Chapitre 24
Samedi 25 juillet 2020
Allongée sur le lit à baldaquin de la terrasse, mes yeux sont rivés sur les pages de mon roman. Il s'agit d'un livre d'Emily Temple, « The Lightness », ce bouquin m'a été offert par Nour pour mon anniversaire et je dois reconnaître qu'il est plutôt prenant.
Il est pratiquement deux heures du matin et la maison n'a jamais été aussi calme. Étrange, la veille de notre départ, n'est-ce pas ? Pourtant, tout ça a du sens. Aujourd'hui nous avons profité de notre dernière journée tous ensemble. Comme convenu, après le dîner, Ilyès, Anis et Ormaz ont pris la route pour conduire Aladin et Hanaé à l'aéroport. Les garçons en ont sans doute profité pour sortir en ville, car ils ne sont toujours pas de retour. Pour ce qui est de Mathieu, Lesram et Léa, nous nous sommes quittés il y a environ une heure pour aller dormir chacun de notre côté. Léa m'a discrètement envoyé un message pour m'annoncer qu'elle ne me rejoindrait pas ce soir. Probablement car mon amie s'est éclipsée avec Less pour passer une nuit endiablée.
Personnellement, je suis ravie de voir que les choses s'arrangent entre eux et j'espère sincèrement que cela va continuer sur le continent. Quant à moi, une fois installée dans mon lit, je n'ai pas réussi à trouver le sommeil. Certainement car il s'agit de ma dernière nuit à Coti-Chiavari. Nostalgique ? Nier serait mentir. Me voilà donc en train de lire à la belle étoile pour occuper mon esprit. Après tout, c'est mieux que de fixer le plafond de ma chambre, pensive, non ?Je m'apprête à finir mon chapitre, lorsque l'ouverture de la baie vitrée se fait entendre. J'éteins la lampe de mon téléphone et reste silencieuse tandis qu'une silhouette s'avance dans l'ombre de la terrasse. J'aperçois Mathieu, vêtu d'un simple short de sport, en train de s'accouder à la balustrade. Il allume sa cigarette. Je l'interromps instantanément :
- Alors comme ça, on arrive pas à trouver le sommeil ?
Mathieu sursaute légèrement. Il tourne sa tête dans ma direction et réalise avec étonnement qu'il ne s'agit que de moi. Un sourire se dessine sur son visage, rassuré.
- Je pourrais te retourner la question.
- Impossible de dormir. Du coup, je suis sortie bouquiner.
- Dans le noir ?
- Non, bien sûr que non ! Je suis équipée, dis-je en actionnant la lampe de mon iPhone.
- Ah oui, une vraie professionnelle, lâche-t-il, d'un ton léger, comme impressionné.
- Moi c'est la lecture, et toi, la cigarette, chacun ses vices, avoué-je.Il s'apprête à ramener de nouveau cette dernière à ses lèvres mais se stoppe brusquement dans sa lancée. Il écrase sa cigarette à peine consumée dans le cendrier en verre qui se trouve à sa droite avant de me rejoindre sur le lit. C'est sans un mot qu'il s'installe à côté de moi, prend mon livre dans ses mains et jette un coup d'œil à la quatrième de couverture, visiblement intéressé.
- Tu lis toujours en anglais ?
- La plupart du temps, oui.
- Parfois j'oublie que tu gères la langue de Shakespeare comme personne.
- C'est l'une de mes plus grandes qualités !
- T'es sûre ? Moi j'aurais misé sur autre chose.
- Comme ? demandé-je, intriguée.
- Comme rien du tout, t'es trop curieuse ! lâche-t-il afin d'éviter le sujet.
- Très bien, je vois que Monsieur Pruski parle chinois.
- Moi ? C'est pas mon genre !
- Alors dis-moi mes plus grandes qualités.
- Ah parce que je dois en dire plusieurs en plus ?
- Une ne serait pas suffisante, tu le sais, souris-je.
- D'accord mais tu commences !
- Tu perds pas le Nord toi, dis-je en roulant des yeux, amusée.
- C'est à prendre ou à laisser, Vasilis.
- Très bien. Tu es franc, protecteur, créatif, persévérant. Des qualités qui font de toi un garçon plutôt appréciable.
- Plutôt appréciable ? répète-t-il en souriant.
- Très appréciable, rectifié-je. À toi !
- Tu es intelligente, déterminée, douce, attentionnée et patiente.Je sens mes joues rougir, malgré moi.
- Je pourrais encore te complimenter mais tu prendrais la grosse tête alors je vais en rester là, conclut-il.
- Dommage, je commençais à y prendre goût.Il se contente d'accentuer son sourire et pose mon livre à l'écart avant de s'allonger de façon à regarder les étoiles.
- Ça t'ennuie pas si je te squatte un petit peu ?
- Quoi ? Ton nouveau lit ne te convient pas ? le taquiné-je.
- Si mais j'ai l'impression que sur chaque matelas ou je me pose, mes potes ont pris du bon temps.
- C'est vrai qu'Aladin et Hanaé ont certainement dû baptiser la chambre.
- La chambre, carrément ? reprend-il.
- À l'époque c'est ce qu'on avait fait, non ?Un air de satisfaction s'empare de son visage.
- C'est censé me rassurer ?
- Non mais uniquement t'embêter.Mathieu élargit son sourire, puis m'attrape le bras pour me tirer vers lui délicatement, m'obligeant à m'allonger à ses côtés. Nos regards se portent alors sur les étoiles. Une vision panoramique, à nous couper le souffle.
- Ça change de Paris, dit-il.
- Oui, c'est magnifique. Je pourrais rester là des heures.Alors qu'on fixe attentivement le ciel, une étoile filante traverse notre champ de vision, attirant immédiatement notre attention.
- Tu l'as vue ? me demande-t-il, en pointant son index dans sa direction.
- Oui ! Il faut faire un vœu !
- Un vœu ? OK...Il étudie la Voie Lactée, concentré, puis se tourner vers moi :
- À ton tour.
Je m'exécute, silencieuse.
- C'est quoi ton voeu ?
- Inutile de me soudoyer, les vœux ne peuvent pas être dévoilés, sinon, il se réalise pas.
- Ah t'es comme ça ?
- C'est la règle, Pruski !
- Très bien... Je vais devoir agir par moi-même alors.Sa réplique me surprend, je l'observe un instant, sans vraiment comprendre où il veut en venir quand son visage se rapproche dangereusement du mien. Je sens ses doigts effleurer ma joue avec délicatesse, ce qui me pousse à frissonner. Est-ce que tout ça est réel ? Je mords ma lèvre inférieure, nerveuse. Mon attention se perd dans ses yeux noisette, c'est comme si j'étais envoûtée. Mes paupières se ferment et c'est à cet instant que je sens sa bouche se poser sur la mienne. Évidemment, je ne me fais pas prier et réponds immédiatement à son baiser. Un baiser que je savoure chaque millième de seconde. Sa main, toujours sur ma joue, fait pression pour que nous soyons le plus proche possible. Le rythme augmente, c'est à peine si j'arrive à trouver mon souffle mais je ne veux pas me détacher de lui. Depuis le temps que j'attends ça, il en est hors de question ! Nos mouvements s'accélèrent de plus en plus, comme pris par le tourbillon de nos sentiments. S'il ne met pas fin à tout ça, les choses vont déraper, c'est certain ! Est-ce que je veux que les choses dérapent ? Je m'interdis de répondre à cette question. Mathieu prend le dessus. Ses lèvres viennent se nicher dans mon cou tandis que je sens sa partie se durcir contre moi. À ce moment précis, je suis aux anges. Malheureusement, des voix se font entendre, me sortant aussitôt de mon cocon.
- Tu as entendu ?
- Laisse, c'est rien, dit-il en m'embrassant de plus belle.Prise d'un doute, je l'écoute sans broncher. Je vais pour me laisser aller davantage quand l'ouverture de la baie vitrée se fait entendre. Les garçons sont de retour. Je me détache de Mathieu à contrecœur.
- Je rêve ou tout le monde est en train de dormir ? râle Ilyès de la terrasse. On pourrait aller les réveiller ?
- Tu veux mourir ? lui demande Anis.
- Allez ! Ça va ! C'est notre dernier soir !
- Putain, ils font chier ! crache Mathieu, énervé.Je me redresse légèrement et remets mes cheveux en place lorsqu'il me regarde, dépité. S'il ne se lève pas pour les rejoindre, les garçons pourraient très bien comprendre que Less et Léa sont ensemble et que Mathieu et moi ne sommes pas dans nos chambres respectives. Il embrasse mes lèvres une dernière fois avant de se lever pour contourner le mur et les retrouver sur la terrasse. Quant à moi, prise de panique, je fais le tour de la villa et pars retrouver ma chambre sans perdre de temps.
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ALL NIGHT - PLK
FanfictionUne histoire comme les autres ? Détrompez-vous, vous n'êtes pas au bout de vos surprises. ▫️Sybille Vasilis ▫️Mathieu Pruski