ALL NIGHT - PLK

VIII - ALL NIGHT

Chapitre 31

Mercredi 14 juin 2017

J'enroule mes bras autour de son corps rembourré. Des yeux ronds, un pelage doux et soyeux, une bouille adorable. La peluche a enfin trouvé refuge dans mes bras. C'est avec un regard digne d'une enfant de cinq ans que je remercie Mathieu pour son cadeau. Viser la cible du milieu n'a pas été évident, pourtant il a réussi son pari haut la main ! Avait-il l'habitude de tirer à la carabine ? Pratiquait-il la chasse ? Avait-il une arme ? Je dois reconnaitre que beaucoup de questions me sont passées par la tête mais peu importe ! Son geste me touche énormément. Après tout, qui ne rêverait pas de se faire offrir un ours géant par son crush ? Sérieusement ?

- Tu vas lui donner un nom ?
- Que penses-tu de Teddy Polak ? annoncé-je, d'un ton léger.
- Ça tue, tu penseras à moi comme ça.
- J'ai pas besoin de lui pour ça, tu sais ?

Mon regard se perd dans le sien lorsque des voix nous sortent brusquement de nos pensées. Les amis de Mathieu ne sont qu'à quelques mètres, sur la plage. Ils nous font signe de les rejoindre.

Arrivés à leur hauteur, des sacs en papier d'un célèbre fast-food attirent mon attention, il doit y en avoir au moins dix. Les garçons sont installés sur le sable tandis que Léa essaie de distribuer les menus de chacun. Ils semblent tous très heureux, à croire que l'un d'eux a gagné le jackpot.

- C'est quoi tous ces sacs ? lance Mathieu, perplexe.
- Demande au gagnant de la soirée, sourit Anis en désignant Ylies du regard.
- Mais non ?
- Sept-cent-quarante-cinq euros, frérot ! J'pouvais bien vous payer un petit McDo, non ?
- T'es un ouf, mon reuf ! Merci !
- Et vous alors ? Qu'est-ce que vous avez fait ? demande Léa, intéressée.
- On est allé à la fête, expliqué-je.
- La peluche est vraiment trop mignonne.
- C'est qu'il est romantique le Polonais.

Mathieu se contente de lever son majeur face à Lesram, amusé. Je prends soin de poser Teddy Polak à côté de moi et m'installe auprès de Léa. La distribution des menus terminée, nous commençons à manger.

- Bon, félicitations à Ylies pour sa victoire de ce soir, tu pourras enfin me rembourser les grecs que tu me dois, sourit Anis en portant un toast à l'aide de son gobelet de Sprite.
- Quel bâtard !
- J'rigole, mon reuf ! Merci pour le repas.
- Avec plaisir, la famille.
- Et vous alors ? Vous n'avez pas trop perdu ? enchaine Mathieu, curieux.
- Difficile de perdre quand t'as Léa dans les parages, s'amuse Ormaz.
- Je rêve ! Vous devriez me remercier au lieu de râler.
- Vous avez joué combien ?
- Deux-cents chacun, perso, j'ai pratiquement rien perdu.
- Disons que si tu m'avais écoutée, tu aurais pu repartir avec un peu d'argent, précise Léa.
- Peut-être mais on est venu pour jouer, non ? De toute façon ça aurait pu être pire. Quand je vois le mec qui a misé mille-cinq à la roulette pour tout perdre en cinq secondes, c'est pas avec mes cinquante euros de perdus que je vais me plaindre.
- Ormaz a raison, annoncé-je entre deux bouchées de mon burger. Une amie à ma mère travaillait dans un casino. Elle lui a raconté un tas d'histoires sur les habitués, ils font vraiment peur.
- Sérieux ?
- Oui, ils misent des sommes astronomiques, ils hypothèquent leurs biens, vide leurs livrets d'épargne, c'est assez flippant.
- Eh ouais, les addictions, c'est chaud ! ajoute Mathieu.
- Ça dépend lesquelles ? sourit Ylies.
- Tiens, tiens, ça faisait longtemps, lâche Léa en levant les yeux au ciel.
- Frérot, ta copine à l'esprit mal placé, c'est normal ?

On se met à sourire.

- Moi ? L'esprit mal placé ? C'est une blague ?
- On a déteint sur toi, sourit Mathieu.
- Bah voyons ! râle-t-elle. Aucune addiction n'est chouette pour info !
- Oui, madame, acquiesce Ylies.