ALL NIGHT - PLK

X - AIMER

Chapitre 48

Jeudi 14 juillet 2017

Le « je t'aime » est une étape importante dans une relation. Il permet d'exprimer les sentiments que l'on ressent pour son ou sa partenaire de manière sincère et spontanée. Hier, sur la plage, les deux mots fatidiques m'ont échappé. Avec du recul, je ne sais pas si j'ai bien fait de les prononcer. Pourtant, le moment était bien choisi. « Le seul bon moment pour le dire, c'est quand on le ressent vraiment, quand on a suffisamment confiance en soi et ses sentiments pour s'ouvrir à l'autre. Quand on le dit, on se rend vulnérable d'un certain point de vue, puisqu'on ne sait pas comment l'autre va le recevoir ni comment il ou elle va réagir. » Je suis tombée sur ce passage dans un livre, il y a plusieurs mois. Il m'a marquée alors je l'ai noté dans mon carnet. Aujourd'hui, tout ça me parle. C'est exactement ce que j'ai ressenti en m'ouvrant à lui. Mes paroles n'étaient pas réfléchies, elles sont sorties naturellement. Sur le moment, je n'attendais aucune réponse de sa part, mais plus les heures passent, plus cela me pousse à cogiter. Pourquoi n'a-t-il rien dit ? Bizarrement, le poids de ces deux mots n'a eu aucun impact sur son comportement. Je ne sais pas si cela doit me rassurer ou m'inquiéter. Il n'a pas fui, très bien. Mais envisageait-il de me le dire un jour ?

- À notre dernière soirée à Coti-Chiavari ! trinque Lesram en levant son verre.

Je sors de mes pensées et lève le mien à mon tour.

- Merci de m'avoir conviée à vos vacances. Elles resteront à jamais gravées dans ma mémoire, dis-je, sincère.
- Merci à toi de nous supporter, sourit Lesram.
- Nous ? On est adorable ! C'est Pruski le pire, non ? le taquine Ilyès.
- Carrément ! s'amuse Léa.
- On rigole, mais je te trouve beaucoup plus relax depuis que vous sortez ensemble tous les deux, explique Anis.
- Ah bon ? sourit le principal concerné.
- Tu dis ça parce que tu l'as pas vu à l'anniversaire d'Adrien, le charrie Ormaz.
- Mathieu a défendu Sybille, c'est pas un bon exemple, précise Léa.
- Voilà, merci ! En tout cas, je suis heureux d'apprendre que ma copine a un effet relaxant sur ma personnalité.
- Fais gaffe à pas devenir une tata, mon frère, le prévient Ilyès.

Je prends le petit pistolet à eau qui se trouve sur la table en bois et tire sur Ilyès. Ce dernier sursaute, surpris.

- Qu'est-ce que tu vas faire, hein ? le nargué-je.
- T'es sûre de toi ?
- Toi, est-ce que t'es sûr ? Mon mec ? Une tata ? Vraiment ?
- Sybille Montana, tu cherches les problèmes là.

J'appuie à nouveau sur la gâchette afin de l'arroser quand il se lève de sa chaise, tout sourire, prêt à se venger. Je pose mon verre et garde le pistolet dans mes mains avant de me mettre à courir. Malheureusement pour moi, Ilyès me rattrape plus rapidement que prévu. Je laisse échapper quelques petits cris quand il essaye de me pousser dans la piscine. Je résiste quelques secondes et l'entraîne avec moi dans ma chute.

Lorsque je relève la tête à la surface, je me précipite sur lui dans le seul but de le couler, mais encore une fois, Ilyès est beaucoup plus fort.

- C'est moi ou elle essaie de me noyer ?
- Tiens bon, Syb ! m'encourage Ormaz.
- Allez, tu peux le faire ! renchérit Léa.
- Vous êtes sûrs qu'on a un lien amical ? Non parce que là, je commence à douter.

Sa réplique me fait rire et je lâche l'affaire. Essoufflée, je m'accroche à son dos afin de traverser la piscine sans le moindre effort.

- Doucement avec ma copine, toi, intervient Mathieu, d'un ton léger.
- J'en étais sûr ! Je te connais par cœur, mon reuf. Tiens, ton colis !

Ilyès me dépose sur les marches. Fait-il référence à la jalousie de mon petit ami ? On dirait bien. J'ai beau rester souriante, je ne comprends pas. Un « Je t'aime » ne lui procure aucun effet, par contre me voir sur le dos de son ami, oui ? J'ai du mal à suivre.

J'enroule une serviette autour de moi et continue à siroter mon cocktail, entourée de mes amis. Alors que les garçons sont pris dans une discussion sur le rap, Léa et moi, on s'éclipse sur la terrasse.

- Pas trop déçue de rentrer ?
- Si, avoué-je. Mais bon, il faut bien retourner à la maison.
- On reviendra, tu sais ?
- J'espère...

Je fixe l'horizon, c'est à peine si j'arrive à apercevoir la mer tellement il fait sombre.

- En tout cas, je suis heureuse de voir que tu vas mieux. Cette après-midi, tu avais l'air ailleurs.
- Oh... Vous l'avez remarqué ?
- Les garçons, non, ils sont trop naïfs pour ça, mais moi, oui.

Je plisse les lèvres, gênée.

- C'est à cause de Mathieu ?
- Plus ou moins...
- Tu veux en parler ?
- J'en sais trop rien, hésité-je quelques instants avant de reprendre : Hier, je lui ai avoué mes sentiments.
- Oh... Je vois, dit-elle en laissant apparaître sa joie.
- Il m'a souri, puis il m'a embrassée. Depuis, je cogite...
- Tu sais, je connais Mathieu depuis le collège. On dirait pas comme ça mais il est très pudique sur ses sentiments. Il a du mal avec ça. On voit tous sa façon de te regarder, elle trompe pas. D'ailleurs, je sais pas si tu l'as remarqué, mais tout à l'heure, j'ai cru qu'il allait embrouiller Ilyès avec cette histoire de piscine.
- Tant que ça ? demandé-je, amusée.
- Je l'avais jamais vu jaloux jusqu'à ce qu'il sorte avec toi. T'es là première fille qui compte pour lui. Tu n'as pas à t'en faire.
- Tu crois ?
- J'en suis sûre, Sybille !

Ses paroles me réconfortent. J'ai à peine le temps de la remercier qu'un bruit sourd se fait entendre. On sursaute quand la voix d'Anis se fait entendre :

- Regardez ! Un feu d'artifice !

Léa s'empresse d'aller chercher son téléphone pour prendre une vidéo, quant à moi, j'observe le ciel. Le feu est lointain, pourtant il est si visible... Il démarre petit à petit et je suis comme absorbée par sa beauté.
Je sens une main se poser sur ma taille. Je tourne légèrement ma tête quand Mathieu vient se blottir contre moi. Il dépose un bisou dans mon cou et remonte doucement jusqu'à ma joue. C'est naturellement que je viens embrasser ses lèvres. Je lui souris et repose mon regard sur le ciel coloré. Qui aurait imaginé une si belle fin de soirée pour nos vacances à Coti-Chiavari ? Mathieu me serre contre lui, le spectacle est incroyable. J'ai beau me poser un milliard de questions sur cette relation, il faut que j'arrête de me prendre la tête. Là, j'ai juste envie d'une chose : profiter de l'instant présent.