PDV Léo
L'adrénaline de ma plaidoirie sous le feu des projecteurs retombe. Je sors de la salle et pars m'isoler dans un coin avec mon ami et collègue pour relâcher la pression. Un coup d'œil à ma montre : 17h. L'audience a duré plus longtemps que prévu.
Mon ami s'accoude contre le mur, face à moi, et passe une main sur ses cheveux afro, coupés très courts.
— On rentre ensemble ? Je t'invite à dîner.
— Merci, mais je dois me farcir les paparazzis à l'entrée.
— On a qu'à passer par derrière, j'ai ma voiture de l'autre côté. Sinon, on peut aller chez toi, on commande thai en chemin. Tu voulais absolument un phad, hier, me dit-il dans un clin d'œil.
— Je ne sais pas. Je n'ai qu'une envie, c'est d'aller m'allonger.
— Tu sais qu'ils sont là pour te titiller, aujourd'hui ? Pourquoi tu ne les évites pas ?
— Je dois me montrer à mes supporters. Si j'esquive les gens maintenant, ça ne donnera pas une bonne image.
— Monsieur est une star.
Je soupire. Je pose mon attaché-case et me frictionne les bras. Il ne fait pas excessivement froid, mais l'épuisement me rend fragile, en ce moment.
— Tiens, prends mon manteau.
James s'approche et me drape dans son manteau avant même que je n'ai eu le temps de répondre. C'est en sentant son parfum, imprégné sur son vêtement, qu'une bouffée de stress me submerge. Je le retire en contenant un tremblement et lui rends avec politesse.
— C'est très gentil, mais... je dois y aller.
— Ah, désolé, je suis encore trop... direct.
— Non, non, ce n'est pas ta faute, je...
Je referme la bouche et détourne un air mal à l'aise.
— Je dois rester à ma place, ricane-t-il pour détendre l'atmosphère.
— Ce n'est pas contre toi, James.
— Je sais, Léo, je sais...
Il avance sa main vers mon épaule, mais se ravise et recule d'un pas pour remettre de la distance entre nous. J'apprécie sa prévenance et son respect de mon vécu, malgré son désir d'aller plus loin avec moi.
Depuis ma sortie de Gordon Valley, ma dissociation émotionnelle s'est envolée et tous mes traumatismes ont explosé. Je ne tolère plus que qui que ce soit me touche ou soit trop proche de moi. Inutile de dire que les bains de foule sont chaque fois une véritable torture, et le fait de ne pas pouvoir m'échapper en dévalant les marches quatre à quatre à cause de ma jambe n'arrange rien.
Mais je n'en suis plus à une épreuve près. Tout à l'heure, je m'envole pour la Californie, à Newcastle, afin de visiter une maison pour Papi. Là-bas, j'aurai le temps de respirer, loin du monde.
Je salue James et nous prenons tous deux des directions opposées. Avant de me faire harceler par les paparazzis, je réajuste ma cravate, replace les trois pièces de mon costume gris et prends une profonde inspiration.
Puis, je descends quelques marches pour arriver dans le hall. Le brouhaha résonne, les lieux sont noirs de monde.
« Maître ! Maître ! »
Avec ma jambe, la sécurité va devoir m'aider à me frayer un chemin dans la foule jusqu'au taxi. Ils peinent déjà à contenir les gens... qui va bien pouvoir s'occuper de moi ? Les caméras m'encerclent.
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De roses et d'acier (MxM)
Romance🔞Léo Pasquier est un jeune avocat français téméraire et audacieux. Il est victime d'un complot qui le conduit à l'incarcération dans une prison new-yorkaise et se retrouve brisé par ceux qui règnent sur cet enfer. Un homme se démarque toutefois au...