Chapitre 4.1

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PDV Léo


Je me réveille avec le ventre noué. La nuit a été courte... Nous faisons nos lits respectifs et un ménage sommaire de la chambre, puis le surveillant jette un œil dans la cellule avant de nous autoriser à sortir.

À partir d'aujourd'hui, tous les matins, je ferai un détour rapide pour passer chercher mon médicament, fourni à travers une vitre par une personne en blouse blanche. Un traitement qui, je l'espère, ne sera qu'un moyen de me rassurer.

Une fois la pilule avalée grâce à un petit gobelet d'eau en plastique, je me dirige vers la salle de bain. La pièce est déjà enfumée par les vapeurs de douches et un agréable parfum de savon plane dans l'air. Pour une fois, l'odeur de la cigarette n'a pas encore totalement imprégné les lieux.

— Elie !

En le voyant sur le départ, je cours vers lui.

— Léo, me sourit-il, je m'en vais à mes soins, on se retrouve après ?

Je hoche la tête, enthousiaste, et dépose ma trousse de toilette sur le lavabo. Je passe les doigts dans les mèches qui caressent mes cils et contemple mon reflet dans le miroir. La fatigue me creuse de jour en jour. J'ai l'impression d'avoir déjà perdu du poids ; moi qui n'étais pas bien musclé à mon arrivée... Pourrais-je aller chez le coiffeur, rien que pour me détendre un moment ? Aussi faudrait-il que j'ai les moyens de me payer une coupe de cheveux.

Je relève le menton, résolu à ne pas me laisser abattre. Ils me croient tous incapable de survivre, mais je vais leur montrer qu'ils se trompent.

La chaleur de la salle de bain me pousse à retirer mon t-shirt. Alors que je sors ma brosse à dents, une main se referme sur mon bras. Je me retrouve projeté au milieu des détenus qui se lavent, dans les flaques mousseuses des douches communes, et mange le mur de plein fouet. Sonné par l'impact et aveuglé par l'eau, je n'ai pas le temps de reprendre mon souffle.

On me tire par la cheville pour me traîner sur le carrelage trempé, puis des coups de pied s'abattent sur moi. Mon ventre et mes côtes s'enfoncent sous les talons qui s'y plantent. Un craquement. Ma respiration se coupe. Je réalise à peine ce qu'il m'arrive. Je roule sur le flanc gauche et me recroqueville pour protéger l'avant de mon corps, offrant, malgré moi, mes reins et ma colonne vertébrale. La douleur me cisaille.

Lorsque la violence cesse, je lève les yeux vers mes bourreaux. Derrière les mèches plaquées sur mon visage, je distingue des membres du gang de la veille, ceux qui se battaient contre celui de Rafael.

— Tu vas payer, merdeux.

Je réussis à marmonner :

— P-pourquoi ?

Des doigts s'agrippent à mes cheveux pour me redresser. Un homme à la peau hâlée et au crâne parcouru de tresses s'accroupit devant moi. Une toile d'araignée recouvre son avant-bras.

— Qui est-ce qui t'a filé ce sachet ?

La drogue d'hier, le surveillant du bureau B, ce tatouage... Mes yeux s'agrandissent. Cet homme est L'Araignée...

— Si tu te dépêches pas de cracher le morceau, ça va mal se finir pour toi.

Je garde le silence, les lèvres frémissantes. Entre être poignardé ici et terminer aux urgences ou me retrouver directement à la morgue demain matin, le choix est fait. Je dois manipuler la vérité pour tenter de sauver ma peau. L'adrénaline pulse dans mes veines, mais la peur embrouille mes pensées. Concentre-toi, concentre-toi...

— Je ne le connais pas, bégayé-je, il m'a dit que j'avais l'air d'avoir besoin d'amis et que... que si je lui rendais service je serais protégé... ! Il a dit qu'il y a ceux qu'on emmerde et ceux qu'on n'emmerde pas, que lui, il est de ceux qu'on n'emmerde pas, mais que moi je suis seul et...

De roses et d'acier (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant