De roses et d'acier (MxM)

Chapitre 29.1

PDV Léo

 

Le retour jusqu'à Northbury m'a exténué et a relancé la douleur. J'ai mal. Très mal. Ma jambe me lance, du tibia à la hanche. Mais allez demander de la morphine ou de la codéine lorsque vous êtes entouré de dealers... Je pose mon plâtre sur le lit, enfonce la tête dans mon oreiller, puis lâche un profond soupir.

— Salut, Pasquier.

— Non, par pitié, pas maintenant.

Jackson ricane et tourne les pages de son livre. Il doit avoir pitié de moi. Au moins, il respecte mon besoin de calme. Je grimace en remuant sur le matelas.

Après avoir dormi dans un vrai lit, passé des nuits dans le noir, mangé de la nourriture goûteuse, fréquenté des gens agréables et été sécurisé pendant douze jours, le retour est terriblement frustrant.

Mais ce séjour à l'hôpital m'a beaucoup apporté. J'ai trouvé l'espoir là où je ne le soupçonnais pas et je me suis retrouvé moi, à travers l'amour et l'admiration des gens, et de ce médecin formidable. Et je sais, à présent, que je serai soutenu durant ces prochaines années, peu importe ma situation carcérale. Je ne serai plus seul.

Mon ventre gargouille. Il semble que mon estomac se soit déjà habitué au régime sain et copieux de l'hôpital.

— Jackson.

— Mmh ?

— Ça me tue de te demander un service, mais pourras-tu faire passer le message pour que mes repas me soient servis ici ?

— Honnêtement, je sais pas s'ils vont accepter.

— Essaye, au moins, s'il te plaît.

— Je vais aller voir en cuisine. Mais pourquoi tu te fais pas quelque chose ici ? Avec toute la bouffe que les détenus te donnent.

— J'arrive à peine à me tenir debout sans grincer des dents, je doute pouvoir cuisiner quoique ce soit ici.

Je glisse les doigts dans mes cheveux. Endurer la douleur commence à me faire transpirer.

— T'as vraiment mal ?

— Plutôt, oui.

— J'peux te filer quelque chose, si ça reste entre nous.

— Je me passerai de drogue.

— Je comprends.

Il s'assoit au bord de son lit et me regarde.

— J'vais aller à l'infirmerie voir s'ils ont pas quelque chose à te donner et leur dire qu'il faut vérifier ta jambe régulièrement.

— Pourquoi tu ferais ça ?

— C'est pas parce que je te tourmente pour m'amuser que j'vais te laisser crever dans ton coin.

Je hausse les sourcils.

— Et puis, comment je pourrai te faire chier si tu souffres déjà ? me dit-il avec un clin d'œil.

En effet, si on va par là... Je lève les yeux plafond. Il vient s'accroupir à côté de mon lit et examine mon expression éprouvée.

— Les os, ça fait mal.

— Vu combien tu as dû en casser, tu dois le savoir, oui.

— Mais non, je me suis juste pété le genou au foot, plaisante-t-il. Je vais demander à ce qu'on t'apporte un médicament.

— L'infirmière ne viendra pas juste pour moi.

— Elle viendra. J'vais lui casser les couilles jusqu'à ce que cette grosse morue bouge son cul gras.