Chapitre 36.1

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PDV Léo


— Pasquier, courrier ! Encore.

Un codétenu, en charge de la distribution du courrier, m'apporte une dizaine de lettres envoyées par mes fans. Le paquet tombe sous mon nez, sur le bureau.

— Merci, Marcus, lui dis-je dans un sourire.

— Tu me donnes plus de travail que toute la prison entière, grommèle-t-il.

Je ricane et place les enveloppes, déjà ouvertes par les surveillants, au-dessus de la pile de ces deux derniers jours. Je venais de finir de les lire. Je peine à répondre à tout le monde, mais le soutien et l'amour que je reçois depuis mon retour à New-York est vital pour moi.

— Au fait, ça va être l'heure des infos, ajoute-t-il en reprenant son chariot.

— Ah, merci, j'y vais tout de suite !

Je me dépêche d'enfiler une veste, réajuste mon atèle et attrape mes béquilles pour me diriger vers la salle télé à pas lents. Quarante-huit jours sans nouvelles de Northbury. Le délai a été dépassé depuis dix-huit jours. Une part de moi est anéantie, l'autre continue d'y croire.

Robert, l'homme qui dort au-dessus de moi dans notre cellule de quatre, souffle avec un air dépité.

— T'es plus mollasson que moi avec mon arthrite, gamin.

— Excusez-moi, monsieur, je ne savais pas que j'étais attendu, fais-je en m'asseyant à côté de lui.

Il désigne le paquet de Cheetos ouvert et frappe la table avec ses doigts.

— Y'en a déjà trois qui ont tenté de le voler. Je suis pas ta secrétaire !

Je lui souris, amusé. Ce vieux bougre est aigri par une vie de malheurs, mais il est loin d'être méchant. Au contraire, ma douceur ressort en sa compagnie et il me remet sur les rails quand il me voit déprimer. Un peu comme un grand-père à la langue bien pendue. Je pense que mon histoire l'a touché, sans pour autant l'admettre, lui qui a une sainte horreur de l'injustice.

De plus, lorsque je suis arrivé, j'étais dans un sale état, physique comme moral. N'ayant tous deux plus de familles, nous nous sommes vite rapprochés. Sa présence m'a beaucoup aidé à sortir la tête de l'eau.

Mais nos conditions de détention ont un rôle non-négligeable. Pas de barbelés, pas même de murs extérieurs, pas de barreaux aux fenêtres, une population raisonnable, une nourriture décente et une hygiène quasi normale.

Il y a aussi très peu de personnel de sécurité et tous ceux qui sont ici ont des peines des peines courtes de quelques années. Après plus d'un an à cumuler de violents traumatismes, c'est une résurrection pour moi.

Merci, Rafael...

— Ah ! V'la ma chérie qui commence le journal !

Oui, Robert entretient une relation à sens unique avec Janice, la jeune et jolie présentatrice. Les infos débutent sur des évènements inintéressants. Mes doigts pianotent sur la table. Un accident ferroviaire, un meurtre dans une école, un pont écroulé près de Washington...

Puis, une enquête.

« ... de l'assassinat du tueur en série John Karl Hendrix à Northbury, une prison du Kentucky. »

Je bondis de ma chaise. Mes yeux se scotchent à l'écran.

« Son meurtrier, déjà condamné pour homicides, est actuellement transféré dans un autre centre pour une peine de prison à perpétuité. Retrouvons Phil, notre envoyé sur place. »

De roses et d'acier (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant