ALL NIGHT - PLK

XII - DU MAL

Chapitre 59

Jeudi 10 août 2017

Les ruptures amoureuses poussent souvent à rompre les liens avec les proches de notre ex. Une séparation qui s'ajoute en quelque sorte à la première. Pourtant, il existe des exceptions. Des gens bienveillants qui, malgré la rupture, continuent à prendre de vos nouvelles, car ils vous apprécient, sincèrement. Dans mon cas, je suis touchée de voir que cette personne n'est autre que Léa.

Cette après-midi, alors que j'étais en train de me morfondre dans ma chambre, cette dernière m'a contactée par message : « Coucou, ma Sybille ! J'ai appris pour Mathieu et toi... J'espère que tu vas bien ? Tu es libre ce soir pour prendre un verre ? En fait, je ne te laisse pas le choix ! Je pars en vacances avec mes parents dans deux jours et je veux absolument te voir avant ton grand départ ! Je passe te prendre, disons... Pour vingt et une heures ? Je t'embrasse ! » Inutile de préciser que je me suis empressée d'accepter son invitation !

Cela doit bien faire vingt minutes que nous sommes installées en terrasse, au cœur de la commune de Clamart. Revoir Léa me fait du bien, cette fille est un vrai rayon de soleil !

Nos cocktails et notre planche commandés, elle se presse d'enchaîner des sujets divers, tels que le beau temps, les vacances, ou bien ses nouveaux cours de yoga. Des thèmes anodins qui cachent sans aucun doute un malaise certain. Pas un seul commentaire sur ma mine désastreuse. Ce qui m'étonne, connaissant Léa.

Ces quatre derniers jours n'ont pas été faciles, je le porte sur moi. Dans ces conditions, comment aborder une conversation aussi sensible, sous peine de me voir craquer brusquement ? Je la comprends, cependant, je n'ai pas de soucis avec ça, bien au contraire. Évoquer Mathieu me ferait du bien. A-t-elle eu de ses nouvelles ? Comment va-t-il ? Est-ce qu'il lui a parlé de moi ? Au fond, j'ai besoin de savoir...

- Tes affaires sont prêtes ? me demande-t-elle, enthousiaste.
- Pas vraiment... Il me reste encore pas mal de choses à trier. J'ai le droit qu'à deux valises alors tu penses bien que je dois réfléchir à deux fois avant de les boucler.
- Quel enfer ! Je sais pas si j'en serais capable ! Less me prend toujours la tête avec ça quand on part en week-end, dit-elle en roulant des yeux. Tu dois tellement être excitée !

Je l'observe un instant, mon sourire se dissipe peu à peu.

- Disons que c'est pas comme ça que j'imaginais mon départ...

Léa mord sa lèvre inférieure, nerveuse. Elle ramène la paille de son cocktail à ses lèvres et reprend, confuse :

- Excuse-moi, c'était maladroit de ma part. Je me doute bien que tu n'as pas la tête à ça...
- Tu n'as pas à t'excuser, la rassuré-je. Honnêtement, je pensais pas que la situation prendrait une telle tournure.
- Vous vous êtes disputés ?
- Il ne t'a rien dit ? m'étonné-je.
- Tu connais Mathieu. Il n'est pas du genre à étaler sa vie sentimentale et encore moins avec ses amis. Il nous a juste annoncé que vous n'étiez plus ensemble et que tu partais pour l'Australie à la fin du mois. Je suis restée bête et les garçons aussi. C'est lui qui a pris cette décision ?
- Plus ou moins. Il l'a insinué et j'ai fini par l'appliquer.
- Il t'a fait culpabiliser ? m'interroge-t-elle, prise dans la conversation avant de se rendre compte de sa question. Merde, Sybille, pardon ! Je suis indiscrète. Tu n'es pas obligée de répondre.
- Tu n'es pas indiscrète.
- Je ne le prendrai pas mal, tu sais ?
- Je sais, affirmé-je, d'un sourire.