Ania.

Un an de préparations aux concours.

1er Septembre 1913.

Eh ben.C'est bizarre de se dire que c'est comme ça que tout s'est terminé.Que nous quatre allions continuer ensemble dans le même lycée tandis que toutes les autres...On ne les verrait plus jamais.Le concours aurait lieu au terme de cette année scolaire,et nous allions pouvoir travailler main dans la main comme nous l'avions toujours fait.Je n'avais plus du tout le temps de rédiger mon journal intime,des lettres qui de toute façon n'intéresseront personne.Au bout d'un mois,faut il ajouter à cela,j'avais obtenu l'internat à la semaine.Pour mes beaux yeux.J'allais pouvoir faire sincèrement mes adieux à ma famille comme l'avait fait Aïsha l'année dernière,Aïsha que je pourrais tout aussi bien voir en fin de semaine.Fifi m'a fait mes valises et à réajuster les rubans de mes nattes sur le perron de la place carrée.

-Pourquoi la danse?a alors fait mon père avec un sourire en coin.

-Parce que j'aime cette activité.

Et sur ces mots ma mère m'enlaça,et me dit sur le même ton:

-Essaie d'avoir les ballets russes.

-Haha tu crois que c'est pas ça l'horizon lointain et inaccessible que je me suis fixée?

Elle respira un grand coup.J'avais réussi.Je pourrais partir tranquille,maintenant.J'étais avec ma mère pour ses 40 ans.Il fallut ensuite que je monte dans la chambre de Sasha,et qu'enfin je prenne le taxi,avec Albert.Les autres filles et Martin m'attendaient déjà sur place.Il continuait à parler du naufrage avec moi,de ce que nous avions vécu hors des canots de sauvetage en compagnie de Katty.Ils ont connu Tristan.Et si je ne pouvais plus parler de Tristan à Martin que pourrait-on faire ensemble?Me guérirait-il réellement?Imaginez un peu...Si on se mariait.Mon grand amour Tristan serait le personnage de légende qui nous aurait rapproché.J'en aurais épousé un autre,plus vite que prévu,et par dessus le marché ce serait à cause de lui.

-Tu parles pas beaucoup tu es nerveuse?

-Pourquoi je le serais?

L'appartement que nous partagions était marqué par une bougie posée devant la fenêtre découpée en six carreaux au fond de la cour à gauche.

-A Dimanche!

Cette Valise Louis Vuitton m'aura littéralement accompagnée dans les moments les plus importants de ma vie.j'ai sonné à l'appartement des filles,elles étaient toutes les trois là.Je me suis entendue soupirer de soulagement à l'idée d'être arrivée ici,et j'ai posé mes affaires sur ma couchette.Je me murmurais à moi même que j'aurais la force de me battre pour avoir ce que je veux.J'ai allumé une bougie et je suis partie me coucher pour être en forme demain.Mon idéal ne cessait de me narguer,tout le temps,tous les jours.Les études,au sens purement intellectuel du terme,me semblait soudainement sans intérêt aucun.

-J'ai bien une certitude,m'a dit Katty déjà fin octobre.C'est celle que tu ne progresseras jamais.

-Pardon?

J'étais si vexée que je semblais sur le point de perdre connaissance.

-Tu devais pas te réfugier dans la danse comme je le fais dans le piano?Je suis si bonne pianiste que ça?

-C'est toujours très agréable de recevoir des encouragements de ses amis,merci beaucoup.

-Tu sais bien qu'elle n'a aucun tact,m'a balancé Alizzia,me prenant dans les bras tout en jetant un regard mauvais à Katty.

C'était la première fois qu'elle se montrait aussi frustre avec moi et ce n'était pas la seule à se comporter ainsi,loin de là.Quelle naïve j'ai été en pensant que les choses iraient mieux.Katty a toujours cru tout savoir,et elle était première de la classe,elle avait de quoi.Maintenant,c'est elle,dans la section piano,tout le monde la craint,l'admire,et donc lui obéit,parce que la souffrance lui apporte du charisme.Tout le monde sans aucune exception,nous trois y compris.Elle a le monopole des répliques cinglantes,parce qu'effectivement,la tristesse a fait exploser son talent.On devra s'y faire,on habitera avec elle jusqu'au dénouement final.Tout faire pour être constamment au meilleur de notre forme,car c'est comme ça que ça se passe et pas autrement.Bienvenue au LCP,lycée du conservatoire de Poissy.Le premier trimestre se terminait et pourtant mon optimisme n'était pas tombé.J'étais déterminée à m'envoler vers un destin qui se passerait vite.