X - AIMER

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Chapitre 50

Mercredi 19 juillet 2017

Dans la vie de couple, la rencontre avec la belle-famille est un passage obligatoire. Elle est d'ailleurs bien souvent source de stress. Dans mon cas, je me questionne beaucoup. Vais-je lui plaire ? Suis-je à la hauteur de ses attentes ? Les interrogations s'accumulent et c'est à peine si j'arrive à penser correctement. Je me souviens encore du jour où Nour a fait la connaissance des parents d'Yliam. Elle était terriblement nerveuse. Au final, ils l'ont adorée ! Monsieur et Madame Bektani n'échangeraient la petite amie de leur fils pour rien au monde. J'ai beau appréhender, je suis lucide. Certaines personnes veulent tellement plaire qu'elles sont prêtes à mentir ou à aller contre qui elles sont pour ne pas décevoir. Je ne suis pas comme ça. Jouer un rôle pour plaire ? À quoi bon ? En fait, je crois qu'il n'y a pas de secret, il faut rester soi-même, c'est le plus important.

La voiture a l'arrêt, je détache ma ceinture de sécurité et me baisse légèrement pour empoigner les sacs en papier Kraft. Mathieu est passé me prendre à vingt heures. Sur le trajet, nous avons fait un petit crochet dans un food truck avant de reprendre la route jusqu'à chez lui.

Lorsque j'ouvre la portière, je me sens fiévreuse. Mes mains sont moites et mon ventre, lui, se sert de plus en plus. Malgré ça, j'essaie de ne rien laisser paraître.

- Ça va ? Pas trop stressée ?

Mathieu me fixe, amusé. Je sais qu'il connaît déjà la réponse. Je me contente de mordre ma lèvre inférieure, anxieuse.

- T'inquiète pas, bébé, tout va bien se passer, reprend-il, détendu.

J'acquiesce, rassurée par ses paroles, et le suis en direction du bâtiment. Le troisième étage atteint, il se stoppe sur le palier afin de déverrouiller la porte d'entrée.

- Mamie, je suis rentré ! annonce-t-il en s'avançant dans le couloir.

Il prend soin de poser mon sac et referme la porte derrière moi. On s'avance tous les deux dans le séjour. J'observe la pièce attentivement. La décoration est plutôt contemporaine. Les photographies disposées sur le buffet attirent immédiatement mon attention. Mathieu est beau et ça, depuis son enfance. Alors que je fixe l'une d'entre elles, une voix m'interrompt dans mes pensées :

- Il avait huit ans sur la photo et comme tu peux le constater, sa bouille n'a pas changé.

Je me retourne et aperçois une femme d'à peine soixante ans. Elle porte un jean, un t-shirt blanc et des chaussures en toile. Son teint est lumineux et son sourire me met immédiatement à l'aise.

- Sybille, je te présente ma grand-mère. Mamie, je te présente Sybille.
- Je suis ravie de te rencontrer.
- Le plaisir est partagé !
- Depuis le temps qu'elle me bassine pour faire ta connaissance.
- Vraiment ?
- Elle m'a vu sourire un peu trop de fois en regardant mon téléphone, avoue-t-il, honteux. Bon, on passe à table ? Ça va être froid !

Mathieu abrège la discussion en posant notre dîner sur la table de la salle à manger. Le repas se déroule dans une ambiance agréable. Sa relation avec sa grand-mère me surprend. Ils sont si fusionnels, je trouve ça adorable. Les sujets sont variés, quant à moi, je suis plutôt décontractée. Je profite du moment pour dénicher quelques anecdotes concernant mon copain et m'intéresse à sa vocation. Je comprends qu'il a plus ou moins été élevé par sa grand-mère. La façon dont elle parle de lui en dit long sur le soutien qu'elle lui apporte. Elle évoque ses bêtises d'un ton léger. Elle reste vague, sans doute pour ne pas m'effrayer. On voit dans ses yeux qu'elle croit en lui plus que tout et ne semble pas lui en vouloir pour ses erreurs passées. Mathieu est en quelque sorte la prunelle de ses yeux.

ALL NIGHT - PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant