ALL NIGHT - PLK

V - FAUT CROIRE

Chapitre 20

Samedi 3 juin 2017

Avec ses ruelles pavées, son étonnante basilique, ses artistes, ses bistrots, Montmartre a un charme fou ! Aujourd'hui, Nour et moi avons décidé de laisser le funiculaire pour les touristes. Les escaliers du square Louise Michel nous accueillent chaleureusement et je regrette déjà notre décision. Deux-cent-vingt-deux marches et ma respiration est à deux doigts de rendre l'âme...

Arrivées sur le parvis, la basilique du Sacré-Cœur nous fait face. Je l'admire sans un mot, comme envoutée par sa grandeur et sa beauté. J'ai beau y venir souvent, je suis toujours autant subjuguée.

- Elles sont mortelles ces marches ! soupire Nour, essoufflée.
- Peut-être mais ça vaut le coup, non ?

Ma meilleure amie grimace légèrement, désespérée. Je souris, amusée, et nous contournons le monument pour rejoindre notre endroit favori, un banc à l'abri des regards.

- Tu te rappelles quand on venait ici avec Inès ?
- Oui, on avait quoi ? Quatorze ans ?
- Plus ou moins...
- D'ailleurs, comment va ta sœur ? demandé-je, intéressée.
- Bien. Entre sa vie de maman, son mari et son travail, elle est plutôt occupée. Mon père commence à se faire à l'idée que sa fille ainée n'est plus en région parisienne. C'est pas facile mais il doit l'accepter.

Inès, la grande sœur de Nour, s'est mariée il y a deux ans. Elle a rencontré son mari à l'université, depuis, ils vivent une jolie petite vie en Loire-Atlantique, loin du brouhaha parisien. Un déménagement pas forcément facile à accepter pour les parents de cette dernière qui ont toujours été très proches de leur fille.

- Assez parlé d'Inès ! Tu as des nouvelles de Mathieu ?
- Nour... Ça devient une obsession là, souris-je.
- Quoi ? Ma meilleure amie fréquente un rappeur, je suis curieuse, c'est tout.
- Il est passé me voir lundi, depuis on échange des messages. J'ai l'impression que les choses avancent doucement mais surement.
- Ça me fait plaisir de te voir aussi souriante, c'est dingue l'effet qu'il a sur toi !
- Arrête de dire n'importe quoi, tu veux ?
- Sybille, depuis qu'il t'a embrassée, tu as ce sourire niais ancré sur le visage vingt-quatre heures sur vingt-quatre !
- Bon, peut-être qu'il me rend joyeuse mais ne va pas t'imaginer des choses, OK ? On apprend à se connaitre.
- Il avait quand même sa langue dans ta bouche, non ? Drôle de façon d'apprendre à connaitre les gens, Sybille.

Nour se retient de sourire et je ne peux m'empêcher de faire de même.

- Tu sais, je l'aime bien, reprends-je. Mais je ne sais pas si je suis prête pour ce genre de chose. Il y a mon Bac, mon entrée à l'université et je dois me concentrer sur mes études.
- Les études, ton sujet de prédilection ça ! râle mon amie en levant les yeux au ciel.
- Un problème, Mademoiselle Madani ?
- Tu devrais arrêter de te focaliser sur ça ! Profite !
- Alors quoi ? Je dois mettre de côté mes cours pour un garçon ? Mes études comptent énormément pour moi. J'ai envie de réaliser mes rêves, je veux me donner un maximum de chance !
- Tu vois, c'est ça ton problème ! Tu vois soit tout blanc ou tout noir ! Tu as du temps et de la place pour associer les deux, alors fais-le !

Les mots de mon amie semblent faire leur petit effet. Au fond, je sais qu'elle a raison mais le problème ne vient peut-être pas de là...

- Je sais que ton refus pour l'Australie t'a beaucoup affectée et que tu comptes te donner à cent pour cent pour ton entrée à l'université, mais vois le bon côté des choses, tu vas surement passer l'été avec le rappeur le plus en vogue de Clamart ! Ça vaut bien un surfer australien ça, non ?

Un sourire se dessine sur mon visage. Vues sous cet angle, les choses pourraient presque me remonter le moral. Ce voyage en Australie était très important pour moi, malheureusement mon dossier n'a pas été sélectionné. Partir étudier à Sidney faisait partie de mes rêves, mais les choses ne se passent pas toujours comme prévu... Heureusement pour moi, tout est rentré dans l'ordre. J'ai été accepté à l'université de Diderot et je compte bien mettre toutes les chances de mon côté pour réussir ma première année.