19 novembre 1911
On m'a dit que je pourrais reprendre les cours lundi.Même,ils m'ont dit que si je n'avais pas de phobies scolaires,je pourrais reprendre vendredi,mais ma mère a refusé.Je pourrais faire des balades,et même des courses si j'en avais envie.Je me suis rétablie beaucoup plus tôt que prévu.Cette nouvelle qui aurait réjoui n'importe qui me chagrina beaucoup,moi.D'accord,c'est quand même super d'être à nouveau valide et en forme.Contents?
J'ai tenu ma prommesse,à Aïsha.J'ai gardé pour moi tout ce qu'elle m'avait racontée,sans dire à quique ce soit le moindre détail,et puis,je pourrais toujours m'en servir comme un moyen de pression.La bonne idée,je m'en frotte les mains,la menacer...Ah,là,là,ce soulagement est infini...Peut-être que son acharnement sur moi va prendre fin.
-Ne t'inquiètes pas à propos de ça,Ania.Tu as déjà beaucoup sur les épaules."
Cette remarque de ma bonne,me frottant le dos avec une grosse éponge qui gratte,se fait vraiment l'écho de mes propres pensées.J'aurais aimé que ce soit Aïsha qui l'ait prononcée,mais je ne peux pas non plus lui demander une telle grâce.
Ce journal,ni intéressant,ni bien écrit,m'a tenu occupée jusqu'au dîner,pendant quasiment tout l'après-midi jusqu'à ce qu'elle vienne taper à la porte pour me laver comme ça.J'ai voulu refuser par pudeur mais elle n'a rien voulu savoir.Mon coeur s'affesse dans mes fesses,et je retiens mon souffle en cachant ce journal sous moi,et je lui dis d'entrer.Pendant toute la séance de lavage,j'espérais qu'elle n'allait pas parler.Je laissais l'eau savonneuse et à la fois chaude et froide glissée sur ma peau blanche fermée,écartant les nattes de mon dos,sentant ses gouttes se faufiler un chemin tout le long de mon dos,jusque dans tous les replis.
-Heuh..Je...
Je ne peux pas formuler de phrases,tellement ses sensations sont gênantes.Mais cela aurait été la réaction de tout le monde,pour plusieurs raisons évidentes.Enfin,elle jette son éponge dans le seau en fer gravé et elle s'en va,me donnant la grosse serviette blanche brodée d'initiales rouges.
23 novembre 1911
-Alors?On a été malade,hein?
Les autres,alors qu'elles devraient simplement se contenter de reprendre mes cours et de me les transmettre gentiment,n'ont rien trouvé de mieux à faire que de se moquer de moi.Tant pis pour moi,j'irai demander à madame Spencergates.Je ne veux pas de leur culture,ni de leurs évaluations.
J'aimerais tellement apprendre par moi-même.Que ce soit ma mère qui m'enseigne ce qu'elle sait,que ce soit un précepteur qui m'enseigne ce qu'elle ne sait pas.En chemise de nuit,le matin,en terminant mon petit déjeuner.
Mais cela demanderait à sacrifier le voyage en Titanic,et mon histoire d'amitié avec Katty Millet.Ah,ça...Jamais!
J'ai envie de pleurer et de disparaître.Je donnerais tout pour rembobiner au premier jour d'école,j'aurais suivi les conseils de ma mère et je serais allé dans une école avec seulement des étrangers.On y ferait des voyages bien meilleurs encore,j'aurais eu plus d'amis aussi.Ma mère avait peur qu'Alizzia soit une mauvaise influence,mais au contraire,ce sont toutes ces filles irrespectueuses des gens différents qui ont été le vrai fond du problème.Comment n'a-t-elle pas pu le comprendre?
J'ai besoin de parler à Leslie,même si elle préfère me pousser à repartir en Russie plutôt que de me réconforter.Comme si c'était aussi simple.Est-ce que je lui demande de retourner à Bordeaux?
-Pourquoi pas?Les gens redonneront sûrement une seconde chance à ta mère...
Je ne suis pas sûre qu'elle le fasse exprès,en plus.Je pense qu'elle est juste très gentille mais toujours aussi bête.
Ou alors elle est un peu moins bête mais beaucoup moins gentille.C'est le mystère Leslie.
J'aimerais pouvoir aimer Leslie,l'aimer bien au moins comme j'aime bien Alizzia.Je suis tellement plus heureuse avec elle,elle me fait moins de coups bas.Alizzia,qui considèrent tout le monde comme ses ennemis moi y compris.
Elles me racontent ce que j'ai manqué pendant les dernières semaines,mais il n'y a pas grand-chose à dire,ce n'est pas assez,c'est impossible pour moi de penser à autre chose qu'au coup bas d'Alizzia.Alors que j'étais quasiment aveugle il y a une semaine,ne pouvant me déplacer seule dans ma propre maison.Quand aux autres,elles devaient vraiment me haïr pour avoir ruiné ma vie comme ça,ma santé,de me pousser au suicide.Le pire,c'est que je ne leur ai rien fait.
27 novembre 1911
Je regarde la fille qui se tient derrière mon groupe d'amis,et elle se penche pour prendre ses sacs du sol.Eurénice.Elle semble sentir ma présence et se retourne derrière moi.
-Peux-tu nous donner une minutes?demanda-t-elle au reste de MON groupe d'amis,et elles hochent la tête avant de la laisser s'en aller me parler.
-Ecoute,je sais qu'en vrai tu ne nous aimes pas,c'était qu'un jeu entre Marianne et toi,même si dorénavant vous êtes ruinées,vous êtes seules.Pendant que tu traînes avec mes propres amies,tu me poignardes.
-Mais laissez moi vous prouver qu'on vous aime bien!C'est pas vrai,pourquoi c'est si compliqué avec vous?
Moi,je suis quelqu'un de compliqué?Moi?
-Je reste avec tes copines parce que je les aime bien.
Je secoue la tête.
-Mais enfin,tu pêches vraiment par orgueil!Tu penses être tellement au centre de toutes les préoccupations que pour toi on ne reste avec tes amies que pour te faire du mal?
-Je ne saurais pas qui je suis sans elle.
Mes yeux se remplissent d'eau.Elle repose les siens sur moi,mais comme d'habitude je fuis les regards.Le mien est noir à la base,mais ce n'est que la couleur de base de ces iris délavé par le vague et l'eau.
Elle repart avec mes amies,sans se retourner,sans que je la suive,sans qu'elle voit l'étendue des dégâts qu'elle a causé dans ma façon de penser.
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Ania.
RandomAnia,c'est un peu un mélange entre toutes mes fictions. Ania,c'est un peu un personnage qui me ressemble tout en étant très différent. Ania,c'est un peu l'histoire dont j'ai eu l'idée le plus tôt. Ania,c'est un peu ce qui explique tout mon univers. ...