Flash Forward 2:Meanwhile

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J'ai longtemps ignoré ce qui se passait en ce moment même ailleurs,pendant ces années 1914,1915,1916.Pourtant ce n'était pas peu dire qu'au niveau de ma vie ce furent les années les plus charnières de toutes.Oui avec le recul et ce malgré mes origines juives,toutes les pertes que j'ai pu vivre pendant la Seconde Guerre mondiale ne furent pas aussi constitutives de mon identité que ce qu'il s'est passé pendant la première guerre mondiale.

Bon,vous êtes prêts?On y va!

Je savais que mon père et Albert étaient à la guerre pendant ce temps,et n'ayant que l'adresse de sa fille aînée pour transmettre des nouvelles.Mais de son expérience on en reparlera un jour promis.Je savais déjà par Aïsha que c'était l'un des plus vieux à avoir pris l'uniforme militaire,et il avait dû surprendre pas mal de monde,avec son accent polonais tirant sur le yiddish aussi prononcé,l'argent qu'il possédait,le fait qu'il ne prenne pas de permission,et surtout,Waysa (je switche entre les deux prénoms désolé quand je rééditerai ce sera plus simple de corriger ^^)s'est posée une question qui me marqua à mon tour:Quid de ses pouvoirs?Elle m'a demandée de regarder sa signature parce que c'était ce qui elle la choquait le plus.C'était troublant d'échanger posément avec elle à ce sujet,dans des circonstances aussi graves.Alors j'ai regardé au bas de la lettre pour voir la signature.

Abel.

Alors j'ai relu la lettre.Il parlait de ce qui serait autorisé par le règlement ou pas.Il me parlait de son espoir de voir la guerre se finir en décembre.Et le 23 avril 1915,elle m'a transmise cette lettre.Elle commençait par ne l'oubliez pas.

Il expliquait avoir bondi hors des tranchées avec un linge mouillé par ses propres pouvoirs magiques sur le visage comme le véritable héros qu'il était.Et il nous a présenté ça comme quelque chose de lâche.J'allais répliquer que c'était un peu inutile de commenter sa propre attitude en temps de guerre,vue que j'aurais été beaucoup moins courageuse que lui,jusqu'à ce que je comprenne où il venait en venir.Albert qu'il avait voulu protéger en s'engageant était mort au bout de huit mois de combat.Même en ayant aucune nouvelle de ma famille et en ayant déjà vu mourir Tristan et des milliers de personne avec lui,la violence de cette scène et la disparition d'Albert me heurtèrent malgré tout.

Il expliquait que vu ses supérieurs il ferait mieux en tant que juif surtout de s'abstenir de quitter le combat.Et puis il m'expliqua qu'il ne voulait pas quitter le combat.Le papier brun était constellé d'alvéoles salées,pouvant être celles de Waysa tout comme pouvant venir de lui.Il expliquait qu'il voulait se battre.Que sa mère qui avait peut-être vécu le pire était quand même morte comme une héroïne.Qu'il regrettait de ne pas avoir été comme elle et qu'il voyait cette guerre comme une occasion de se battre et de montrer au monde sa vraie valeur,qu'il ne voulait pas passer toute sa vie à vivre sur les ressources de l'entreprise de glaçons comme un capitaliste minable.Et puis il avait envie de se battre pour ce pays,nous rappelant qu'il n'avait eu aucune raison de nous accueillir alors que nous riches entrepreneurs ne pouvions fuir rien de particulier.Il déclarait que c'était son principal voeu après la guerre,faites de lui un citoyen comme il avait fait de ses filles des françaises!

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Sasha entendait au loin le chant mélodieux et mystérieux d'une meute de loup alors qu'elle venait de chasser pour nourrir de grosses créatures de la steppe sa mère qui allongée sur le côté,plaisantait en demandant si la viande était casher ou non.C'était sa plus jeune fille qui s'occupait d'elle.

-Maman,explique moi maintenant,qu'est-ce que tu cherches.

-J'ai besoin de retrouver l'endroit où je suis née...Tu verras pourquoi.

A plusieurs reprises,la fille transformée en loup courant devant sa mère habillée toute en noir dressait les oreilles et la queue,intéressée par tous ces sons et surtout cette absence de son qui lui rappelait son futur,avec une boussole pour tout guide.Comme disait Sasha,je la connais pas l'odeur de ton village.Elle se léchait les babines chaque fois qu'elle voyait des bestioles qu'elle n'aurait jamais eu idée de manger y a encore quelques années.Et Gerusha ça la faisait bien rire.Mais elles ont finalement découvert le village.Un village juif en plein milieu de la Russie peuplé uniquement de  russes ethniques,où sept générations ont vu le jour et où pourtant toutes les maisons sont neuves,dans une journée encore plus sombre que certaines nuits.Les pauvres n'avaient vraiment aucune chance dans la vie,mais ils persévéraient.En vue du village,depuis une côte montagneuse qui lui donnait aussi vue sur un monastère orthodoxe situé pas très loin et qui avait eu un rôle très important à jouer dans cette histoire.Elle descendit la crête et se précipita sans réfléchir dans les rues du village avant de se prendre les pieds dans sa propre inquiétude.Suivie par une fille nue d'une douzaine d'année qui courait partout.

-Je m'appelle Gerusha Samuda!a-t-elle crié avant que l'on s'en prenne à elle,levant la main et les arrêtant d'un seul et même coup comme si elle avait développée,elle aussi,des dons extraordinaires.

-Samuda?

Le soir même elle avait pris place sur le balcon de bois d'une des cabanes de l'allée centrale du village,la forêt noire derrière eux alors que la nuit tombait,sa fille les mains croisées sur ses genoux comme sur une peinture chrétienne et ne comprenant rien à ce qui se passait,écoutant des chansons qui la faisait rattraper le temps perdu,des larmes dans les yeux,développant une conscience politique et nationale qui ne tarderait pas à retomber sur sa fille.

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En effet,c'était pendant ce temps que j'ai subi mon dépucelage politique,il était temps,principalement pour les mêmes raisons que maman.Tout ce qu'il y avait un peu de politique dans ma vie semblait aboutir à l'engagement politique qui avait marqué mon adolescence.Parce que ce qui se passait me faisait beaucoup réfléchir.Déjà y a l'antisémitisme.

Je savais ce qui était arrivé au village natale de ma mère je sais ce qui m'est arrivé quand j'étais étudiante.Et je sais ce qui peut m'arriver ici.Il arrivait comme une vieille copine me mettant la main sur les yeux avec un je t'ai manqué j'espère!Erk.

La situation en Pologne aussi.C'est 50% de mes origines quand même.Et ça ce sera un dépucelage politique pour Zygmunt qui changera sa vie pour toujours,mais tout ça à l'époque j'en savais rien.

Dés que j'entendais parler de ce pays mes mains se faisaient moites.Je me rappelais de l'importance que ça avait dans le passé de ma famille.Mon père m'avait raconté comment Jakub et Biala qui étaient montés à Varsovie dans l'anonymat le plus total et qui ont pris part à cette révolution.L'ingéniosité avec laquelle Biala avait manifesté l'étendue de son pouvoir pour l'indépendance polonaise malgré l'indifférence de sa belle mère à ce sujet,ce qui avait permis à ses deux soeurs de capter depuis la Norvège le message surpuissant qu'elle y avait laissé.

Mais il y a au dessus de tout cela une problématique que je ne connaissais que trop.Et ça me faisait raidir tous les membres.Les classes populaires,bien sûr.Toujours les classes populaires.C'est bien de là qu'on est tous partis,je dis ça et je suis de sang royal quand y pense.Mais Jakub Gerusha Biala ils sont tous nés dans un shtetl.

Et Tristan,bah oui Tristan.Ce serait un bon moyen de venger sa famille.L'injustice la négligence qu'ils ont connus,qu'ils ont vécues (et c'est la dernière chose qu'ils ont vécues d'ailleurs).ça n'arrivera pas aux moujiks.

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Cependant c'est la guerre.Un truc qui nous lie encore mes amies d'adolescences et moi.On a beau être dans 4 pays différents et n'avoir plus de lien les unes avec les autres,on a été élevées en France.Leslie est la seule à être restée en France et elle est mariée à un français.Alizzia est en écosse et n'a pas d'origine française.Catherine vient d'une famille complètement française mais née d'un père trop vieux et trop riche pour se battre mais possédant un cousin dans la fleur de l'âge qu'elle admirait et qui en faisait parti de cette génération sacrifiée.Et qui vivait dans une ville au bord de la guerre civile.

Au milieu de tout ça y a Martin et y a moi.Moi et mon père.Martin et une bonne partie de sa famille.

Et on était pas les seuls français.

Ania.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant