XI - YEUX

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Chapitre 55

Vendredi 4 Août 2017

Si je devais faire le point sur ces quatre derniers jours, honnêtement, je ne saurais même pas par où commencer. Entre le comportement de Mathieu, le silence radio de Tamara, l'anxiété de ma mère concernant mon éventuel départ pour Sidney et moi qui peine à réfléchir correctement... La situation me dépasse et je dois à tout prix faire quelque chose si je ne veux pas finir telle une loque.

Hier, alors que j'étais dans mon lit, j'ai décidé de relire mon carnet et je suis tombée sur cette célèbre citation de Gustave Flaubert : « L'avenir nous tourmente, le passé nous retient, c'est pour ça que le présent nous échappe. » J'ai relu cette phrase, encore et encore jusqu'à ce qu'elle me provoque un déclic. Profiter du moment présent n'est pas toujours évident, surtout quand votre esprit ressemble à un ballon de baudruche sur le point d'exploser. Suis-je prête à laisser mon présent m'échapper à ce point ? Non, bien sûr que non ! C'est pour cela que je compte bien reprendre les rênes de ma vie ! Mettre les doutes de côté pour se reconcentrer sur les choses essentielles, à commencer par Mathieu.

Ce soir, il dort à la maison. Ma mère étant de garde, Nour m'a proposé de prendre Noé pour la nuit, ce qui me rend bien service. Passer la soirée en tête à tête avec mon petit ami n'est pas négligeable, surtout en ce moment. Mathieu est arrivé vers vingt et une heures. J'ai terminé la préparation du dîner et nous nous sommes installés devant la télé. Le fait de me retrouver seule avec lui me fait un bien fou. J'en avais terriblement besoin.

Ma brosse à dents rincée, je pose ma serviette éponge et enfile une nuisette achetée pour l'occasion. Je prends soin de détacher mes cheveux avant de sourire, satisfaite du résultat.

Lorsque je rejoins ma chambre, Mathieu est plus ou moins allongé sur mon lit, les yeux rivés sur son téléphone. Il est vêtu d'un simple pantalon de survêtement, de quoi me faire saliver à des kilomètres. À peine passé l'encadrement de la porte, ce dernier relève la tête dans ma direction. L'expression de son visage change du tout au tout. Ses yeux s'écarquillent, ce qui me pousse à triompher de l'intérieur.

- T'aimes ?
- Attends, t'es vraiment en train de me poser la question, là ? T'es sexy, Vasilis !

Ses paroles me font rougir. Je m'avance vers lui pour lui déposer un bisou en guise de remerciement et m'installe sur le lit.

- Comment se sont passées les retrouvailles avec Teddy, Polak ? dis-je en faisant référence à mon gros nounours.
- Bien, mais il va devoir me laisser la place, ce soir, c'est moi qui dors avec toi.
- Désolée, Teddy, t'as entendu le chef ?

Je lui caresse la tête et le tends à Mathieu qui le place un peu plus loin dans la pièce. Il quitte son jogging et viens me rejoindre. Je l'observe avec tendresse.

- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Tu m'as manqué.

Il me fixe un instant et vient embrasser mes lèvres. Dois-je en conclure que lui aussi ?

- T'as acheté ça pour moi ? me demande-t-il en posant ses yeux sur ma nuisette.
- Pour qui d'autre ?

Sa bouche effleure mon cou, ce qui me fait aussitôt frissonner.

- En quel honneur ? reprend-il, intrigué.
- J'avais envie de te plaire.
- Depuis quand t'as besoin d'une nuisette pour ça ?

Le ton de sa voix est sérieux. Je le regarde brièvement et l'embrasse tendrement. Le Polak aurait-il mis de côté sa mauvaise humeur ?

- Toujours pas de nouvelles de Tamara ?

Bon, je crois que j'ai parlé trop vite... Pense-t-il réellement que j'ai organisé tout ça pour lui annoncer mon départ ? C'est absurde !

- Mathieu..., râlé-je.
- Quoi ? Je demande, c'est tout.
- Non, je n'ai toujours pas de nouvelles mais je ne t'ai pas invité ici pour qu'on parle de ça.
- OK, je vois...

Il se braque, vexé. C'est à ce moment précis que la citation me revient en tête : « L'avenir nous tourmente, le passé nous retient, c'est pour ça que le présent nous échappe. » Je refuse de gâcher un moment tel que celui-ci à cause de mon possible départ à Sidney ! Je soupire et me redresse de façon à m'installer à califourchon sur lui.

- En fait, j'ai pas très envie de parler tout court.

La façon dont je le regarde et me cambre annonce clairement la couleur. Un léger sourire se dessine sur son visage tandis que mes mains caressent son torse avec sensualité. Je sens rapidement sa partie se durcir, ce qui m'encourage à continuer sur ma lancée.   

Ma bouche vient embrasser la sienne. Nos langues s'entremêlent et je comprends qu'on a tous les deux envie de plus. Ma main glisse dans son boxer, le baiser prend des allures torrides. Cette fois-ci, inutile de me préparer à ça. Impatiente, je me redresse afin de me mettre en position.

Lorsqu'il entre en moi, je me presse de commencer les va-et-vient. Je m'applique à la tâche, donnant sans aucun doute le meilleur de moi-même. Je ne le lâche pas du regard, ce qui le rend encore plus impliqué. Il prend le relais et là, les gémissements se font de plus en plus réguliers.

- Putain, Mathieu...

Il m'attrape par la nuque et me tire vers lui pour m'embrasser. Ma langue tourne autour de la sienne, ses dents mordent ma lèvre, un vrai foutoir. Bizarrement, ça prend une allure inhabituelle. Coucher avec Mathieu m'a toujours plu, chaque rapport m'a apporté quelque chose de différent mais là, les mots me manquent. C'est comme si on voulait tout donner, autant lui que moi, comme si on ne voulait en aucun cas se quitter et rester collés l'un à l'autre pour toujours. Cette énergie me dépasse clairement mais bordel, qu'est-ce que c'est bon ! Nos souffles saccadés se mêlent entre eux, ses mains agrippent fermement mes fesses, ses râles de plaisir me font vibrer de l'intérieur. C'est bon, sauvage, incontrôlé, incontrôlable. 

- Dis-moi que tu m'aimes.
- Je... Putain..., bégayé-je, essoufflée.
- Dis-le-moi, Sybille !
- Je t'aime ! Je t'aime, Mathieu ! avoué-je, sincère.

À ce moment précis, une sensation incroyable parcourt mon corps tout entier. Une dose de plaisir  qui me tord de l'intérieur. Un gémissement un peu bruyant qui ne semble pas embêter Mathieu, bien au contraire. Ce dernier continue de tout donner avant de laisser échapper sa libération.

- Putain de merde....

Je me laisse tomber sur lui. On est tous les deux transpirants et épuisés. C'est à peine si on arrive à reprendre notre souffle.

- C'était quoi ça ? s'étonne-t-il, abasourdi.
- De l'amour.

Mathieu me sourit avant de venir embrasser mon front. Je me blottis contre lui, profitant pleinement du moment présent.

ALL NIGHT - PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant