Charlie pour un mec.

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-Vous êtes enceinte, non, jeune fille? m'a-t-elle dit au moment où on allait partir.

-Oui, de lui. Les filles de ma chambre me faisaient souvent remarquer que j'avais mal tourné depuis que je le fréquentais, ce qu'elles ignoraient c'est qu'on se connaissait depuis plus longtemps que ça. Le pire c'est qu'elles ont raison. Vous voyez ce petit bébé? Je me souviens à peine de sa conception. Mais ce qui a eu mauvaise influence sur moi je vais vous dire, c'est les horreurs que j'ai vu dans ma vie.

-Mais la vie c'est pas de tout repos ma fillette. Viens là je vais te dire si ton enfant est une fille ou un garçon. C'est qui exactement Martin pour vous?

-Au départ c'était personne. Enfin si le fils de ma prof qui me délaissait complètement. Puis il m'a sauvé la vie. Au sens littéral du terme. C'est devenu mon meilleur ami.

Elle m'a fait m'allonger sur la table de l'unique pièce et elle s'est mise à me masser. Elle est allée chercher une crème dans laquelle des fleurs séchées et elle prend un air concentré. Si tu savais ce que moi je savais faire la vieille.

-Alors qu'est-ce que c'est? Il vous apporte quoi votre gel?

-Je vois votre bébé. Il va bien.

-C'est une fille ou un garçon?

-Un garçon.

-Quoi sérieusement?

-Je n'ai malheureusement pas vraiment de preuves à te donner. Je suppose, vu ton âge, que c'est ton premier enfant, non? Hé bien il va falloir que tu trouves un hôpital le plus vite possible ma petite. Mes enfants ils sont pas avec moi, mais j'ai galéré à les faire sortir sur cette même table. C'était une dure journée.

-Pardon? ça peut durer...toute une journée?

-Tout va bien je suis vivante maintenant, et mes enfants aussi, a-t-elle fait en me tapotant sur le ventre. Bon courage!

C'est sur cet échange...étrange qu'on est partis. Je sais que c'est idiot de ma part et que mon inconscience m'a joué des tours de très nombreuses fois, mais je ne me sentais pas vraiment avoir besoin d'aide. Ma mère a accouché de trois déceptions. J'avais survécu à l'eau froide alors que mon espèce n'avait pas assez évolué pour y vivre, je survivrai à un accouchement qui n'est pas sensé me tuer. Quand t'accouches t'es seule en fait t'as besoin de personne en particulier.

Bizarrement je n'angoissais pas vraiment à l'idée d'être perdue. J'avais un temps infini devant moi. Il ne sera trop tard pour rien du tout quand j'arriverais. Pendant ce temps en Russie, à cause de la guerre les émeutes s'intensifiaient. Pendant qu'en France...

-Tous les hommes font la guerre en France, ai-je pensé à voix haute pour me rassurer.

Les yeux de Martin ont cligné pendant qu'il se tournait vers moi.

-Et qu'est-ce que cela changerait?

-Je ne peux aider personne de là où je suis. Alors j'essaie de me rassurer.

-A propos d'aider a fait Misha. Je pense que je peux t'aider si tu accouches.

-T'as des gosses?

-Tu sais que je suis médecin?

Il ouvre alors son sac et me montre qu'il a pris une trousse de secours.

-Tu sais te baigner dans une eau glacée et accoucher ça ne provoque pas vraiment les même symptômes.

-Si tu envisages sérieusement que j'accuse ici il y a peut-être un problème,non?

-Tu me fais confiance ,non?

-Si je te fais confiance, on vient à peine de se rencontrer quand même.

-Ben tiens tu dis ça alors que tu as accepté de me suivre chez ta mère, tiqua-t-il.

-T'es un révolutionnaire? Et nous, on a pas le choix.

-Je ne suis pas venu à St-Pétersbourg que pour la révolution, je suis allé à ta rencontre.

Mademoiselle Sasha m'y a expressément envoyé.

-De toute façon vu mon niveau de russe, a fait Martin, il y a intérêt à ce qu'on ne te lâche polus les chaussures.

-Attends, mademoiselle Sasha?

-C'est votre soeur. Elle m'a vraiment fait peur la première fois que je l'ai vu. C'est un loup et comme j'allais me défendre contre elle qui n'avait aucune chance, elle m'a dit que c'était une fille, une vraie humaine avec une famille tout ce qu'il y a de plus humain aussi.

-Pardon? Tu as vraiment rencontrer ma petite soeur dans ces circonstances?

-J'ai paniqué. Mais au moins elle est encore en vie et c'est comme ça que je suis entré en contact avec Madame Gerusha. J'étais vraiment surpris. Je ne voulais pratiquement pas y croire. Non j'étais désolé pour moi elle n'était pas normale. Alors quand elle m'a dit qu'elle venait du village j'étais encore plus intrigué. Ce shtetl en dehors de la zone de résidence c'est une grosse anomalie.

Sur le plan théorique tu ne devrais même pas être là. Mais sur le plan pratique il y en a des russes d'origine juive qui vivent encore ici. C'est assez facile de comprendre pourquoi , ils ne se sont pas fait prendre pour les mêmes raisons que toi tu ne t'es pas fait prendre. Je sais que ça parle que russe dans ce village parce qu'on est loin du yiddishland, mais quand même, un shtetl...J'avoue que je suis perplexe. Je me demande depuis que je travaille à côté si les seigneurs qui s'occupent du terrain ne les protègent pas avec une boucle temporelle.

-Je ne pense pas, ma mère est venue en France pour fuir une attaque contre le village en 1893. ça massacrait sec. J'ai entendu dire que la moitié de la population avait péri.

-Tu sais je n'étais pas né à l'époque. Mais quand je suis allée aux réunions clandestines, pour la révolution, j'ai remarqué qu'elle était assez respectée. Des membres de ta famille russe il doit t'en rester plus que tu ne le crois.

Et maintenant je voudrais vous demander de faire silence. On arrive dans les terres noires.


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⏰ Dernière mise à jour : Nov 11, 2018 ⏰

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Ania.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant