Mes yeux sont rivés sur le sol de la salle commune. Je remue les pieds sur l'assise devant moi, les fesses posées sur une table. Dans mon dos, Andres joue aux cartes avec Luiz et Da Silva, à défaut de pouvoir aller s'entraîner dehors à cause des averses. Moi, j'attends que le temps passe, l'esprit engorgé de pensées plus bruyantes que le brouhaha des détenus.
Cela fait des mois que Rafael est en quartier haute sécurité, dans le Maine, après avoir passé deux mois à l'isolement entre trois murs sans fenêtres, dans un espace clos de 5m2. Pour lui, voir la lumière extérieure quelques minutes par jour est devenu un luxe. Et tout ça par ma faute. Un vide immense s'est creusé dans ma poitrine. Un néant composé de chagrin, du manque de son amour et d'une culpabilité indescriptible.
Certains disent qu'il a pris deux ans de plus, d'autres sont plus pessimistes. Je n'ose pas imaginer combien d'années il a pris. Le fait que mon ex soit une ordure inqualifiable et qu'il ait survécu in extremis à son attaque lui a certainement épargné une lourde peine. De plus, même si tous les détenus de la prison n'étaient pas présents dans cette salle commune, l'assaut a fait de nombreux blessés et un mort. Avec moins d'une dizaine d'hommes et juste quelques gardiens complices, il a semé la terreur ; mais surtout, grâce à ses relations.
Cette histoire permet aussi à Hamilton de se vanter d'avoir déniché les éléments corrompus. La prison n'a jamais été aussi propre, selon ses mots, et les actionnaires ne manquent pas de l'en féliciter. Et puis, un détenu moins dans une prison en manque de place, on ne va pas s'en plaindre, n'est-ce pas ? Une belle bande d'hypocrites opportunistes.
Glenwood n'est pas une prison normale, c'est un nid à pourritures. Et les pires d'entre elles se trouvent au sommet, tirant les ficelles de nos vies comme si nous n'étions que des pantins. J'en suis même venu à me demander si Hamilton n'était pas au courant des projets de Derek et s'il n'a pas juste fermé les yeux. Je crois que je ne veux pas connaître la réponse.
L'unique point positif à ce drame est que nous sommes bien plus soudés qu'avant. Quand la plus grande menace vient d'en haut, les hommes se rassemblent pour faire face à l'ennemi. Les détenus n'ont jamais été aussi haineux envers les gardiens. Même ceux qui n'ont jamais dévié du droit chemin, tout le monde y passe.
J'enfouis mon visage entre mes paumes et pousse un long soupir torturé. Ne pas avoir de nouvelles de Rafael ni connaître le rallongement de sa peine me ronge un peu plus chaque jour. A quel point souffre-t-il ? Et surtout, à quel point m'en veut-il... ?
Au bip sonore d'ouverture d'une grille, des exclamations s'élèvent. Une poignée de détenus en orange entrent dans la salle, puis une curieuse accalmie retombe. Mon regard s'agrandit et mon sang se fige. Rafael... Rafael est devant nous. Il réintègre Glenwood ?!
Mon rythme cardiaque s'emballe. J'ai l'impression d'être en plein rêve. Pourtant, il est bien là, à se faire accueillir par les autres. Après de longues secondes, je saute de la table, le cœur en liesse. Une vague de bonheur m'irradie dès qu'il pose les yeux sur moi.
— Rafael !
La joie m'illumine. Je m'avance vers lui, mais me stoppe en constatant son expression glaciale. Son regard dévie derrière moi, puis il se dirige vers nous. Sans m'accorder la moindre attention, il me frôle et contourne la table. Andres et Da Silva n'ont pas le temps le saluer, il attrape Luiz par le t-shirt et le projette au sol. Avant même qu'il ne puisse réagir, les poings de Rafael s'abattent sur lui et les coups pleuvent sur ses joues. Je porte une main à ma bouche.
Andres et Da Silva tentent d'intervenir, mais des détenus les écartent. En moins de dix secondes, le visage de Luiz Ramos est méconnaissable. Ses pommettes sont tuméfiées, ses lèvres fendues et ses arcades broyées au-dessus de ses paupières enflées. Sa tête roule de droite à gauche pour finir par s'arrêter sur le côté. La poitrine de Ramos ne bouge plus, son cuir chevelu baigne dans le sang. Un silence pesant plane autour de nous. Je n'ose plus respirer. L'a-t-il... tué ?
Lorsque Rafael se relève, il se braque vers moi. Je me pétrifie sur place. J'arrive à peine à prononcer son nom tant ma gorge est serrée.
— Rafael...
Il s'avance vers moi et je recule jusqu'à buter contre un rebord, puis il me saisit par le col et m'écrase violemment sur la table. L'arrière de mon crâne cogne contre le bois. Il monte au-dessus de moi, un genou posé près de ma hanche, et approche son visage du mien. Son regard noir me transperce.
— J'ai planté un flic pour te sauver, j'ai repris de la taule alors que j'étais libre. Et toi, tu me trahis. Tu t'es bien foutu de ma gueule.
J'ouvre de grands yeux ébahis. Je ne comprends pas, de quoi parle-t-il ?
— Qu'est-ce que tu...
Ses doigts me saisissent par la mâchoire. Je m'agrippe à son bras.
— Ra-Rafael... !
Il me décolle de la table et me jette à terre. Ma respiration se coupe. Il m'empoigne par les cheveux et me redresse face à lui. Je m'accroche à son poignet, les larmes aux yeux et les lèvres tremblantes.
— Je t'en prie, arrête !
Je ne lis plus que la rancœur sur son visage. Ses doigts se crispent autour de mes cheveux et il articule :
— Je regrette le jour où je t'ai rencontré.
On commence fort... MAIS je tiens à en rassurer certains :
❤️ OUI, il y a aura de l'amour, c'est promis ! Mais ce tome n'est pas aussi calme que le précédent en intrigue.
Pour autant, il n'y aura pas davantage de violence !
L'exploration psychologique est plus profonde, plus complexe. L'évolution de chacun va plus loin. 💫
Et surtout : les valeurs transmises dans le tome 1 sont les mêmes dans ce tome, et elles sont plus poussées encore. ☝🏼
Alors accrochez vos ceintures et préparez-vous aux surprises ! Coeurs sur vous 🫶🏻
🦁 : Bonne lecture tout le monde ! Des bisous !
🐺 : Dose l'emballement quand même. "Des bisous"... et pis quoi encore.
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De roses et d'acier (MxM)
Romance🔞Léo Pasquier est un jeune avocat français téméraire et audacieux. Il est victime d'un complot qui le conduit à l'incarcération dans une prison new-yorkaise et se retrouve brisé par ceux qui règnent sur cet enfer. Un homme se démarque toutefois au...