ai lu ta lettre, lui ai-je dit alors qu'il était encore à l'autre bout de la pièce.

Malheureusement je n'ai pas eu le temps de lui dire ce que j'avais sur le coeur qu'une voix féminine s'est faite entendre,de l'autre côté de la porte.

-Mesdames et messieurs, je pense que vous devriez sortir d'ici. Vous devez vous diriger vers l'issue de secours la plus proche.

Mais ne vous en faites pas nous allons vous...

-On a un incendie,oui! Encore un accident. Ils doivent chercher à se débarrasser de moi.

Mais oui Martin! C'est pour ça que c'est un iceberg qui avait coulé le Titanic!

Un grésillement proche nous faisait réaliser l'urgence de la situation. Alors je me suis rappelée de ces moulinets avec les bras dans la chaleur tout à l'heure. Je ne voulais pas qu'à nouveau mon pouvoir ne sauve qu'une seule vie la mienne. Un incendie dans un lieu où beaucoup de gens ne peuvent pas se lever, sincèrement c'est horrible. Je n'avais plus utilisé mon pouvoir depuis longtemps, ai-je pensé, ça peut le faire et de toute façon on n'a pas vraiment le choix,ça DOIT le faire.

-Martin Je ne peux pas me lever.

Il s'est précipité et avant que je n'eus le temps de crier ou de tousser, j'ai senti la fraîcheur d'une bulle autour de nous. Les flammes étaient déjà là,elles pouvaient presque nous toucher, et nous étions deux à avancer.

-Approche des flammes.

-Mais il faut une citerne d'eau pour  éteindre un incendie et les pompiers n'arriveront jamais à temps!

-On va pas prendre le temps de se dire adieu. Je te dirai juste que j'ai lu ta lettre.

La bulle ondulait et je me doutais bien qu'elle allait surtout s'évaporer, et ça Martin le savait bien alors il eut l'inspiration de ne pas m'obéir. Mais j'avais les parois de la bulle serrées dans mes mains et avec toute la hargne que je ressentais, comme un message adressé à nos ennemis d'Ankarka, je l'ai lancée sur les flammes en bas; en bas, et c'est après cela qu'avec agilité Martin m'a déposée sur la fenêtre, en face de laquelle se trouvait une foule généreuse prête à nous accueillir si l'on chutait.

-Imagine que je m'envole, ils vont me poursuivre avec des couteaux de cuisine!

-Ils vont pas te faire ça alors que tu viens de survivre!

-Martin,j'ai fait en m'accrochant à la fenêtre, regarde derrière. On dirait que..On dirait que ça fonctionne!

Les pouvoirs obéissent peut-être à des règles précises, peut-être qu'il faut faire des choses, souffrir face à leur évolution.

-Alors c'était un incendie ordinaire. Si les ankarkéens voulaient réellement ils m'auraient fait beaucoup plus de mal, lui ai-je sorti avec dans la voix les trémolos du soulagement.

-On va quand même descendre par ici d'accord, a fait Martin en s'approchant de mon visage.

-Il commence à faire chaud non.

On parie combien qu'à nouveau il n'y avait pas de victimes! En me jetant sans pudeur dans foule, ma jupe volant très haut par les lois de l'atmosphère, je me suis dit qu'il n'y avait pas eu de victime ce que la presse qualifiera plus tard de victime en accusant les mouvements de gauche.


Oui oui vous avez bien lu,en accusant les mouvements de gauche. Mes problèmes sont bien terriens. Je ne sais pas ce qui est le pire entre les deux.

Et je peux vous dire que frôler la mort comme je l'ai fait en moins de trois heures c'est pas banal. On va s'intéresser à moi et on va se poser des questions.

Ah non Marusia avait raison, je suis vraiment paranoïaque. Et Martin. On partage pleins de choses nous deux quand même. Je me suis retournée vers lui et j'ai fait le grand sourire qui veut tout dire et je me suis dit que je n'avais pas pensé à ma mère ni à mon père aujourd'hui.

Ania.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant