De roses et d'acier (MxM)

Chapitre 28.1

Long chapitre et émotions fortes ! Installez-vous... !

Les jours ont défilé à un rythme bien trop rapide. Je ne les avais encore jamais comptés dans une telle angoisse.

Bien que mis en garde, les nouveaux arrivants sont de plus en plus nombreux à attendre mon départ. La promesse d'une vengeance n'est rien lorsqu'une mine d'or brille sous vos yeux et que vous avez dix ans à tirer dans la misère. Malheureusement, bientôt, le temps s'écoulera en heures. Je sais qu'il a tout perdu et qu'il a sombré en pleine dépression. Mais je dois le sortir de cette léthargie avant de partir, faire renaître les flammes, quitte à le heurter. Où c'est à la morgue que je le retrouverai.

Je ne suis pas doué pour gérer un couple. Peut-être est-ce pour cette raison que ma tendresse ne l'a pas aidé, mais je sais, en revanche, comment ramener quelqu'un à la réalité après une perte ou un choc.

En prison, la faiblesse doit être chassée au plus vite si l'on veut survivre, qu'importe la méthode. Mes compagnons l'ont fait pour moi et je l'ai fait pour eux, par la suite. Sans leur soutien, je serais déjà mort. Mon unique crainte est d'aggraver la situation. Léo a une sensibilité différente de la nôtre et je suis la seule personne qui lui reste. Je n'ose pas imaginer son état si notre lien se fissurait...

À mon grand malheur, n'ayant eu aucun modèle sain dans ma vie, j'ai toujours été mauvais en relations humaines ; pire encore en amour. Je me demande parfois comment il a pu tomber amoureux de moi. Je sais d'avance que, ce soir, je vais lui faire du mal, mais les lois de la survie entre ces murs ne sont pas celles du monde extérieur. Ce sera quitte ou double. Je prie pour ne pas échouer...

Au dîner, et parce que je lui porte presque le poignet à la bouche, Léo accepte d'avaler quelques cuillérées de purée. Lui qui avait maigri à son arrivée, en deux semaines, il a encore perdu du poids.

À table, Luiz garde ses distances et Andres compatit à l'épreuve que nous traversons en grognant toutes les trois minutes dans un bruyant soupir. Un ronchon tel que lui ne peut exprimer son anxiété qu'à travers ce moyen. Puisque nous n'avons aucune option pour nous retrouver seuls, je prévois d'aller m'isoler avec Léo dans la salle de bain après la dernière vague de détenus.

Comme chaque jour depuis deux semaines, il me laisse le guider sans broncher et m'emboîte le pas jusque dans la salle d'eau. Mon niveau de stress grimpe en flèche dès lors qu'il commence à retirer ses vêtements pour aller se doucher au calme. Je prends une longue inspiration, puis pars me planter devant lui. Surpris de me voir encore habillé alors que lui est déjà nu, il me dévisage un instant puis attrape sa serviette pour se diriger vers une cabine.

Je le saisis par le bras.

— Léo, je m'en vais dans vingt-quatre heures.

Sa mâchoire se crispe légèrement.

— Tu comptes les laisser te tabasser ? Parce que c'est ce qu'ils vont faire dès que je ne serai plus là.

Le silence, toujours cet horrible silence...

— Putain, dis quelque chose !

Son visage se referme, il tourne la tête. Mes doigts se resserrent autour de son biceps.

— Ne m'y oblige pas... je t'en supplie...

Il me jette un œil suspicieux en coin, puis tire sur son bras.

— Lâche-moi.

— Oh non, crois-moi, je ne te lâcherai pas avant de t'avoir fait revenir. Et... pardonne-moi d'avance pour ça.