Chapitre 23
Mercredi 7 juin 2017
Allongée sur mon lit, j'observe le plafond, pensive. Ses lèvres douces, son sourire, ses gestes tendres, l'odeur de son parfum, je me remémore la scène dans le moindre détail. Hier soir, j'ai lâché prise, je me suis laissé aller et je dois reconnaitre que ça fait du bien. Oublier mon quotidien durant une soirée, voilà ce dont j'avais besoin. Est-ce qu'il y aurait pu avoir plus si Flav, le manager de Mathieu, ne nous avait pas interrompus ? Sûrement, oui... Cette idée me met mal à l'aise rien qu'à l'idée d'y penser. Alors c'est ça cette fameuse sensation que l'on ressent lorsque deux personnes veulent aller plus loin ? Je ne m'attendais pas à un tel rebondissement. Je connais ce garçon depuis quoi ? Un mois et demi ? Tout ça parait tellement surréaliste !
Mon sourire s'élargit légèrement en repensant à cette fabuleuse soirée. J'ai pu faire la connaissance de ce nouveau groupe prometteur « Thérapie Taxi » et je dois admettre qu'ils ont énormément de talent. Étrangement, je me suis sentie à l'aise. J'avais beau les observer en toute discrétion, je ne me sentais pas de trop. Flav, le manager, s'est montré très poli et courtois. D'ailleurs, je suis admirative de la relation qu'il entretient avec son poulain. Il le considère comme son petit frère et c'est touchant à voir. Je comprends mieux pourquoi Mathieu tenait tant à cacher ses bleus l'autre jour, il ne voulait en aucun cas le décevoir.
Lorsqu'il m'a ramenée à deux heures du matin, Mathieu s'est stationné devant mon bâtiment. Me retrouver seule avec lui après ce qu'il venait de se passer m'a un peu perturbée mais nous n'avons pas vraiment abordé le sujet. Nous avons discuté une vingtaine de minutes, je me sentais si bien. Je l'ai remercié avant de lui déposer un bisou sur la joue. Cela peut paraitre enfantin mais je ne savais pas comment agir. L'embrasser pourrait lui faire penser que nous sommes ensemble, surtout après ce qu'il venait de se passer. Heureusement, je ne suis pas stupide ! Je sais comment les garçons fonctionnent et je n'ai pas envie de passer pour une hystérique en jouant la fille qui se précipite. En fait, j'ai envie de prendre mon temps, même si au fond de moi, je n'ai qu'une envie : accélérer les choses !
Je me redresse afin de tendre mon bras vers ma table de nuit pour y attraper ma bouteille d'eau. Bien évidemment, cette dernière est vide, ce qui me pousse à lever les yeux au ciel, agacée. Je me redresse, enfile mes chaussons et me dirige vers le séjour. La voix de ma mère se fait entendre et c'est sans y prêter attention que je rejoins la cuisine.
- Je... Attends, Je... Je te rappelle dans quelques minutes, bafouille-t-elle.
La conversation continue à voix basse avant qu'elle ne raccroche, comme si de rien n'était. Je ne peux m'empêcher de la regarder, amusée. Ce qui attire très vite son attention :
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Oh... Rien du tout ! souris-je.
- Je rêve ou tu te moques de moi là ? rétorque-t-elle, d'un ton léger.
- Tu sais, tu n'es plus une adolescente, maman, tu n'as pas besoin de te cacher. Je suis au courant.
- Au courant de ?
- De ta relation amoureuse, quoi d'autre ?Le visage de ma mère se décompose, mal à l'aise, tandis que ses joues rougissent à vitesse grand V.
- Relax ! Tu es une adulte, tu es libre de faire ce que bon te semble.
- Comment tu as su ?
- Sérieusement ?Elle hoche la tête positivement dans l'attente d'une explication.
- Tu es redevenue coquette, tu passes beaucoup de temps sur ton téléphone, tu sors diner avec tes soi-disant « amis » et... Nour t'a croisée avec un charmant docteur l'autre jour.
- Oh... Je vois, sourit-elle, gênée.
- Il s'appelle comment ?
- Olivier Jouannet. Il est neurochirurgien à l'hôpital.
- Waouh ! Ça rigole pas !Ma mère réagit à ma réplique en souriant davantage :
- Et toi alors ?
- Moi ? demandé-je, surprise.
- Tu es rentrée tard hier soir, non ?
- Oui... J'étais avec... Enfin...
- Tu n'es pas la seule à remarquer les choses, Sybille, dit-elle, fièrement.
- Je suis grillée, c'est ça ?
- Il s'appelle comment ? Il a quel âge ? Il vit à Clamart ? me questionne ma mère, surexcitée.
- Il s'appelle Mathieu, il a vingt ans et... oui, il vit à Clamart.
- Vingt ans ? s'étonne-t-elle.
- Maman...
- Vous vous fréquentez depuis longtemps ?
- Oui... Enfin... Non, bégayé-je. On n'est pas ensemble, si c'est ce que tu veux avoir.
- Oh... Alors vous n'avez pas enco...
- Non ! la coupé-je, sèchement, outrée par ses propos.Seigneur ! Je suis dans un cauchemar, c'est ça ?
- Tant mieux, lance-t-elle, soulagée. Écoute, je sais que dans la famille, parler de sexualité ça a toujours été tabou, mais je ne veux pas que tu hésites à venir m'en parler si tu as la moindre question, tu entends ?
- La conversation devient gênante là...
- T'es pas croyable !
- Peut-être mais je t'aime.
- T'es bien la fille de ta mère toi... Je t'aime aussi, ma chérie.Elle vient se blottir contre moi afin de me déposer un bisou sur le front. Je suis heureuse qu'on ait pu discuter, ça fait longtemps que cela n'était pas arrivé.
- Tu devrais le rappeler... Il va se faire du souci, souris-je.
- Oui, bonne nuit, mon trésor.
- Bonne nuit, maman.Et c'est avec un grand sourire que je rejoins ma chambre pour une douce nuit de sommeil...
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ALL NIGHT - PLK
FanfictionUne histoire comme les autres ? Détrompez-vous, vous n'êtes pas au bout de vos surprises. ▫️Sybille Vasilis ▫️Mathieu Pruski