Je me rendais bien compte que j'étaistrès embêtée en venant ici.Anya Pietroucheka,une russe,vous pouvezêtre sûr qu'on va la favoriser ici,et en plus elle a vécu enFrance,en FRANCE.Ce qu'ils ignoraient,c'était que mon père étaitjuif polonais et ma mère juive russe.Cette dernière était parti àla campagne,mon père au front,ma famille était complètementéclatée.Mon orgueil,naturel vue ce que c'est d'entrer ici,déclinatrès vite.Je me sentais seule,car Martin était à l'autre bout del'internat.Mes amies n'étaient pas là.Vue la superficie del'empire,Kiev était quand même très loin d'ici.A quatre heures,lesouvenir de mon arrivée,au matin,ne m'inspirait plus queconsternation.Le soir même,ma tête tournait et j'écrivais unbrouillon de lettres,il n'y avait toujours personne dans machambre.Celle-ci au moins était agréable,l'éclairage était trèsdoux.Je voulais leur dire que je souhaitais quitter la Russie au plusvite.Mais j'entendais des bruits de pas dans le couloir,j'avais laterrible impression d'être surveillée.J'ai alors passé la têtepar l'entrebaillement de la porte,mais il n'y avait personne dans lecouloir.C'est justement ce qui m'angoissait.J'avais l'impressiond'être tombée entre les mâchoires d'une plante carnivore.Leschambres mitoyennes à la mienne étaient fermées.Elles s'alignaientà ma gauche,à ma droite,et en face de moi.J'étais en chemise denuit,quand soudain,mes compagnes de chambre arrivèrent.Il devaitêtre en effet aux alentours de dix heures quand j'ai commencé àm'inquiéter de leur absence prolongée,et les voilà.Elles étaient4,je suis naturellement rentrée dans ma chambre.Elles étaient plusâgées,elles ont dû avoir un entraînement.De vraies têtes deslaves ces filles là,n'ai-je pu non plus m'empêcher deremarquer.Blonde,blonde,blonde.S'installant déjà dans les litssuperposés autour de la table centrale où on poserait toutes nosaffaires.
-C'est donc toi Anya la française?
Elles m'ont pas demandée si j'étaisd'origine russe.Vu mon nom c'était cohérent.J'avais hâte qu'ellesse présentent.
-Vous ne deviez pas être 4normalement?
-Si,mais Andréa n'est pas là.Moic'est Pavlina,Andréa est ma meilleure amie.Si tu veux tout savoiravant notre entraînement son fiancé est venu la chercher une heureavant et il avait l'air profondément énervé contre elle,qu'elle nevoulait pas revenir avec lui,alors qu'elle savait à quel point cetentraînement était important pour nous.Mais elle reviendra,c'estune fille responsable.
-Et vous,vous êtes?ai-je alors faitmaladroitement,n'ayant rien à répondre à cette déclaration.
-Natacha.
-Sofia.
Si vous vous demandez,André a effectivement fini parrentrer.Enfin,sentant son absence s'éterniser,il avait quand mêmefallut que Pavlina descende malgré le couvre-feu avertirjustement,pour son bien,de l'absence d'Andréa.Elle était forcémentretenue quelque part et si possible par un fiancé violent.Il allait falloir que les autres descendent le plus vite possible pour venir l'aider.Les filles ont ouvert la fenêtre en espérant les voir revenir,ensemble.C'était celle qui était considérée la chef de la chambre.Voir parfois la cheffe de tout l'étage et même de tout le dortoir.Elle s'est promenée un jour dans tous les étages en dressant une pancarte appelant à la paix.C'était inconcevable,et bien entendu à cause du double message que cela laissait transparaître.La Russie venait de s'engager dans la guerre.
-La France,vous combattez avec nous ,non?
-Oui mon père a décidé de s'engager.
Il aurait pu choisir la Pologne,ai-je pensé,c'est quand même là d'où il vient.Connaissant un peu la famille Isenberg,je suis sûre que c'est ce qu'ils vont faire.Ils attendaient l'indépendance avec tellement de passion.Encore un truc que je devrais faire attention à ne pas révéler ici.Faites comme nos voisines et acceptez la paix,on vous en demande pas plus.Et si vous voulez savoir comment j'ai fait avec les troubles politiques qui ont suivi,j'ai quitté le pays juste à temps.Je me rappelais de tous nos surveillants ligotés jusqu'au dernier dans un placard à balai et alors que j'écris ces lignes dans un cahier justement trouvé dans cette même Russie,c'était dur.J'arrive plus à les dissocier de ça maintenant.Quand on m'a expliqué pourquoi cette vue m'a grandement réjoui,à mon grand dam.Quand je suis retournée dans cette académie comme dans un mauvais rêve avant de définitivement quitter la Russie,pour toujours et à jamais.Mais tout ça c'était après.Andréa a fini par rentrer,elle était vraiment grande pour une danseuse,il fallait qu'elle se baisse pour qu'on parle.Elle pleurait.Je me suis mise en retrait.Je ne la connaissais pas assez pour m'intéresser à ce qu'aurait pu faire son mec pour la rendre ainsi.Je suis montée dans mon lit superposé et j'ai tenté de disparaître sous les couvertures.
-Haha,elle est mignonne,ai-je entendu étouffé par la couche de draps.
-Pourquoi tu te caches.
-Bah je sais pas,rien de ceci me regarde,je veux vous laisser,me faire discrète.
-Haha,elle est mignonne.Allez,descends,soit pas timide.Enfin,non t'as raison on se lève tôt demain.Ce qu'il faut comprendre c'est que toute réparation physique est cruciale ici.Il faudra que toi tu te lèves encore plus tôt que nous d'ailleurs.J'ai donc passé ma première nuit ici,comme vous vous en doutez.Je l'ai passée encore dans les vêtements que j'ai porté en venant ici.Je vais pas vous raconter la journée qui a suivi après en détail.Le plus dur avait été fait pour s'inscrire.On m'a rassurée tout de suite en m'expliquant que si j'étais là c'est parce que je le méritais.C'était la meilleure façon possible de nous encourager et plus tard,quand ça irait mal,de nous comprendre.Je ne me faisais pas réellement de souci à ce sujet depuis que je connaissais ma maîtrise de la magie.Ce que ça m'apporterait,c'était que j'aurais l'impression de voler,peut-être même de communiquer avec les gens que j'aime,et d'imiter l'apparition de la neige volant autour de moi.Il faudrait que j'essaye,ça ne peut rien m'apporter de négatif.Dommage qu'il faudrait attendre l'hiver pour que ça colle au thème.Ils nous accuseraient de répétition si on faisait ça tout le temps.Il me suffirait d'ouvrir une fenêtre pour faire ça.On est alors entrées dans la salle des répétitions.Tout,dans sa lumière,dans sa position souterraine,m'évoquait la salle dans laquelle je faisais mes répétitions avec Tristan.Martin n'y était pas et là je le voyais dans le fond de cette grande salle,sous un lustre vrai cette fois,avec les autres garçons,et je sentais mon âme s'évaporer sous toutes les couches de mon esprit.Mon âme se rétrécir au plus profond,s'éloignant de toutes les parois de mon corps.
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Ania.
RandomAnia,c'est un peu un mélange entre toutes mes fictions. Ania,c'est un peu un personnage qui me ressemble tout en étant très différent. Ania,c'est un peu l'histoire dont j'ai eu l'idée le plus tôt. Ania,c'est un peu ce qui explique tout mon univers. ...