Le témoignage.

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PDV de Fifi :

Je me demande quelle a dû être la politique tacite des gars de la White Star Line,en entendant la dramatique ingérence que reportait ma maîtresse.Qu'ils ne touchent plus à rien,qu'ils tombent dans la ruine!Ils devraient payer pour la mort de la famille Sage!Ils devraient rembourser la famille que je sers!Si jamais ils me demandaient de porter plainte avec mes deux jambes,je jure de me montrer à la hauteur de cette prochaine mission de gouvernante.Du moins je l'espère.

-Quelle aventure!ai-je chevrotée,émue aux larmes,à la fin du témoignage nocturne d'Ania.

Merci de nous en avoir informé.

-Je ne pouvais pas ne pas vous en parler ou vous arrachez les pages de mon journal pour vous les laisser sous forme de lettres,a-t-elle répondu en regardant fixement ses pieds.Il fallait que je vous en parle.Maintenant j'aimerais bien retourner dans mon lit et y dormir à jamais.

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PDV d'Ania.

Mon corps entier me tirait,j'étais victime d'incessantes migraines.La souffrance s'est faite plus forte après que j'ai raconté à mes parents mon malheur.Comme si la colonne de flamme de mon enfer s'élançant vers le ciel brûlait en partant.Le simple fait d'ouvrir les yeux après ma torpeur me faisait mal.Je remarquais,les yeux ouverts,que quelques modifications avaient été faites pendant mes 4 semaines(seulement 4 semaines d'absence!),que ceux avec qui j'avais passé tous les jours de ma vie depuis ma naissance avaient vécu pendant mon absence.J'avais de larges tâches rouges,en amas stellaire,qui constellaient mon décolleté.

La première nuit ici fut une étape très dure.Il fallait qu'un psychiatre vienne pour me reconnaître comme traumatisée.Je devais également avoir un autre trouble,lié à l'amour et au deuil.J'avais également commencé à briser mes miroirs pour m'entailler avec leurs copeaux en bronze infecté.Ensuite,je mélangeais le liquide coagulé au mascara carmin qui coulait sur mes larmes.Et c'est dans cet état que me trouva le psychiatre allemand,avec sa petite valise et sa tête barbue et ronde,ce qui le fit sourire bêtement.

Ben quoi,des gens comme ça tu dois en voir tous les jours non?

-je vous laisse,a fait ma mère.

J'étais toute contre les carreaux glacés.Contre toute attente,mon amour pour le contact avec les surfaces très froides n'avait qu'augmenté.

-Bonjour,a-t-il dit avec un accent désolé et germanique.

-Bonjour...

Ce n'était pas avec lui que j'avais envie de parler de ma survie dans l'eau glacée.Je savais que c'était ce chapitre de mon aventure qui les avait le plus marqué.Je savais que c'était à mon père qu'il évoquait quelque chose.Pas à un homme aussi extérieur à mon entourage.

-J'ai des images de ce mois d'avril,et uniquement de ce mois d'avril,qui me reviennent quand je ferme les yeux.

-C'est normal,c'est encore frais dans votre mémoire.

-Je revois le contact de la surface de l'eau quand j'ai sauté,je me revois pleurer en tenant le corps sans vie de Tristan alors même que je survis...Je ne comprends pas vraiment je ne comprends pas pourquoi je m'en suis sortie et pas lui,pourtant c'était lui qui avait le plus envie de vivre.

Puis étrangement c'est les souvenirs d'enfance de ma mère qui me sont revenus,alors que j'avais Tristan dans mes bras...Alors que ce n'était pas ma vie qui défilait devant les yeux...C'était les cabanes de bois brûlées par l'armée...

-Ce sont les récits tels que vous les imaginiez,qui ont profondément marqués votre enfance de par leur dureté,constata-t-il.

Il avait une façon désarçonnante de mettre les choses à plat.

Ania.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant