Chapitre 13

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PDV Léo

Nous marchons à pas lents dans le couloir désert, en direction du réfectoire. Au fond, je sais que je viens de faire le choix le plus risqué. Si Rafael échoue dans sa mission, je ne donne pas cher de ma peau. Pourtant, je me sens soulagé de lui confier ma vie. Il semblerait que je ne sois pas assez fort pour endurer les sévices « légers » de Miller...

— J'aimerais que tu manges quelque chose, me fait Rafael.

— Je n'ai pas faim. Ma gorge est tellement nouée que je ne pourrais rien avaler. Ne me force pas maintenant, s'il te plaît...

— Bien. Ce soir, alors. OK ?

J'acquiesce sans grande conviction.

— En ce qui concerne ton coloc, il te pose problème ?

— Pas vraiment. Je vais bientôt aller en dortoir, de toute façon.

Rafael pose une main sur mon épaule et la glisse dans ma nuque.

— S'il devient compliqué à gérer, dis-le-moi.

— Je ne pense pas que tu veuilles te mettre un sociopathe à dos.

Il sourit d'un air moqueur.

— Ce type est intelligent. Crois-moi, il sait de quoi dépend sa survie. Et lorsque tu seras officiellement sous ma protection...

— Tu ne peux pas faire ça, protesté-je en m'arrêtant face à lui, les autres en profiteraient, c'est ce qu'Elie m'a dit.

Ce rappel à la réalité le contrarie. Après quelques secondes de réflexion...

— Tu vas rejoindre mon gang.

Je le dévisage, abasourdi. Un rire nerveux m'échappe.

— Moi ? Pardon, mais c'est bien l'option la plus ridicule.

— Il n'y a pas que les muscles qui comptent. Un cerveau est toujours le bienvenu, surtout ici. Où est-ce que tu travaillais ?

— Dans le cabinet d'avocats de maître Williams, avec son fils Steven. C'est lui qui a pris la relève après la mort de son père. Il y a plusieurs avocats très connus, c'est un cabinet qui a une grande renommée. Mon père a fait jouer ses relations pour m'y faire entrer. C'est... enfin, c'était un réel privilège, soupiré-je en souriant, fier mais nostalgique.

— Georges Williams ? Le cabinet sur Wall Street ?

— Oui. Malheureusement, Steven m'a expliqué que son père avait été assassiné par un connard qui n'avait pas accepté sa dernière défense. Les gens ne tolèrent la justice que lorsqu'elle va dans leur sens. Quelle perte immense...

L'expression de Rafael se refroidit brusquement.

— Maître Williams a défendu et fait libérer le meurtrier de ma sœur et son amie. Je suis le connard qui l'a tué.

Ces mots me glacent le sang. Mon cœur rate un battement. Non, dites-moi que ce n'est pas vrai... !

— Tu es le secrétaire de Steven Williams ? me demande-il d'une voix sèche.

Son ton menaçant me laisse entendre qu'une seule réponse est admise.

— Léo.

Je déglutis.

— Je... je suis l'associé de son fils...

Son regard noir me transperce, devenu aussi tranchant qu'une lame de rasoir. Je baisse la tête, terriblement honteux de l'avoir insulté. Je n'ose plus ouvrir la bouche. Par ma faute, tout vient de se briser. Notre lien, son affection pour moi...

De roses et d'acier (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant