Chapitre 53
Mathieu
Dimanche 4 octobre 2020
Vous visualisez cette fameuse scène dans les films ou le personnage principal rentre chez lui,
la lampe de chevet s'allume, et il remarque soudainement qu'une personne est assise sur son canapé ? Une scène intimidante qui aurait dû me dissuader de la reproduire, pourtant, je suis là, assis sur le fauteuil dans son appartement, à l'attendre pour une ultime discussion. En effet, depuis mon passage express hier après-midi, je ne lui ai pas vraiment donné de nouvelles. Quelques réponses brèves à ses nombreux messages, ce qui ne l'a visiblement pas alertée. J'ai préféré m'isoler chez moi et réfléchir à la situation. Agir sur un coup de tête n'est pas une bonne idée, mes frasques passées en sont la preuve. Alors j'ai attendu le bon moment, le moment où je pourrais la regarder en face et lui dire ce qu'elle n'ose pas m'avouer. C'est comme si le cauchemar recommençait à nouveau. Une partie de moi espère toujours que ce soit faux, mais si je suis honnête avec moi-même, j'ai toujours su qu'elle pouvait repartir à n'importe quel moment...La clé s'enfonce dans la serrure tandis que la poignée se met à bouger. Assis, je fixe la porte, attentif, mes mains quant à elles s'agrippent aux accoudoirs, nerveux. Ma copine entre dans la pièce avec un sac cabas. Elle le pose sur le sol et prend soin de refermer la porte derrière elle. Lorsqu'elle se retourne, elle m'aperçoit sur le fauteuil, un léger cri strident s'échappe de sa bouche, tout en ramenant sa main à son cœur, apeurée.
- Mon Dieu, Mathieu, tu m'as fait une de ces peurs ! dit-elle, en laissant tout de même échapper un sourire.
- J'avais le double des clés alors je me suis dit que j'allais rentrer.
- Tu as bien fait ! Je pensais pas que tu arriverais si tôt. Je me suis arrêtée faire deux courses pour le repas de ce soir.Son engouement me surprend. Comment arrive-t-elle à être aussi détendue face à moi ? Je serre les poings, tourmenté, pendant qu'elle continue à ranger ses achats dans le réfrigérateur, comme si de rien n'était :
- Comment s'est passée ta journée ?
- Elle aurait pu être meilleure.
- J'ai l'impression que tu étais pas mal occupé hier, je me suis même demandé si tu me faisais pas la tête, j'ai eu la sensation que tu étais froid et distant par messages.
- C'était peut-être le cas.Elle s'apprête à placer un paquet de biscuits sur l'étagère quand ma phrase la stoppe dans
son élan. Elle se contente de rester immobile quelques secondes, comme si elle venait enfin de comprendre ce qui n'allait pas. Elle se retourne afin de me faire face, perturbée.- Il y a un problème ? demande-t-elle, pleine d'incompréhension. Tu as l'air de mauvaise humeur.
- Peut-être car tu comptes repartir en Australie et que je ne suis pas au courant.Son visage se décompose instantanément.
- Qui t'a dit ça ? rétorque-t-elle sèchement.
- Peu importe ! C'est vrai ?
- C'est pas du tout ce que tu crois !Elle traverse la pièce pour me rejoindre mais je me lève brusquement pour l'éviter. Elle se fige, déconcertée. C'est plus fort que moi, je suis obligé de lui lâcher de ce que j'ai sur le cœur.
- Après tout ce qu'on a vécu, tu veux repartir, c'est ça ? Ça t'a pas suffi de me laisser une première fois ? Tu veux recommencer ?! dis-je en haussant le ton, écœuré. Tu te mets à ma place deux minutes ? À quoi est-ce que tu joues, putain ! Tu as pensé à moi ? À mes sentiments ? Ça te plaît de jouer avec moi ? Tu veux quoi, me détruire une bonne fois pour toutes ? Je t'ai ouvert mon cœur bordel ! J'ai jamais été comme ça avec personne et toi tu veux repartir à l'autre bout du monde ! Mais merde à la fin ! Qu'est-ce qui se passe dans ta tête, Sybille ?
Je la fixe, les yeux remplis de larmes, avant de détourner le regard, perdu. Je me sens tellement mal que j'ai qu'une envie : partir.
- Je ne pars pas en Australie, Mathieu.
Sa voix est tremblante. Je relève la tête, elle est en train de sécher ses larmes avec ses doigts. Je me redresse davantage dans l'attente d'une explication.
- Il est vrai que Tamara m'a recontactée. L'Australie rouvre les frontières pour les étrangers qui ont un contrat de travail. Elle m'a demandé si je voulais renouveler mon contrat et j'ai refusé. La première fois, je suis partie, car c'était l'un de mes rêves, mais en étant là-bas, je n'ai jamais cessé de penser à toi. Mon retour et nos retrouvailles m'ont fait comprendre que l'amour valait bien plus que tout ça. Est-ce que tu imagines une seule seconde que je pourrais de nouveau vivre loin de toi ? Si c'est le cas, tu te trompes, Mathieu ! C'est peut-être fou mais je me projette dans l'avenir, je crois en notre histoire et pour rien au monde je voudrais que tout ça s'arrête.
Ses paroles ont l'effet d'une bombe mais dans le bon sens du terme. Je me sens con et à la fois tellement soulagé. Bordel, cette relation, c'est pire que les montagnes russes... Je ne cherche pas à comprendre et m'avance vers elle pour l'embrasser avant de la serrer dans mes bras.
- Putain, bébé, j'ai eu tellement peur ! Je t'aime, tu le sais ça ?
- Si j'en doutais, me voilà rassurée, sourit-elle en pleurant d'émotion. Je t'aime aussi et tu es pas prêt de te débarrasser de moi, tu peux me croire. Je serai une vraie sangsue.Je dépose un baiser sur son front et me contente de la blottir contre moi, silencieux. Je profite de ce moment, plus heureux que jamais.
VOUS LISEZ
ALL NIGHT - PLK
FanfictionUne histoire comme les autres ? Détrompez-vous, vous n'êtes pas au bout de vos surprises. ▫️Sybille Vasilis ▫️Mathieu Pruski