Chapitre 40

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PDV Léo


On me libère deux mois avant la date prévue pour bonne conduite. Du moins, c'est la raison officielle. Merci aux associations d'avoir secoué l'administration. Ce n'est peut-être pas grand-chose pour les gens normaux, mais je vais pouvoir profiter de la fin de l'été et des premières couleurs de l'automne.

— Si tu m'oublies, je viendrai te botter les fesses, même avec les poulets autour.

Je ris aux éclats.

— Encore quelques mois et je te paierai tes bières en vrai, Papi.

— Et à grailler !

J'acquiesce avec plaisir, mais ma joie s'estompe en pensant aux gâteaux et aux petits plats de Rafael, tous ceux auxquels je ne goûterai jamais. Mais je garde le sourire. Aujourd'hui, mes chaînes tombent enfin. Mon excitation est à son comble.

J'enlace Marlock et Robert comme les membres de ma nouvelle et véritable famille, et je tourne les talons en direction du hall d'entrée, l'esprit léger. Vêtu d'une veste de costume marine, d'un jean et d'un tee-shirt blanc Gucci – la tenue que je portais à mon arrivée – je récupère mes papiers, règle quelques formalités administratives, et me dirige vers la sortie.

Malgré l'absence de grillages en sécurité minimale et le nombre d'heures que j'ai passé dehors, je sais que la nature m'apparaîtra plus belle dès que je franchirai symboliquement le seuil. Mon cœur bat plus fort et mes mains se mettent à trembler.

Les portes s'ouvrent sur les rayons du soleil et l'air frais s'engouffre dans mes poumons. Les couleurs du monde n'ont jamais été aussi vives qu'en cet instant.

Une bouffée d'émotions me cloue sur place. J'émets un petit rire ému, incontrôlable, les larmes aux yeux.

Je suis libre.

Libre.

— Léo !

Une voix perce ma bulle. Appuyé contre sa Chevrolet, Steven lève une main dans ma direction pour signaler sa présence. Je le salue à mon tour et marche vers lui. Nous nous étreignons et il me tapote dans le dos.

— Alors, ça fait quoi ?

Je me tourne vers le centre de détention. Un pâle reflet de l'enfer. Le Léo Pasquier d'il y a six ans n'existe plus.

Je me contente de hocher légèrement la tête en silence, un mutisme qu'il respecte. Nous entrons dans sa voiture et je pousse un long soupir lorsqu'il fait vrombir le monteur pour quitter le parking. J'ai encore du mal à réaliser que je suis libre.

Un dernier regard sur Gordon Valley, puis la voiture nous éloigne et s'évanouit dans une forêt dense. Le cauchemar disparait dans la verdure. Je laisse reposer mon crâne contre l'appui-tête et ferme les yeux.

— Heureusement que tes supporters n'ont pas été mis au courant de ta date de sortie, on aurait été submergé, me taquine-t-il. Bon, c'est quoi le programme ?

— Le programme ?

— Oui, à qui tu comptes t'attaquer en premier ?

En effet, la bataille ne fait que commencer. Et vu la liste de gens que je compte faire tomber, elle promet d'être longue.

— Honnêtement, je vais prendre quelques jours pour me promener dans la nature sans réfléchir à rien. Errer dans les rues et entrer dans tous les cafés ou boutiques qui me feront envie. Suivre mes pulsions.

Il ricane.

— Tu comptes faire quoi, niveau professionnel ? Tu vas être innocenté en un rien de temps, maintenant, et vu ta popularité, c'est pas les offres qui vont manquer.

— J'ai déjà accepté une proposition, je l'annoncerai publiquement. Je travaille aussi sur un autre projet personnel.

— Vraiment ?

— Hm. Bon, je vais me mettre toute la police new-yorkaise à dos, mais ce n'est pas comme si j'en avais quelque chose à faire.

— T'as pas perdu ton caractère, en tout cas, se ravit-il. On dirait que le lion va faire des ravages.

— Contrairement à ce que mon entourage voulait me faire croire, mon caractère est ce que j'ai de plus précieux. Et il va mettre le feu aux poudres.

Le travail et la lutte pour la justice sont tout ce que j'ai, désormais. Je m'accoude contre la vitre et laisse mon regard lécher les frondaisons.

— Quand ma propre guerre sera terminée, je la mènerai pour ceux qui n'ont pas d'armes.

 

Le chapitre 41 arrive dans la foulée !


De roses et d'acier (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant