IV - PAS LES MÊMES

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Chapitre 11

Mercredi 1er juillet 2020

Le mariage de Nour a beau être fin août, je me sens plutôt sereine. La fameuse question existentielle du « Qu'est-ce que je vais bien pouvoir porter ? » ne m'a pas encore effleuré l'esprit. Ma conscience serait-elle distraite ? J'en ai bien peur. Heureusement pour moi, ma mère a pris les choses en main. Cette dernière étant de repos aujourd'hui, m'a entraînée dans les rues de la capitale pour une après-midi shopping. Un moment mère-fille agréable qui, mine de rien, nous a permis à toutes les deux de trouver la tenue idéale pour ce jour si particulier.

C'est à quelques mètres de notre dernière boutique que nous décidons, nos sacs à la main, de nous installer sur l'une des terrasses à proximité pour une pause bien méritée ! Une jeune femme ne tarde pas à venir prendre notre commande. Deux jus de fruits pressés, de quoi nous redonner un peu de force après tous ces efforts. La serveuse partie, ma mère s'empresse de me partager sa joie sur l'événement à venir :

- Je n'arrive pas à croire que Nour va se marier.
- C'est fou, n'est-ce pas ?
- Je la vois toujours comme la petite fille de onze ans qui venait jouer à la maison avec toi. Le temps passe si vite..., avoue-t-elle, nostalgique.
- En parlant de ces années-là, Ines m'a envoyé un message l'autre jour, elle aimerait que je lui passe des photos de Nour et moi datant de cette époque, pour le montage vidéo.
- Oh, c'est une bonne idée ! En principe, la boîte à photos est encore à l'appartement, dans la chambre du fond. J'ai très peu de photos sur l'ordinateur. Tu connais ma devise, rien...
- Rien ne vaut un appareil jetable, là coupé-je.

Un sourire se dessine sur nos visages.

- En tout cas je trouve ça adorable qu'elle ait pris le soin de nous inviter, Olivier, Noé et moi.
- Tu sais à quel point Nour t'apprécie.
- Et c'est réciproque.

La jeune femme nous ramène nos boissons. C'est poliment que je lui tends un billet de dix. Ma mère insiste pour payer, mais je ne lui laisse pas d'autres choix que de ranger sa carte bleue. Ce n'est pas grand-chose, mais ça me fait plaisir. Elle me remercie, attendrie, avant de poursuivre :

- Nour n'est pas trop stressée ?
- Non, du moins pas encore, souris-je.
- Je crois que Rania l'est bien plus qu'elle.
- Tu l'as eue au téléphone ?
- Oui, la semaine dernière. En même temps je la comprends, si un jour tu te maries, je serai dans le même état. J'aimerais que tout soit parfait.
- Heureusement pour nous, mon mariage n'est pas d'actualité, lancé-je, d'un ton léger.
- Tu as le temps d'envisager tout ça.
- Pour être honnête avec toi, ça ne m'a jamais traversé l'esprit.
- Disons que le mariage n'est plus vraiment à la mode...

Ma mère n'a pas tort, le mariage n'est plus ce qu'il était. Aujourd'hui, une grande majorité de personnes a peur de l'engagement, mais surtout peur de l'échec. Heureusement, tout le monde n'est pas de cet avis. J'ai beau ne pas être très emballée à l'idée de me faire passer la bague au doigt, je ne suis pas contre, bien au contraire. Voir des couples éperdument amoureux se dire oui ne peut que m'attendrir.

- Noé m'a dit que tu as revu Mathieu, c'est vrai ?
- Ce petit parle beaucoup trop...
- Ce n'était pas un secret, si ? demande-t-elle, perplexe. En tout cas, il était ravi de la nouvelle.
- Ça ne m'étonne pas, il l'a toujours adoré.
- C'est même devenu son rappeur préféré, précise -t-elle, amusée. Et vous vous êtes croisés par hasard ? reprend ma mère, curieuse.
- Non, on s'est revu lors d'un barbecue organisé par Léa. Je n'étais pas au courant et lui non plus d'ailleurs. C'était un peu bizarre mais au final, ça s'est très bien passé.
- Et depuis ? Plus rien ?
- Si, on a mangé ensemble lundi avec la bande.
- Il a beaucoup changé ?
- Oui et non. Il est le même, en mieux.

Ma mère ramène sa boisson à ses lèvres, tout sourire.

- Quoi ?
- Ce jus pressé est délicieux ! feinte-t-elle.
- On s'est revu, ni plus ni moins. Je vois pas pourquoi ça fait autant parler.
- Tu essaies de convaincre qui là ? Toi ou moi ?

Mon air sérieux laisse place à un rictus qui me trahit subitement.

- Je suppose que tu n'as pas forcément envie de discuter de ça avec moi mais je ne serai pas surprise de vous revoir ensemble tous les deux.
- Comment ça ?
- Je suis ta mère, Sybille. « Il est le même, en mieux », tes yeux brillent comme une adolescence.
- Quoi ? Je peux encore trouver mon ex séduisant, non ?
- C'est ton droit.
- Mais ?
- Habituellement, les gens tournent la page.
- C'est mon cas.

Elle grimace, ce qui m'encourage à me justifier davantage.

- Je ne suis pas revenue pour me replonger dans cette histoire, maman. Mathieu reste et restera mon premier amour, mais je ne suis pas certaine qu'envisager autre chose soit une bonne idée. De plus, qui te dit qu'il est encore intéressé ?
- Je me fie à mon instinct !
- Bah voyons ! dis-je en roulant des yeux.

Cette dernière clôture le sujet « Mathieu Pruski » pour revenir sur notre session shopping. Son ensemble habillé blanc lui va à ravir. Quant à moi, j'ai opté pour une robe rose pâle qui, je dois reconnaître, me plaît beaucoup. En tout cas une chose est sûre, il me tarde d'être à ce fameux mariage !

ALL NIGHT - PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant