Chapitre 37
Mercredi 19 août 2020
Ce soir, c'est sur la terrasse en teck qui borde le jardin que nous sommes attablés pour un dîner en famille. Depuis mon retour, ma mère essaie d'instaurer des moments comme celui-ci, dès que son emploi du temps à l'hôpital le lui permet, mais avec la pandémie qui persiste, ce n'est pas toujours évident. Malgré ça, nous arrivons tout de même à trouver du temps les uns pour les autres. Être assis autour d'une table, discuter, se taquiner et parfois même se chamailler me rappelle à quel point je suis chanceuse d'avoir une famille comme la mienne.
- La viande est délicieuse ! constaté-je.
- Je suis d'accord ! L'achat de ce nouveau barbecue n'était donc pas inutile, n'est-ce pas, chérie ? s'amuse Olivier en regardant notre mère.
- Je pense que le cuisinier y est surtout pour quelque chose, sourit-elle.
- Je dirais que c'est du cinquante-cinquante, se mêle Noé. L'un ne va pas sans l'autre.
- C'est pas faux ! affirme notre beau-père, satisfait.Je me contente de ramener mon verre d'eau à mes lèvres quand ma mère poursuit la conversation sur un sujet bien différent :
- Comment va Nour ?
- Très bien, elle est partie en voyage de noces.
- Zanzibar, c'est ça ? me questionne Olivier, intéressé.
- Oui, elle m'a envoyé de magnifiques photos, l'archipel est juste à couper le souffle !
- J'ai regardé sur internet l'autre jour, c'est vrai que c'est splendide. J'espère qu'ils profitent au maximum !
- Oui, ils s'éclatent !
- En tout cas, leur mariage était très réussi, reprend Olivier
- Je trouve aussi ! Ils y ont mis tout leur cœur et ça s'est ressenti.Ce dernier poursuit en détaillant avec bienveillance ce qu'il a préféré durant la soirée. Noé prend plaisir à se joindre à lui tandis que ma mère acquiesce en dégustant son verre de vin rouge. Je profite de ce moment pour jeter un coup d'œil discret à l'écran de mon téléphone. Un sourire se dessine sur mon visage lorsque je remarque un petit message de Mathieu : « Bébé, je viens juste de rentrer chez moi, j'espère que tu passes une bonne soirée avec tes parents. » Je relève la tête et réalise que trois paires de yeux sont braquées sur moi. Je me contente de pincer les lèvres, gênée.
- Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?
- Les sourires en disent long, me taquine Olivier.
- Laisse-nous deviner... Mathieu ? lance mon frère d'un ton léger.
- Prise la main dans le sac, grimacé-je en rangeant mon téléphone.
- Comment va-t-il ? s'intéresse ma mère.
- Bien, son album sort dans une semaine alors il a beaucoup de travail.
- Maman m'a commandé sa box en précommande tout à l'heure.
- C'était soit ça, soit il me harcelait jusqu'à ce que mort s'ensuive.
- Quand on aime une personne, on le soutient ! Mathieu est un bon rappeur. C'est de l'argent bien investi, maman.
- Je sais, c'est l'une des raisons pour laquelle j'ai cédé, jeune homme.
- En tout cas, le concept me plaît beaucoup ! reprend notre beau-père. Noé m'a montré celle de « Mental », j'ai adoré ! La feuille de radio est très originale. Il y a beaucoup de créativité.La discussion me fait chaud au cœur. Ça me rend heureuse de voir que ma famille s'intéresse à Mathieu. Bien sûr, Noé y est davantage pour quelque chose mais maman et Olivier l'apprécient sincèrement et cela se ressent.
- J'ai eu des nouvelles de Tamara avant-hier, elle m'a dit que les restrictions pour la Covid étaient toujours de rigueur dans leur pays.
- Oui, ils ne rigolent pas avec ça et je crois qu'ils ont bien raison, affirmé-je.
- Tu penses y retourner ? me demande ma mère, perplexe.
- Pour l'instant, je n'ai pas le droit. Je ne suis pas prioritaire. Mon secteur n'est pas considéré comme critique par le gouvernement australien.
- Moi, je trouve ça plutôt cool ! Au moins tu restes avec nous encore longtemps !Je souris à sa réplique, attendrie.
- De toute façon, je crois que ça nous arrange tous que tu ne sois pas prioritaire, avoue ma mère. On peut profiter de toi. Ces deux ans et demi loin de ma fille m'ont paru une éternité.
- Idem ! me fixe mon petit frère. Tu as manqué à beaucoup de monde.
- Et de toute manière, tu es de nouveau avec Mathieu maintenant, n'est-ce pas ? m'interroge-t-elle.
- On ne peut rien vous cacher à toi.
- En même temps, vos regards amourachés vous trahissent à des kilomètres, ajoute Olivier.
- C'est une évidence.Je me contente de sourire. Une évidence, je crois que c'est le mot, ma mère a raison. Je suis en train de reprendre ma vie d'avant et j'avais beau être pleine de rêves à l'autre bout du monde, je réalise que cette vie-là m'avait terriblement manqué.
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ALL NIGHT - PLK
FanfictionUne histoire comme les autres ? Détrompez-vous, vous n'êtes pas au bout de vos surprises. ▫️Sybille Vasilis ▫️Mathieu Pruski